La Terre est devenue, jusqu'en son cœur, un objet de consommation
Nicolas Baverez, énarque, normalien, essayiste et journaliste, nous l'a révélé, hier, sur les ondes de Radio-France : "le capitalisme est universel". On s'en doutait un peu. La Déclaration des Droits de l'homme l'étant aussi, nous ne sommes plus loin de croire que le capitalisme fait à ses yeux, partie des Droits de l'homme...
Dès lors qu'il n'y a, sur Terre, aucune alternative connue au capitalisme, peut-être faut-il reconnaitre, en effet, à notre grand dam, que... le capitalisme est universel. Du reste, le capitalisme et le communisme n'ont-ils pas fait, en Chine, un mariage de raison qui a fusionné l'un et son contraire ? L'universel prix Nobel de la paix n'y fera rien : le commerce international n'a que faire du sort de Liu Xiaobo.
Que disons-nous là ? Staline, en 1948, ne s'était pas opposé à la ratification de la Déclaration universelle, aux côtés des pays capitalistes (L'URSS, comme l'Union sud africaine de l'apartheid, comme l'Arabie saoudite riche et si démocratique, parmi 10 pays "exemplaires", sur les 58 États-membres de la toute nouvelle ONU, s'était... abstenue). Universel signifiait alors : unanimes pour accepter ce qui ne fait pas vraiment discussion (puisque ce n'était pas contraignant). Capitalisme et communisme, déjà, s'entendaient dans un mensonge... universel.
62 ans plus tard, ce qui est, à l'évidence, universel, c'est le mépris pour les Droits de l'homme. Universel veut dire qui nous concerne tous, et ce qui nous concerne tous, c'est la domination irréversible, irrésistible, indiscutable, intouchable, inévitable du capitalisme. C'est le conditionnement intellectuel et culturel qui interdit d'échapper à cette doxa selon laquelle c'est à chacun de se faire sa place au soleil, fut-ce au détriment d'autrui...
Le pays des Droits de l'Homme (ainsi appelait-on la France) est condamné par l'opinion internationale à cause de l'état de nos prisons et surtout de l'état des prisonniers qui en ressortent. On en parlera ce week-end des 11 et 12 décembre 2010, à Lyon, mais comme souvent, et désespérément, les meilleurs diagnostics et les plus nécessaires exigences resteront dans des dossiers que le Gouvernement interdira d'ouvrir.
Avec ou sans embonpoint, le tout est de masquer les apparences...
L'Universel débat sur le changement climatique se termine, aujourd'hui, à Cancun, au Mexique. On y considérera peut-être comme une victoire de ne pas avoir aboli le protocole de Kyoto. On se gardera bien de faire ressurgir toutes les espérances qui, à Copenhague, avaient été violemment déçues. L'avons-nous enfin compris : le capitalisme est universel bien plus encore que ne l'est le bouleversement climatique dû à l'activité humaine, (ce qu'Allègre et consorts ne peuvent plus nier). En conséquence, majorité républicaine aux USA oblige, et domination capitaliste généralisée s'imposant, on attendra que Gaïa se réveille, que Biogée se fâche, que l'horreur déferle pour tenir... une énième conférence mondiale qui ne pourra rien faire tant que les peuples ne s'en mêleront pas (et ils n'interviendront que s'ils souffrent et sont terrifiés).Les Droits de l'Homme ne sont pas un simple habillage politique. Sous le vêtement de mots, de textes et de principes philosophiques, il y a la chair des hommes, de plus en plus nombreux et de plus en plus privés de ces droits qui leur sont abstraitement accordés. Il n'est donc d'autre cause à défendre que celle, universelle, de ces habitants de notre planète rendue inhospitalière non d'abord par le déferlement des forces de la nature, mais par l'irresponsabilité de ceux qui n'y recherchent que leur pouvoir sur les autres et leurs profits, quoi qu'il en coûte à leurs semblables.
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