Jean-François Coffin, dans Médiapart, constate qu'il n'y a pas grand chose à espérer dans le contexte politique actuel. Du coup, contrairement à Stéphane Hessel, il refuse de s'indigner. Les mots, encore les mots sont devenus impuissants. C'est... son message de Noël, un message révélateur d'une désespérance croissante.
Stéphane Hessel agace Jean-François Coffin parce qu'il donne à penser qu'on peut encore agir, y compris avec des mots. Que fait d'autre ? Jean-François Coffin s'indigne qu'on pense qu'il suffise de s'indigner ?
Il faut lire ce cri paru sur Médiapart. Nous le reproduisons. Mais il faut le contester ! Il est ambigu. Remplacer "Indignez vous" par "Résignez vous" (car cela revient à ça), n'est pas lucide mais destructeur. Stéphane Hessel préfère mourir debout. Il n'est pas naïf et il a raison ! On ne peut lui reprocher de vouloir mobiliser les énergies. Est-ce avec un livre qu'on le peut ? Est-ce avec ce message-là qu'on y parviendra ? C'est une autre question. Du reste nul n'est obligé de lire Stéphane Hessel...
Résistances et Changements cherche les voies qui font sortir de cette nuit politique où tout est "devenu possible" y compris le pire. Mais le pire n'est pas sûr et le penser, c'est la mort ! Se suicider, c'est exactement ce qu'espèrent ceux qu'exaspère notre volonté de changement !
À moins de se réfugier, à 10 000 kilomètres d'ici, sur l'îlot océanien de la République acratique de M'Tsamboro. Fuir ou désespérer, c'est toujours renoncer. Ce n'est pas notre choix.
http://www.republiqueacratique.org/default.html
Indignez-vous... et après?
Nous sommes quotidiennement des milliers à nous indigner sur Médiapart et ailleurs.
Nous sommes quotidiennement des milliers à penser, écrire, échanger à partir d'une actualité qui déborde de motifs d'indignation.
Nous sommes jour après jour des milliers à nous interroger sur le sens même de la révolte, de l'indignation.
Nous assistons à la déliquescence de tout ce qui pouvait à un moment donné, il n'y a pas très longtemps encore, apporter l'espoir d'un changement, d'une rénovation des pensées et des actions politiques.
Il ne nous a pas fallu attendre Stéphane Hessel pour témoigner de nos indignations, pour rendre compte de nos petites expériences de vie qui valent, conjointes, celles d'un seul homme.
Nous sommes tous des citoyens éclairés, attentifs au monde, soucieux de maintenir en veille notre pensée, notre volonté de comprendre, nos espoirs de pouvoir un jour témoigner d'un changement dont la perspective s'éloigne jour après jour.
Comme les générations précédentes, nous sommes conviés à faire le deuil de possibles devenus illusions au gré de la volonté d'une minorité soucieuse de continuer à partager seule les fruits du cynisme et de cette « barbarie douce » à laquelle nous ne nous sommes que partiellement accoutumés comme en témoignent nos échanges.
Je n'achèterai pas le livre de Stéphane Hessel.
Je refuse comme lui la fatalité en faisant l'hypothèse que de cet horizon des possibles que certains s'emploient à obstruer, surgira autant d'évènements improbables et imprévus que par le passé. La fin de l'histoire, grande ou petite, n'est pas pour demain. Le pire est déjà présent, la volonté partagée par quelques uns de nous dénier le droit de penser l'avenir avec l'espoir d'un changement social, d'une modification des règles du jeu d'un monde qui menace de s'effondrer, un monde dont les déchets menacent l'avenir.
Le poids du négatif devient de plus en plus insupportable au quotidien.
C'est le règne du « ne pas », de l'interdit, de l'impossible, du « pas possible », du pas souhaitable, pas raisonnable.... autant de projets impossibles, de désirs entravés, d'alternatives disqualifiées, de renoncements imposés, de dynamiques collectives contrariées, sabotées, humiliées par des pouvoirs de plus en plus réduits mais de plus en plus puissants, de plus en plus solidaires.
Alors « indignez-vous »,.... et après ?
Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran
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