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mardi 28 décembre 2010

Les faux choix



Il n'est question, désormais, que de l'élection de 2012 et des chances de Nicolas Sarkozy de reconquérir l'opinion ! Mais, déjà, les médias ne s'en tiennent qu'à trois acteurs, ceux qui pourraient trouver dans les urnes de quoi figurer au second tour : le sortant, DSK, et Marine Le Pen la-fille-de-son-père, celui qui, troubla le jeu en 2002. Les autres n'existent guère.

Car la messe est dite : seuls les tenants du système économico-politique établi sont crédibles ! Ce qui peut perturber le choix entre le capitalisme libéral et le social capitalisme, c'est... le nationalisme. L'ingrédient qui peut saler la soupe occidentale, en France, c'est la dose de mondialisation.

Sarkozy en veut moins que DSK par opportunisme politicien : les Français regimbent quand on veut leur faire accroire que l'économie française ne dépend plus que de "l'étranger". Dans toute l'Europe, la résistance à une politique qui échapperait définitivement aux États-nations peut interdire le succès de celui qui ne ferait pas semblant d'être le champion de la cause nationale.

DSK est censé représenter la compétence financière internationale dont la France a besoin. L'impopularité de l'actuel Président aidant, et la fonction d'alternance structurelle du PS font le reste. Coureur de jupons ou pas, proche des milieux sionistes ou non, DSK ne déplait pas et il fait actuellement figure de favori.

Quant à Marine Le Pen, elle n'a qu'une carte a jouer mais quelle carte : elle peut utiliser 10 à 20% de l'électorat pour faire ou défaire un roi ! Son aversion pour celui qui a pillé le nid frontiste lui fera-t-elle choisir de laisser passer le prétendu socialiste pour attendre son tour quand DSK aura lui aussi déçu ?



Tel est le jeu politicien auquel se livreront les commentateurs, analystes et fabricants de sondages. Et sauf événement nouveau, nous n'en sortirons pas au point que la foule des aspirants à la candidature préférée des Français n'auront plus que des miettes à ramasser qui iront rejoindre, in fine, les creusets de "gauche" et de "droite" où se fondent les voix, lors de la confrontation finale.

Sauf que plusieurs éléments ne se fondront pas dans la soupe et que la température du breuvage à faire avaler aux citoyens pourrait bien s'élever de plusieurs degrés !

Quels éléments :
• le doute des électeurs sur l'opportunité d'attendre un changement de cette situation sans issue (2007 a été le dernier mensonge avalé par ceux qui espéraient profiter avec les profiteurs !).
• la probabilité d'une nouvelle flambée de la crise économique et financière, les mêmes causes produisant les mêmes effets (mais là, nul ne sait quand les nouvelles "bulles" vont crever !).
• les manifestations surtout d'un désordre écologique aux effets lents mais surpuissants qui peuvent bouleverser toutes les donnes politiques (compte tenu des conséquences planétaires climatiques et énergétiques des économies "libres", c'est-à-dire s'interdisant toute limite).

http://www.grain.org/front_files/global-landgrab-es.jpg

Qu'est-ce qui rendrait la température de la boisson politique trop chaude, la rendant imbuvable :
• les Français ont une revanche sociale à prendre et le camouflet de la politique des retraites peut se payer. (Il est impossible de croire que toutes ces actions de masse n'auront eu aucun effet !)
• la rigueur sélective infligée, dans toute l'Europe, aux plus modestes des citoyens, peut déboucher sur une véritable "jacquerie" moderne avec, de surcroît, au printemps, une manifestation d'internationalisme inédite. (L'Europe est en péril et elle n'en sortira pas sans un moins ou un plus d'Europe politique)
• le mouvement écologiste, qui ne cesse d'hésiter entre le réalisme des alliances et l'autonomie de la nouveauté radicale, peut servir de refuge aux insatisfactions avant de devenir, une bonne fois, une alternative crédible. (Les Verts et Europe-Écologie ne sont que des formes qui ne peuvent contenir ce mouvement dans toute son ampleur : des décroissants jusqu'aux "écosophes" de toutes obédiences !).

Il est irritant de constater qu'on ne peut sortir du port où tout s'enflamme sous prétexte que la mer est démontée. Il faut choisir entre les risques. L'élection de 2012 est un leurre, une fascination qui détourne notre regard du paysage dans sa globalité. Pendant ce temps, on oublie que le capitalisme n'est pas éternel, que la dissuasion nucléaire continue de menacer la Terre autant que le "terrorisme", que la contradiction entre la société de surveillance policière et la société de tolérance financière va faire exploser la société civile...

Il est temps d'échapper aux faux choix.


Entre être un homme et être un porc, il faut choisir...


Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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