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mercredi 6 octobre 2010

Mieux vaut éclater de rire avant d'éclater de colère

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Jérôme Kerviel est mort. La Société Générale l'a tué. Il était la victime désignée. Son crime est d'avoir fait ce qu'on l'avait laissé faire. Il paiera encore mille ans après son décès et celui... de la Société Générale ! Ce jugement imbécile est tout sauf juste.

Il ne faut pas discuter la chose jugée, paraît-il. La presse ne s'en prive pourtant pas et elle a raison ! Quand on inflige 150 ans de prison à Bernard Madoff, on sait que cela n'a aucun sens. La condamnation à perpétuité (+ x années...) devrait faire éclater de rire, tant le ridicule est énorme. En fait, on peut déplorer ("pleurer à propos de..." dit Le Robert) cette incapacité des juges à juger. Quand on prétend qu'un individu peut devoir 4,9 millards d'euros à une banque, on se livre à une provocation. "Je te condamne à l'impossible". Pour un peu, on chanterait les louanges de ces juges qui, à l'inverse de ce qui apparait, cherchent, peut-être, à prouver, par l'absurde, qu'on ne peut imputer à un homme seul autant de malfaisance.

Blanchir la banque, en l'occurrence, c'est blanchir un argent plus sale que ne l'est celui des trafiquants de drogues : l'argent facile qui s'accumule, par le biais de traders qui ont comme métier de l'amasser, est un argent qui pue. Jérôme Kerviel est coupable autant, mais pas plus, que ceux qui, soit n'ont pas voulu voir, soit ont encouragé, soit ont ignoré les frasques mathématico-monétaires du jeune homme !

S'il est des leçons à tirer de cette tragi-comédie :
C'est que : "ce pelé, ce galeux d'où nous vient tout le mal" n'est certes pas l'âne de La Fontaine, mais ce n'est pas non plus un fauve royal, ce n'est qu'un petit chacal suivant des tigres pour effectuer, sur ordre, leurs basses besognes et s'emplir la panse au passage.
C'est que : ce qui est puni n'est pas la malversation mais l'échec !
C'est que : la justice est une justice qu'on eut, jadis, dit "de classe" et qui, surtout, applique des lois faites pour que jamais ne soient trouvés les responsables des plus grands drames financiers.
C'est que : l'invraisemblable, l'incommensurable bêtise de ce jugement ne fasse pas se lever tout le pays pour déchirer d'un éclat de rire cet acte privé du plus petit bon sens !


"Vous en tirez pour 170 000 ans, jeune homme "

À combien de milliards d'euros de dommages et "intérêts" va-t-on condamner ceux qui mis un pays entier en faillite ou ont installé des peuples dans la misère ? À combien d'années de prison faudrait-il condamner les Bush, père et fils, pour solder leurs erreurs criminelles en Irak ? Ne cherchons pas à effectuer des comptabilités sordides. Un homme n'a que des dizaines d'années de vie devant lui et, en général, quelques centaines de milliers d'euros devant lui, quand il est riche. On ne t'enlèvera pas plus que tu n'as est pure évidence. Sortir de cette logique ne conduit que vers l'inhumain. Jérôme Kerviel, ce talentueux filou était au service du Veau d'Or. Il l'a chauffé jusqu'à lui fondre le socle. Tant pis pour ceux qui lui ont confié le chalumeau.


Si le Veau d'Or est toujours debout, c'est parce que les esclaves le tirent

Suite dérisoire : la Société Générale, dans un élan de générosité et d'humanité touchant, fait savoir, dès le lendemain du jugement, que Jérôme Kerviel, bien sûr, ne pourra tout payer, qu'on peut négocier des aménagements, bref que l'essentiel n'est pas ce qu'il reversera mais qu'il soit coupable, lui, et pas la Banque ! La Société Générale aurait-elle aussi la volonté d'empêcher que le film et le livre qui traitent de "l'affaire Kerviel", et contiennent peut-être d'autres éclairages, ne sortent, au plus mauvais moment...? Quant aux juristes, ils expliquent, sans le moindre humour, que la Justice s'exerce dans le cadre de lois qui ne peuvent s'interpréter autrement : tout le préjudice subi doit être remboursé... Eh bien donc...

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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