La jeunesse est dans la rue.
Sarkozy n'est pas foutu.
La "jeunesse" existe-t-elle en elle-même, du reste, ou n'est-t-elle que notre propre humanité en son temps de plein épanouissement ? Les jeunes sont des vieux en puissance et sont bien fondés à s'intéresser à tous les âges de l'existence.
Ce serait trop simple ! Et du reste injuste ! Encore une fois Sarkozy est le symbole d'une politique. Il ne suffirait pas qu'il recule, voire qu'il s'efface, pour que la politique qu'il sert disparaisse. Et puis, une fois encore, dépersonnalisons la vie politique. C'est le mal profond de la société française, enfermée dans des institutions structurellement antidémocratiques.
Ce qui mérite l'attention, c'est la signification politique de l'émergence des jeunes dans le débat public. Il ne s'agit nullement d'un engagement politicien. Ce n'est jamais le cas quand la jeunesse manifeste. C'est, le plus souvent, l'expression angoissée de ceux qui ne voient plus de quoi leur avenir sera fait. Le feu couve des années durant puis, tout à coup, il jaillit.
Car il y a motifs à s'inquiéter quand on a de 15 à 25 ans ! Travail incertain, formation ou pas, voire impossible dans certains quartiers des villes, logement trop cher et manquant, tant pour les étudiants que pour les jeunes ménages, menaces écologiques auxquelles les jeunes sont beaucoup plus sensibles que leurs ainés, absence d'alternative politique heureuse. Bref, horizon bouché ! Pour sortir de cette incertitude, de cette impasse ou de cette désespérance pour certains, il faut bouger et parfois même avant de savoir comment et avec qui bouger ! Le pire étant, un matin, de continuer à laisser faire, de se résigner.
Les adultes ne peuvent ni donner des leçons aux jeunes, ni passer à côté d'eux. Comprendre est le plus difficile et le plus nécessaire. Le tumulte sans violence, voire la violence, elle-même c'est de l'énergie incomprimable, et rien n'est plus urgent que d'en rechercher les causes secrètes. Les causes évidentes sont connues : nous les citons plus haut. Les causes secrètes appartiennent au mystère de l'évolution des sociétés humaines et, on l'a vu en maintes circonstances, les organisations, enfermées dans leurs convictions et leurs savoirs, ne les voient pas toutes venir. Ce fut flagrant en mai 1968 ou en 1995, mais jamais de tels événements ne se répètent. Ils prennent d'autres formes.
Ce qui nous semble préoccupant, c'est que les motivations, au sein de la jeunesse, convergent mais ne sont pas du tout les mêmes. Entre ne savoir quel sera son avenir et savoir qu'on n'a aucun avenir devant soi, il y a un abîme. Se retrouver au fond du trou et avoir peur d'y tomber ne conduit pas aux mêmes actions et réactions. Les uns protestent véhémentement. D'autres cassent désespérément.
Depuis des années, après ce qu'on a appelé "les émeutes des banlieues", on a attendu des réponses de la société politique. En vain. La répression seule n'a jamais permis de contenir une rage, une "haine", une colère, souvent justifiées, bien qu'inacceptables dans leurs effets sur les voisinages innocents, eux-mêmes touchés par la précarité permanente.
Il y a risque de voir atteinte "la masse critique" et pas seulement par le nombre des manifestants jeunes, mais par le rapprochement d'énergies pas toujours orientées dans le même sens. La police et les autorités politiques en prennent conscience. La décision du préfet de Paris d'inviter à ne pas faire usage du flashball en est le signe. On ne réprime pas les jeunes en masse comme les jeunes en groupes dispersés. Quant discriminer entre les lycéens et les "casseurs" comme on dit, vient un moment où cela devient très difficile.
Oui, les jeunes nous tiennent parce qu'ils obligent à prendre en compte la revendication supplémentaire, la revendication des revendications : "que faites-vous de nos vies ? Sortez-nous de là ! Cessez de supporter qu'on ait moins de perspectives d'avenir que vous ! La retraite c'est l'aboutissement de toute une vie; ce n'est pas la fin du processus d'emploi qu'il faut regarder, c'est ce qu'est, ce que sera le travail, tout au long de nos existences." Tout est dit. Et une fois encore, les jeunes se mêlent de ce qui les regarde au premier chef.
Toute autre tentative d'explication, qu'elle vienne de droite (les jeunes sont "instrumentalisés), ou qu'elle vienne ... d'ailleurs (attention aux casseurs) ne rend pas compte de ce qui motive et les justes revendications et les excès. Pour "casser la casse" et faire face aux désespoirs, ce n'est pas par la brutalité policière qu'on y parviendra mais par une justice tout autre que la Justice des tribunaux.
Sauf à entrer dans une société du partage effectif, nous n'échapperions pas à une violence que nourrirait la dynamique des jeunes générations.
Ce qui mérite l'attention, c'est la signification politique de l'émergence des jeunes dans le débat public. Il ne s'agit nullement d'un engagement politicien. Ce n'est jamais le cas quand la jeunesse manifeste. C'est, le plus souvent, l'expression angoissée de ceux qui ne voient plus de quoi leur avenir sera fait. Le feu couve des années durant puis, tout à coup, il jaillit.
Car il y a motifs à s'inquiéter quand on a de 15 à 25 ans ! Travail incertain, formation ou pas, voire impossible dans certains quartiers des villes, logement trop cher et manquant, tant pour les étudiants que pour les jeunes ménages, menaces écologiques auxquelles les jeunes sont beaucoup plus sensibles que leurs ainés, absence d'alternative politique heureuse. Bref, horizon bouché ! Pour sortir de cette incertitude, de cette impasse ou de cette désespérance pour certains, il faut bouger et parfois même avant de savoir comment et avec qui bouger ! Le pire étant, un matin, de continuer à laisser faire, de se résigner.
Les adultes ne peuvent ni donner des leçons aux jeunes, ni passer à côté d'eux. Comprendre est le plus difficile et le plus nécessaire. Le tumulte sans violence, voire la violence, elle-même c'est de l'énergie incomprimable, et rien n'est plus urgent que d'en rechercher les causes secrètes. Les causes évidentes sont connues : nous les citons plus haut. Les causes secrètes appartiennent au mystère de l'évolution des sociétés humaines et, on l'a vu en maintes circonstances, les organisations, enfermées dans leurs convictions et leurs savoirs, ne les voient pas toutes venir. Ce fut flagrant en mai 1968 ou en 1995, mais jamais de tels événements ne se répètent. Ils prennent d'autres formes.
Ce qui nous semble préoccupant, c'est que les motivations, au sein de la jeunesse, convergent mais ne sont pas du tout les mêmes. Entre ne savoir quel sera son avenir et savoir qu'on n'a aucun avenir devant soi, il y a un abîme. Se retrouver au fond du trou et avoir peur d'y tomber ne conduit pas aux mêmes actions et réactions. Les uns protestent véhémentement. D'autres cassent désespérément.
Depuis des années, après ce qu'on a appelé "les émeutes des banlieues", on a attendu des réponses de la société politique. En vain. La répression seule n'a jamais permis de contenir une rage, une "haine", une colère, souvent justifiées, bien qu'inacceptables dans leurs effets sur les voisinages innocents, eux-mêmes touchés par la précarité permanente.
Il y a risque de voir atteinte "la masse critique" et pas seulement par le nombre des manifestants jeunes, mais par le rapprochement d'énergies pas toujours orientées dans le même sens. La police et les autorités politiques en prennent conscience. La décision du préfet de Paris d'inviter à ne pas faire usage du flashball en est le signe. On ne réprime pas les jeunes en masse comme les jeunes en groupes dispersés. Quant discriminer entre les lycéens et les "casseurs" comme on dit, vient un moment où cela devient très difficile.
Oui, les jeunes nous tiennent parce qu'ils obligent à prendre en compte la revendication supplémentaire, la revendication des revendications : "que faites-vous de nos vies ? Sortez-nous de là ! Cessez de supporter qu'on ait moins de perspectives d'avenir que vous ! La retraite c'est l'aboutissement de toute une vie; ce n'est pas la fin du processus d'emploi qu'il faut regarder, c'est ce qu'est, ce que sera le travail, tout au long de nos existences." Tout est dit. Et une fois encore, les jeunes se mêlent de ce qui les regarde au premier chef.
Toute autre tentative d'explication, qu'elle vienne de droite (les jeunes sont "instrumentalisés), ou qu'elle vienne ... d'ailleurs (attention aux casseurs) ne rend pas compte de ce qui motive et les justes revendications et les excès. Pour "casser la casse" et faire face aux désespoirs, ce n'est pas par la brutalité policière qu'on y parviendra mais par une justice tout autre que la Justice des tribunaux.
Sauf à entrer dans une société du partage effectif, nous n'échapperions pas à une violence que nourrirait la dynamique des jeunes générations.
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