Vaclav Havel vient de mourir. Il s'éloigne avant d'avoir vu s'accomplir le complément de l'effondrement du capitalisme d'État : la fin du capitalisme mondialisé, dominé par des marchés ayant fait du profit une idole.
Nous retiendrons de Vaclav Havel que les droits de l'homme peuvent s'affirmer face à une politique de fer. Ce fut un "indigné" avant l'heure.
Nous retiendrons aussi que le pouvoir peut s'exercer sans avoir été recherché et quitté sans drame.
Nous retiendrons que, selon lui, la partition de la Tchécoslovaquie fut une erreur mais qu'il a respecté la volonté populaire exprimée de façon claire et libre.
Nous retiendrons qu'il affirma : "la façon dont sont traités les Tsiganes représente le vrai test, non seulement pour une démocratie mais d'abord pour une société civile».
Nous retiendrons, enfin, que le nom de Vaclav Havel restera, pour tous les Tchèques et pour beaucoup d'Européens, celui d'un philosophe et d'un artiste dont la pensée était assez forte pour ne rien céder (il fut 5 ans emprisonné !) et surtout pour mobiliser des forces capables de changer la société et de la faire évoluer vers une réelle démocratie.
Vaclav Havel reste vivant parmi nous.
Un texte de 2002 (extrait)!
Gorbatchev et Havel, ou la relativité du temps
Jour après jour, pratiquement sous nos yeux, en direct, tel un spectacle, le monde évolue. A une telle vitesse qu'on ne prend plus guère le temps de se retourner sur le passé, même récent. Est-ce un bien, est-ce un mal? Qu'importe... L'essentiel n'est-il pas, bien souvent, de savoir relativiser ?
Car, après tout, qu'y a-t-il d'absolu? Ainsi, un lundi, alors que l'ensemble des quotidiens en faisait abstraction, l'agence de presse tchèque, la CTK, faisait, elle, paraître un communiqué rappelant qu'il y a de cela quinze ans, du 9 au 11 avril 1987, le secrétaire général du Comité central du parti communiste de l'Union soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, était en visite à Prague. Mais alors que Moscou baignait dans une atmosphère de perestroïka naissante et que la politique de la glasnost se mettait en place, la venue du numéro un soviétique ne répondit aucunement à l'attente sourde mais palpable du peuple tchécoslovaque de voir Gorbatchev s'exprimer sur les événements qui avaient ensanglanté le pays en 1968, puis posés une chape de plomb sur son avenir.
Mais ce sont quand même bien les réformes de Gorbatchev qui, pour partie non négligeable, entraînèrent l'effondrement des régimes communistes en Europe. En 1990, pour avoir mis fin, l'année précédente, avec le président américain George Bush, à la Guerre froide, il reçut le prix Nobel de la paix. En 1999, il revint de nouveau à Prague où, en compagnie d'autres personnalités politiques de la fin des années 80, il se vit remettre par le président Havel la plus haute distinction honorifique qui soit en Tchéquie, l'Ordre du lion blanc.
Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran
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