samedi 19 février 2011

Droits de l'Homme et Globalisation.


Pour tous les économistes, l’économie mondiale est dans une phase dite de globalisation. Globalisation plutôt que de mondialisation, processus ancien, qui a pris son essor il y a de nombreux siècles au moment de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb.



Même s’il est un anglicisme, le mot globalisation désigne, avec plus de précisions, les phénomènes qui régissent les échanges économiques mondiaux et signifie l’intégration des productions, l’interconnexion des marchés de biens et de services, les marchés financiers au plan mondial et, aussi, l’effacement progressif des frontières nationales.


Avant d’aller plus avant, il est essentiel de bien comprendre le fonctionnement du système et il n’est donc pas inutile de rappeler le sens du mot : « système économique basé sur la propriété privée des moyens de production et structuré en vue de maximiser les profits ».


C’est Adam Smith, économiste anglais (1723-1790), qui a posé les bases du système actuel et qui est considéré comme le père de l'école libérale. Il a inventé le concept de « main invisible », et donné un rôle central au marché dans le fonctionnement de l’économie, en affirmant, d'une part, que la recherche de l'intérêt individuel est le plus sûr moyen d'accroître la richesse des nations et, d'autre part, que le rôle de l'État doit être strictement limité.


Dans son livre « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations » Adam Smith décrit comment, par la recherche de l'intérêt, du profit individuel et par les mécanismes du marché, chaque citoyen s'enrichit :

« … Ce n'est que dans la vue d'un profit qu'un homme emploie son capital. Il tâchera toujours d'employer son capital dans le genre d'activité dont le produit lui permettra d'espérer gagner le plus d'argent… À la vérité, son intention, en général, n'est pas en cela de servir l'intérêt public, et il ne sait même pas jusqu'à quel point il peut être utile à la société. En préférant le succès de l'industrie nationale à celui de l'industrie étrangère, il ne pense qu'à se donner personnellement une plus grande sûreté ; et en dirigeant cette industrie de manière que son produit ait le plus de valeur possible, il ne pense qu'à son propre gain ; en cela, il est conduit par une main invisible… »


http://www.gho-englisch.de/Courses/2005-2006/En-12/Globalisation/globalization2.gif


C'est une façon d’affirmer que l'État n'a pas à intervenir dans la vie économique et que chaque acteur économique cherche naturellement les moyens de s'enrichir personnellement. L'expression la main invisible synthétise, alors, l’idéologie qui fait du marché l'unique régulateur de l'ensemble de la vie économique.


La globalisation est la conséquence des égarements et de la gloutonnerie du système capitaliste, dans sa version néo-américaine, fondée sur la réussite individuelle, définie par Adam Smith, amplifiée par les théories de F. Hayek et de L. Von Mises, tous deux chantres du néo-libéralisme de M. Thatcher, R. Reagan, G. Bush et maintenant de N. Sarkozy. Elle déclenche un appétit démesuré de profits financiers à court terme.


Les exactions commises au nom de ce catéchisme sont nombreuses : conquête et vol de territoires, esclavage, colonisation, conversion religieuse forcée, pillage des ressources naturelles, barbarie européenne, génocides, corruption, etc. Ce capitalisme contemporain ne peut avoir pour postulat que l’exploitation du travail des uns au profit d’une minorité de privilégiés et il est évident que le concept théorique de ce système économique mondial, arc-bouté sur la réussite individuelle d’une oligarchie, est un dangereux générateur d’inégalités et d’injustices.


Ce tragique constat de l’aggravation considérable des inégalités et des injustices s’oppose à l’article premier de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948 (DUDH), pourtant ratifiée par l’ensemble des nations mondiales.


« Tous les êtres humains naissent et demeurent libres et égaux en dignité et en droits. »


Ce premier article est la charpente de cette déclaration, tous les autres en dépendent et le non respect de celui-ci rend inapplicable la DUDH.



En amplifiant les inégalités et les injustices à l’échelle mondiale, la globalisation, rejeton du capitalisme néolibéral, est opposée au respect des Droits de l’Homme.


D’aucuns veulent réfléchir sur la relation entre la globalisation et les droits de l’Homme, sans convoquer le capitalisme néolibéral. Cette posture est intenable car, dans sa forme actuelle, ce capitalisme est le fossoyeur des droits de l’Homme.


D’ailleurs, cette affirmation pose une question fondamentale : est-il possible de faire évoluer le capitalisme vers un système économique de partage et de solidarité ?


Par son essence même, l’individualisme, aujourd’hui exacerbé, le capitalisme ne peut pas se réformer pour tendre à un système d’interdépendance fraternel, sauf à s’autodétruire, mais alors, là, ce ne serait plus le capitalisme...



Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

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