mercredi 4 août 2010

Les deux lectures du discours de Nicolas Sarkozy, le 31 juillet 2010, à Grenoble.

La première lecture, évidente, est celle de de la droitisation maximale du Président qui, sentant que son électorat se délite, réendosse son uniforme de super-flic pour ratisser sur les terres du Front National, comme lors de la dernière élection présidentielle.

Ce faisant, il manque de prudence car il n’est pas certain que se servir de grosses ficelles donne les mêmes résultats. On peut berner l’électeur une fois mais peut être pas plusieurs. De plus, il joue avec le feu car la France de 2010 n’est plus celle de 2007, la détérioration économique a laissé des traces et la recherche de boucs émissaires pourrait donner de mauvaises idées à certains jusqu'à dresser une partie de France contre l’autre.

L’autre lecture est celle d'un discours à destination de l’industrie de pointe mondiale et des chercheurs internationaux. En effet, Grenoble est, depuis des décennies, la mère de toutes les technopoles, une des composantes majeures de la Silicon Valley européenne.

C’est la ville où l’on invente les moyens les plus sophistiqués pour surveiller l’ensemble de la population, vidéosurveillance « intelligente » à reconnaissance faciale, RFID de taille nanométrique, logiciels dédiés aux manipulations du cerveau, etc.


C’est la ville où l’on a implanté à coup de milliards d’euros le MINATEC (campus d’innovation pour les micros et les nanotechnologies) et où se sont installés plus de 2500 chercheurs étrangers et leurs familles


Le site internet de la ville l'affirme :

« Grenoble est l'un des territoires les plus innovants de France grâce à son modèle de développement construit sur un partenariat historique entre l'université, la recherche et l'industrie …. (elle) s'est engagée aujourd'hui autour de 3 secteurs porteurs :

Les micro-nanotechnologies et les logiciels

Les biotechnologies et les sciences du vivant

Les nouvelles technologies de l'énergie »

et ajoute :

« La Ville de Grenoble participe depuis plusieurs années à de nombreux projets européens dans le domaine de l'innovation technologique. »

Un ancien élu municipal de gauche, Bernard Pecqueur, a dit1: « c’est la tyrannie de la réussite, les pauvres laissent la place aux riches. » et le maire, Michel Destot, PS (?), d’ajouter2 : « Nous avons été les pionniers dans de nombreux domaines, nous pouvons désormais l’être dans ce nouveau fléau qu’est celui de la délinquance urbaine »

Député-maire de Grenoble, Michel Destot confiait hier soir  avoir eu “un contact de qualité” avec Éric Le Douaron, le nouveau préfet  de l’Isère. Le DL / Lisa Marcelja

http://www.ledauphine.com/isere-sud/2010/07/30/michel-destot-je-ne-laisserai-stigmatiser-ni-grenoble-ni-la-villeneuve :

Comment vivez-vous ce déplacement présidentiel?
Michel Destot : «Comme l’occasion de remonter la pente, car c’est la condition de pouvoir mener nos politiques.»

Grenoble devient la ville Bling-bling, celle de la Rolex à 40 ans où ces salauds de pauvres veulent se faire entendre. Il faut donc réduire au silence les 15000 habitants de la Villeneuve qui n’ont pas le bon profil, faire appel à un préfet policier et ses groupes spéciaux de maintien de l’ordre et les faire partir loin de cette ville, n’importe où de préférence, comme s'il s'agissait de Roms français qu’on obligerait à la nomadisation.

Il fallait faire un exemple et donner des gages aux amis du CAC40 et autre NASDACQ.

Telles sont les deux lectures du discours du président, spécialiste de l’exploitation du malheur dans des buts politiques et toujours en phase directe avec les pourvoyeurs de plus-value.

(1) Le Dauphiné Libéré : 04.06.02 - (2) Le Monde : 20.07.10

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux



2 Le Monde 20.07.10


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