dimanche 22 août 2010

La France raciste ?

Ce n'est pas nous qui le disons ! Mevlüt Cavusoglu, président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, estime que les mesures prises en France "risquent fort d'attiser les sentiments racistes et xénophobes en Europe". "Certains groupes et gouvernements profitent de la crise financière pour capitaliser sur les peurs engendrées par l'assimilation des Roms à des criminels, en choisissant un bouc émissaire qui représente une cible facile", dit-il , dans un communiqué diffusé vendredi. De quoi se mêle ce Turc qui n'est même pas membre de l'Union européenne ? Eh bien, lui, il fait honneur à l'Europe.

Après La France raciste (Seuil, 1992), les chercheurs de l'équipe dirigée par Michel Wieviorka décrivent et analysent, dans un nouveau livre, cette autre Europe qu'est l'Europe du racisme et de la xénophobie. De leur étude comparative, progressivement, une conclusion se dégage : au-delà des spécificités de chaque pays, il existe une profonde unité européenne des processus et des logiques qui mènent à la haine, à la peur et à l'incapacité croissante à reconnaître et accepter l'altérité. La France n'en est pas indemme et, actuellement, elle se place même en tête de la xénophobie (2) avec, et là c'est une nouveauté, une incitation de l'État lui-même à la romaphobie.

La France racisteRacisme et xénophobie en Europe

Un comité des Nations unies avait déjà pointé, le 12 août, "une recrudescence notable du racisme et de la xénophobie en France", notamment à l'encontre des gens du voyage.

Nous n'avons pas vocation à accueillir en France tous les Roms de Roumanie et de Bulgarie", dit le ministre de l'Intérieur français, dans Le Monde, avant de s'en prendre au "petit milieu politico-médiatique parisien" et aux "milliardaires de gauche" critiquant son action. Discours polémiste, démagogique et populiste, à l'évidence, pour attiser encore les flammes du contre-feu allumé contre toute opposition !

"La France n'a pas de leçon à recevoir" en matière de droit des étrangers, avait auparavant déclaré le ministre de l'Immigration Eric Besson sur France 2.

Parce qu'ils sont citoyens de l'Union européenne, rien n'interdit aux quelque 850 immigrés roumains et bulgares qui se sont engagés (?) à regagner leur pays, d'ici la fin du mois, en bénéficiant d'une aide au "retour humanitaire" de revenir en France pour trois mois. Beaucoup en ont manifesté l'intention à peine rentrés jeudi à Bucarest. Pour réfréner leurs envie de retour, Eric Besson a assuré que le gouvernement allait "adapter la législation pour lutter contre l'abus de droit au court séjour", afin d'empêcher le retour vers la France des Roms expulsés.

Une loi, encore une loi ! La France s'use à légiférer pour tenter de multiplier les obstacles à ce que l'Europe autorise : le droit pour les Européens de vivre ensemble et de circuler librement dans tous les États de l'Union. Mais attention, il s'agit d'une nouvelle réglementation raciste qui se mettrait en place. Éric Besson est un ministre ultra zélé mais fort dangereux. Le laisser agir salit l'image même que notre pays portait depuis fort longtemps : celle du pays des libertés.

Une guerre idéologique est déclarée. Les "milliardaires de gauche" que nous sommes vont subir la critique véhémente de ces défenseurs des intérêts du pays que sont les sarkozistes de toutes obédiences. La guerre idéologique de 2007, au cours de la campagne électorale, avait été perdue sur le terrain économique et social ! Nous pourrions, si nous restions confinés dans des discours alambiqués, tels que ceux qu'en tiennent des élus d'une gauche obsolète, en perdre une nouvelle, sur le terrain des droits humains, en 2012. La France, celle qui n'est pas raciste, est en danger.


http://dutron.files.wordpress.com/2010/07/yvon-doffagne-xenophobie.jpg

(1) http://www.lepoint.fr/malgre-les-critiques-la-france-accelere-les-mesures-anti-roms-21-08-2010-1227386_19.php

(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/X%C3%A9nophobie

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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