Au cœur de l'Afrique, à l'est de la République démocratique du Congo (RDC), se trouve l'une des plus belles régions du monde. Tout ici inspire la paix. Mais cet éden, ravagé par dix ans de guerre qui ont fait près de 6 millions de morts, est un enfer pour ses habitants.
Pourquoi cette région déchaîne-t-elle tant de passions, de convoitises, et de haines ?
Simplement parce que son sous-sol regorge de matières premières. La cassitérite, dont on tire l'étain, mais aussi le cuivre, le cobalt, les diamants, l'or, ainsi que tous les minéraux précieux indispensables à l’industrie électronique mondiale, en particulier le coltan, minerai conducteur électrique très demandé qui entre dans la composition des téléphones portables, des ordinateurs et des consoles de jeu vidéo. Et bientôt... le pétrole, qui vient d'y être découvert !
Les
populations sont ainsi victimes de la richesse du sous-sol de la
région qui aiguise les appétits des pays voisins et des milices
qui contrôlent l’exploitation des mines. Ce drame est aussi la
conséquence de l’abominable génocide de 1994 qui a conduit des
centaines de milliers de Rwandais à se réfugier dans les Kivus avec
la ferme intention de déstabiliser le régime rwandais et
surtout de prendre le contrôle des mines.
Dans un
rapport de l'ONU, un groupe d’experts décrit un pays contrôlé
par des mafias de rebelles à la solde de dirigeants politiques et
militaires d’Afrique centrale et australe, d’hommes d’affaires
africains et occidentaux.
Au cœur de
ce mécanisme, se trouve le Rwanda, par lequel transitent les
minerais extraits au Kivu, sans qu’aucune taxe ne soit jamais
payée. Ce petit État, peuplé de 8 millions d’habitants considère
cette région comme une zone naturelle d’expansion économique et
souhaite l’intégrer à sa zone d’influence.
Notre
responsabilité est immense car rien ne serait possible s’il n’y
avait pas de clients. Le coltan, qui passe par le Rwanda est envoyé
vers les raffineurs d’Europe et d’Asie. Le Rwanda n’est
qu’un sous-traitant au profit d’autres acteurs internationaux. Le
FMI finance près de la moitié du budget annuel de cet État et les
États-Unis en ont fait la plaque tournante économique de la
pénétration des entreprises américaines dans la région des Grands
Lacs.
Les rebelles
pratiquent le viol comme arme de guerre, une méthode de terreur
efficace qui abolit toute résistance et permet d’occuper le
territoire. Ils ravagent le pays, ils tuent, ils violent par
centaines de milliers les femmes
et ils enrôlent de force les enfants
qu'ils n'ont pas massacrés.
Pour donner bonne conscience aux occidentaux, les Nations-Unies ont envoyé une force de maintien de la paix, importante avec 17 000 hommes, mais inefficace sur le terrain puisqu'elle a l'ordre de ne pas intervenir. Pourtant sa mission est de garantir la paix et la dignité des personnes.
Au
sein de l'Afrique devenue son terrain de jeu favori, le monstre
libéral révèle son appétit sans limite et son absence de respect
de l'être humain.
Car,
n'oublions pas, aussi, les mines d'uranium du Niger exploitées, sans
précaution, à ciel ouvert par Areva, les mines de diamants et
d'argent d'Afrique du Sud, les combats pour le contrôle du pétrole
lybien, les essais médicaux effectués sur les populations
africaines sans règle éthique, etc ...
Mais,
on mesure au Kivu, plus qu'ailleurs, le désastre humain qu'engendre
la folie capitaliste.
Pourtant,
comme les entreprises occidentales cultivent le flou sur leurs achats
de coltan, les consommateurs pourraient exiger la transparence totale
sur son origine afin de savoir d’où provient le minerai utilisé
dans les téléphones et les ordinateurs portables.
Finalement,
la paix dépend de nous, mais le Kivu,
c’est loin, et on continuera à y mourir en silence.
Jean-Claude VITRAN et Jean-Pierre DACHEUX
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