La
dramatique tuerie de Newton aux États-Unis relance le débat
récurrent sur la possession d'armes à feu par les citoyens
américains. Cette facile explication, sujet de toutes les
conversations, n'occulte-t-il pas les problèmes de fond : la maladie
mentale et ses causes.
Aux
USA, la possession d'une arme à feu est un droit inscrit dans le
second amendement du Bill of Rigth, ratifié en 1791, et il y
a, actuellement, en circulation plus de 320 millions de ces engins de
mort pour une population d'un peu plus de 300 millions d'habitants.
Les
larmes de Barak Obama n'y feront rien, car derrière la question des
armes à feu se cachent un marché particulièrement rentable et le
slogan du très puissant lobby1
des armes à feu « les armes ne tuent pas, ce sont les gens
qui tuent » empêche de penser en terme de remise en cause
de cet amendement qui a été relégitimé en 2008 par la Cour
Suprême en donnant à tous le droit de porter une arme.
"Le Père Noël est une ordure".
Les
États-Unis sont coutumiers de ces tueries - 80 personnes sont tuées
chaque jour - mais, les Européens, surtout en Norvège, depuis 2011,
savent que ces folies meurtrières peuvent s'exercer chez eux.1
Aux
États-Unis, il est possible d'acheter un fusil d'assaut au comptoir
de la chaîne de supermarchés Walmart et, après chaque massacre,
les ventes d'armes augmentent.
Si la suppression de la vente libre ne réduirait pas le risque, pourtant, elle limiterait sûrement la gravité des conséquences.
Si la suppression de la vente libre ne réduirait pas le risque, pourtant, elle limiterait sûrement la gravité des conséquences.
Au
nom d'une logique folle, quelques voix se font même entendre pour
affirmer que si les armes étaient autorisées dans les écoles,
elles auraient permis de se défendre à Newton.
Il
faut répondre à cette folie en en comprenant les causes afin de les
extirper de notre quotidien.
Car,
il s'agit bien de folie et le slogan du lobby des armes, bien que
fallacieux, n'est pas totalement faux : c'est, avant tout2
un homme qui appuie sur la gâchette ou qui amorce la bombe.
Effectivement,
il faut insister sur la folie des meurtriers, hommes souvent jeunes
et instables, schizophrènes, paranoïaques, dépressifs ou
mégalomanes, souffrant de carences narcissiques.
Le
crime de masse leur permet d'exister, au moins une fois avant leur
suicide dans la plupart des cas.
Le
manque d'existence, quand il devient insupportable, déclenche une
compensation criminelle majeure, voire "héroïque". En
France, Mohamed Merah a trouvé des justifications dans la religion
et l'idéologie, mais d'autres crimes, comme celui de Newton,
semble-t-il, sont de simples passages à l'acte sans justification.
Pour
que de tels actes aient lieu, il faut la rencontre entre un psychisme
fragile et un contexte social et politique, et la société actuelle
est le creuset de cette rencontre.
Les
États-Unis, mais aussi d'autres pays occidentaux vivent dans une
culture de violence, la télévision, branchée en permanence,
dégurgite des milliers de meurtres dans les films, les séries
créant une insensibilisation à la violence détachée du réel.
Comme dans les jeux vidéo : " tuer n'est qu'un jeu".
En
insistant sur la défense des valeurs nationales, en banalisant la
mort en dehors des frontières du monde occidental, les informations,
débitées en boucle, légitiment la violence d'État.
Dans
notre société libérale, qui fait son crédo de la valorisation du
« meilleur », on n'existe que par l'élection, par le
statut de champion, par le poids de son compte en banque, par sa
situation de victime, ou par la notoriété de criminel, aussi, tôt
ou tard, pour certains, dans un contexte psychique particulier, la
rage de l'inexistence contenue brise l'étau qui l'emprisonne et
explose dans un passage à l'acte dramatique en choisissant, bien
entendu, un symbole des plus sacrés, tel l'école de Newton.
Il
est urgent de réfléchir à ces problèmes de désordres psychiques
conduisant à la maladie mentale et au passage à l'acte dans nos
sociétés.
La folie + arme = obéissance parfois criminelle + irresponsabilité + victimes innocentes
Selon
Human Right Watch, aux États-Unis, entre 2000 et 2006, le
nombre de malades mentaux a quadruplé dans les prisons et,
aujourd'hui, les désordres psychiques touchent 56 % des prisonniers.
En
France aussi, la précarité, le chômage, la désocialisation, créés
par une société inégalitaire où la solidarité est absente, le
nombre de malades psychiques - le mot folie a été supprimé de
notre langage ! - augmente sensiblement.
En
France aussi, où l'État, dans sa variante sociale-libérale, ne
prend pas en compte la maladie mentale, et pire, se désengage
financièrement des secteurs psychiatriques, on retrouve de très
nombreux malades psychiques dans les prisons - plus de 35 % - où on
ne les soigne pas.
Il
est impératif que nos dirigeants prennent conscience de la relation
directe entre la multiplication des désordres psychiques et les
dysfonctionnements de notre collectivité humaine et qu'il lance un
débat national sur la manière de traiter la maladie mentale et ses
causes.
1 - C'est le lobby le plus puissant - 43 millions de
membres - et le plus riche - 200 millions de dollars de dons – il
distribue, à chaque campagne électorale, des soutiens financiers
considérables et se vante de faire élire 4 sur 5 des candidats à
la Chambre des représentants.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
N'hésitez pas à poster un commentaire.