Le
6 mai, avec le succès électoral de François Hollande, une page
grise de notre histoire de France s'est tournée. La page nouvelle à
écrire, qui n'est pas même prévisible, va-t-elle permettre
d'ouvrir des éventualités qui n'étaient pas encore
envisageables,voici quelques jours ? Grands sont les espoirs et les
dangers mêlés !
Le
retrait de Nicolas Sarkozy nous satisfait non pas principalement
parce que sa personne était devenue insupportable, mais parce que sa
politique, sans rien masquer, allait dans la direction nationaliste,
antisociale et antiécologiste pouvant conduire la France et l'Europe
vers de multiples violences larvées ou aiguës.
Les
questions dont dépend notre sort, lequel n'est décidément plus
strictement national, ne pouvaient trouver leurs réponses dans une
élection confortant le présidentialisme et la démocratie
d'opinion.
Nous avons l'ambition de poser des questions qui sont déterminantes et passent avant la recherche de changement du personnel politique.
On
n'échappera pas, ainsi, à la remise en cause des choix
énergétiques, et notamment nucléaires, que rencontre le Japon mais
aussi nombre de pays européens qui ne veulent plus se retrouver sous
l'épée de Damoclès d'un accident fatal, du type Tchernobyl ou
Fukushima.
On
n'échappera pas davantage au réexamen de notre politique de défense
qui, elle aussi, dépend d'une orientation nucléaire surannée et ne
peut plus se penser dans un cadre national strict. L'abandon
unilatéral par la France de notre force de frappe, qui allégerait
nos dépenses et ouvrirait une nouvelle ère dans les relations
internationales, apparaît comme l'une des urgences à traiter.
On
n'échappera jamais plus à ce que le réchauffement climatique
signifie : la surconsommation et le gaspillage
universels qui nous font produire à tout-va sans que les besoins
essentiels d'une population mondiale en augmentation ne soient,
partout, satisfaits.
On
n'échappera donc pas à la question que les hommes politiques de
gauche comme de droite éludent : l'impossibilité de relancer la
croissance que nous avions connue par le passé, tout en continuant à
se fermer les yeux sur les limites planétaires que l'humanité a
enfin rencontrées depuis que nous savons que les ressources non
renouvelables s'épuisent.
Enfin,
on n'échappera pas à l'exigence d'une sobriété pouvant, seule,
nous permettre la réalisation de politiques
de partage lesquelles s'imposent si nous ne voulons pas voir
ressurgir, au XXIe comme au XXe siècle, des conflits immenses et
épouvantables.
Ces
questions, considérables, ont toutes leurs traductions dans des
politiques locales et pas seulement au plus haut niveau. Entre la
démocratie de gouvernement et la démocratie d'égalité il doit y
avoir de moins en moins de contradiction. Le choix des citoyens
engagés dans l'action politique est sans ambiguïté : sans partage
effectif, la démocratie n'est qu'un mot.
Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran
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