dimanche 12 mars 2017

Présidentielles 2017. Note 26 à J-42. Vers une dizaine de candidatures officielles ?


Un deuxième temps intermédiaire et décisif .

Le point au 12 mars 2017.
par Jean-Pierre Dacheux


Nous voulons, au cours des mois qui vont continuer de s'écouler, analyser l'évolution de la situation politique pendant la campagne électorale qui s'est ouverte depuis la fin 2016. Chaque texte, daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux précédents présentés sous le même titre : « Avec ou sans primaires », puis, à présent, « un deuxième temps, intermédiaire et décisif » (qui durera jusqu'au 17 mars, date de clôture des candidatures). Il peut être contredit, sans doute, parfois, par les événements. Fin mai 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique. 


1 - Les enseignements du recueil des parrainages

Le 17 mars, le compteur de validation des candidatures du Conseil constitutionnel sera fermé et la liste définitive des candidats à la Présidence de la République sera annoncée. Dans cinq jours donc, nous sortirons du « deuxième temps intermédiaire et décisif » (qui n'a pas manqué de péripéties dont, entre beaucoup d'autres, celle de la quête des parrainages d'où dépendait la suite). Nous entrerons, alors, dans « le troisième temps final », celui de la campagne officielle puis des votes (le 23 avril puis le 7 mai).

Vont disparaître, selon toute vraisemblance, les candidatures de personnalités ayant, le vendredi 10 mars, un retard trop important pour pouvoir encore espérer concourir. Henri Guaino (12 parrainages), Michèle Alliot Marie (38) ont pu être dissuadés d'insister par leur parti, « Les Républicains », afin de ne pas compliquer la tâche de François Fillon. Jean Lassalle, député centriste a reçu les soutiens d'élus qui estiment son courage et son honnêteté mais le rapprochement de son ami, François Bayrou, avec Emmanuel Macron a vidé son vivier (il culmine donc à 289 parrainages). De même, Rama Yade, trop isolée à droite, et trop critique sans doute, est-elle bloquée à 151 soutiens ! La surprise pourrait venir encore de Jacques Cheminade, déjà deux fois candidat, qui a rassemblé 397 parrainages, mais ce lui sera difficile. Quant à Pierre Larrouturou (15 parrainages), chassé de la primaire PS, il n'aura pu émerger par ses propres moyens. La tentative de Charlotte Marchandise, désignée par internet, va échouer aussi car elle n'a obtenu, jusqu'ici, que 35 parrainages. L'échec probable de Philippe Poutou, bloqué à 245 parrainages, est un événement non négligeable : après EELV, et les centristes, le NPA ne présentera pas de candidat.

Le cas Jean-Luc Mélenchon mérite un examen particulier. Il n'avait encore reçu, le 10 mars, que 432 parrainages ! On sait, depuis, que la barre des 500 soutiens sera aisément franchie, le mardi 14 mars prochain. Cependant deux informations émergent : il y a eu freinage des signatures parmi les élus communistes et ce sont les élus sans étiquettes qui ont apporté majoritairement leurs soutiens. Il faudra en tirer des leçons et examiner pourquoi les divisions internes, à gauche, ne sont pas que celles, très évidentes, qui se manifestent au sein du PS.

2 – Sur les ambiguïtés, les erreurs inévitables et les indications de tendance des sondages

Le sondage BVA-Salesforce publié, le 11 mars, donne Marine Le Pen et Emmanuel Macron à 26%, contre 20% pour François Fillon. S'en tenir à cet examen de l'état de l'opinion conduirait à penser que le deuxième tour se jouera entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Le même sondage indique aussi que le candidat socialiste Benoît Hamon, perd deux points et serait, désormais à 13,5%, tandis que Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France insoumise, est crédité de 11,5% des voix. Autrement dit, avant que ne s'ouvre la campagne officielle, « la messe est dite » !
Est-ce si simple ? Les précautions prises pour distinguer entre sondages et prévisions, le rappel des fréquents écarts entre sondages et résultats, les différences entre les indications fournies par les différents instituts de sondage ne suffisent pas à modérer les informations (et leurs utilisations) qui sont répandues sur les ondes et dans les gazettes. Autrement dit une grave question est posée : l'opinion publique ne continue-t-elle pas à être manipulée et, surtout, les sondages ne font-ils pas partie de l'outillage partisan des candidats les plus fortunés ?

Là encore des surprises vont surgir car tant que tous les candidats ne seront pas connus et les premiers débats publics engagés entre eux, des évolutions peuvent se produire. Il n'empêche que se voient déjà les signes de la dislocation de la droite traditionnelle et de l'éparpillement des candidatures se réclamant d'une gauche mal identifiée.

Ce sont les raisons pour lesquelles le FN prospère, « En marche » semble représenter une alternative crédible hors partis, tandis que « la France insoumise » est à la même hauteur que le candidat du PS bien mal soutenu par les siens. Si toutes les cartes ne sont pas abattues, impossible d'y lire l'avenir.

En regardant de près les sondages mais sans nous y fier, observons, ce qui demande à être vérifié, encore et encore. Cela tient en quelques questions simples :

Les deux partis qui ont structuré la vie politique française, depuis des décennies (le PS et l'UMP - sous les divers noms qui lui ont été donnés -) sont-ils en fin de parcours et vont-ils cesser de dominer la représentation parlementaire après avoir été chassés de l'Élysée ? Autrement dit, François Fillon et « les Républicains », d'une part, ainsi que Benoît Hamon ramené, dans le bercail dont ils n'a pu parvenir à s'échapper, le PS, d'autre part, sont-ils, d'ores et déjà, hors jeu, parce que victimes de leurs propres contradictions, de leurs échecs et de leurs conflits internes ?

La récupération, par le FN, de l'écœurement et du dégoût croissants dans l'opinion, peut-elle conduire au-delà d'un succès de premier tour, pour la présidentielle et d'une entrée importante au Parlement ? Autrement dit, quelle sera l'ampleur de la perturbation engendrée par la candidature Le Pen et ne va-t-on pas assister, seulement, à une arrivée à un sommet électoral historique aussitôt suivi d'une retombée ?

• L'écologie politique, incontournable, à présent, va-t-elle trouver enfin la place qui lui revient dans la définition, l'adoption, puis l'exécution des politiques publiques ? Autrement dit, une fois de plus, va-t-il s'agir, au contraire, d'un marché de dupe dès lors que l'incompatibilité entre écologie et capitalisme, bien qu'avérée, ne peut s'exprimer dans le contexte économique actuel ?

Les deux gauches irréconciliables qui se détruisent mutuellement, vont-elles se diriger chacune vers de nouveaux pôles : le pôle social-libéral de centre droit, d'une part, et le pôle écolo-socialiste de la néo-gauche, d'autre part ? Autrement dit, est-ce par cette élection ou après elle (mais à cause d'elle) que le parti socialiste historique va se décomposer puis se recomposer sous une forme non partidaire ?

Les sondages ne pouvaient rien dire de tout cela mais peuvent en mesurer partiellement et indirectement, les échos et les conséquences dans une période électorale incertaine et fertile en rebondissements. Nous essaierons d'en faire la lecture critique et vigilante



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