Au lendemain de la Journée mondiale du refus la misère, la présentation du film de Caroline Glorion, sur France 3, Joseph l'insoumis, le 18 octobre 2011, (magnifiquement interprété par Jacques Weber, Anouk Grinberg et de nombreux admirables anonymes) a donné lieu, ensuite, à une relance du débat sur charité et politique.
(http://www.atd-quartmonde.fr/?+-Wresinski-+)
Anouk Grinberg dans le camp reconstitué de Noisy le Grand
Joseph Wresinski [en polonais Józef Wrzesiński], (Angers 12 février 1917 - Méry-sur-Oise 14 février 1988), est un prètre diocésain français, fondateur du Mouvement des droits de l'Homme ATD Quart Monde. Il peut irriter par le culte que certains lui portent. Il n'en est pas moins porteur d'une exigence absolue, reprise, à présent, sur tous les continents : " Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les Droits de l’Homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré. "
http://www.atd-quartmonde.org/17-octobre-Journee-mondiale-du.html
Au cours du débat, animé par Dominique Taddéi, dans le cadre de l'émission Ce soir ou jamais, à la suite du film, trois attitudes sont apparues. L'une, incarnée par Martin Hirsch, qui consiste à dire que ce n'est pas parce que la lutte contre la misère est politique qu'il faut s'abstenir d'ouvrir son porte-monnaie, surtout quand il est plein. L'autre, représentée par Anouk Grinberg, soulignant que, sans les intéressés eux-mêmes, qui ont des motivations qu'on ne veut pas voir, il n'est pas possible de faire reculer la misère. L'autre enfin, plus classique, défendue par l'ethnologue de l'Université Paris 8, Daniel Terrolle, dénonçait le marché de la pauvreté et le profit qu'on retire y compris de la misère elle-même.
http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/?page=emission&id_rubrique=1487
Plusieurs intervenants ont établi la comparaison entre la situation des bidonvilles de 1960 et celle des bidonvilles de Rroms dans les années 2010. Il n'en ont pas moins établi que la grande pauvreté n'atteint pas que des étrangers, en France, et en Europe, mais qu'elle s'étend de nouveau, en même temps que la précarité et l'austérité se redéploie !
Le mot charité (que Joseph Wresinski écartait pour qu'on ne l'associe pas à la simple compassion) n'est pas resté longtemps au cœur du débat. C'est un vocable à restaurer. La question est ailleurs.
La vie vaut-elle d'être vécue si c'est au prix de l'exploitation d'une partie de l'humanité ? L'un des plus violents mensonges n'est-il pas que la misère serait inévitable dans toute société secrétant des déséquilibres économiques ? En a-t-on fini avec cette conviction selon laquelle le partage des richesses conduit à un communisme nivelant les valeurs et écrasant les libertés ?
Les Droits de l'Homme sont les droits de tous. Pas des droits théoriques et fictifs, des droits effectifs. Un droit inapplicable n'existe pas. Pire : il donne l'illusion qu'on peut y prétendre alors que la misère l'interdit ! Toute politique se mesure à la façon dont on permet à chaque humain d'accéder à une vie respectable.
Celui qui affirmerait que ce sont là de belles paroles mais que la réalité est toute autre, rendant impossible l'égalité entre les hommes et donc la fraternité elle-même, sous peine de cesser de vivre dans la liberté, celui-là est un criminel qui s'ignore tel !
La philosophie et la politique ne sauraient se coucher devant des contraintes qui justifient l'injustice radicale, celle qui renonce à considérer qu'un homme vaut un homme. Nous estimons - et que nous le rappelle quiconque nous verrait en porte à faux, sur cet essentiel - qu'il n'est aucune autre cause, il n'est aucune autre lutte, il n'est aucune autre politique plus urgentes, plus utiles et plus justes que celle qui vise l'éradication de la misère en prenant appui sur ceux-là même qui en souffrent !
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