Pendant que nous dormons, la terre ne s'arrête pas de tourner, la bourse de Tokyo s'ouvre avant notre réveil, et celle de New York ferme après notre coucher.
Dans le même temps, autour du monde, dans des bureaux luxueux, feutrés et secrets, certainement pour ne pas nous effaroucher, le capitalisme travaille à se partager la galette mondiale.
Dans ces réunions qui sont autant de Yalta économiques, des traités se peaufinent dont il est bien difficile de connaître exactement la teneur.
Bien qu'ils soient destinés à gérer notre vie quotidienne, ils ne doivent pas nous être révélés, pauvres incapables que nous sommes, ne comprenant rien au fonctionnement subtil des rouages économico-financiers. Habitués seulement au monde d'en bas et peu intelligents, nous pourrions avoir des jugements qui jetteraient à bas le fragile édifice capitaliste et ses courtisans.
Comme les corbeaux, dont ils portent l'uniforme noir, ils n'ont qu'un cri : « croissance, croissance, croissance … », alors que nous, les gagne-petits, pensons « bonheur, paix, bien-être, etc ». Des mots dont ils ne connaissent même pas l'existence.
Et comme c'est très tendance, pour se comprendre et qualifier les nouveaux temples où ils se rassemblent, ils emploient des noms de codes : OCDE, OMC, FMI, BM, BCE, ADB, CEA, CESAP, ... et une multitude d'autres noms où figurent toujours, naturellement, les mots : finances, banques, bourse, économie, monnaie, investissement, profit, cash flow, etc …
S'agissant des traités confidentiels, l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce), à partir de 1995, avait entamé des négociations internationales sur un Accord Multilatéral sur l'Investissement (AMI – acronyme bien choisi dans la langue française). Son objectif était d'établir un cadre multilatéral élargissant les normes de libéralisation et de protection des investissements. Négocié dans le plus grand des secrets, lorsqu'il fut enfin sorti de l'ombre par l'action des mouvements de citoyens, l'AMI, a soulevé un tollé général.
Au passage, vous comprenez pourquoi il est indispensable pour ces sectateurs de réduire Wikileaks au silence ?
Pris la main dans le sac, ses initiateurs ne savent, aujourd'hui, plus comment s'en sortir et disent vouloir repousser sa signature à des temps meilleurs, tout en négociant, en catimini, une autre traité, le New Transatlantic Market (NTM), en demandant au Fonds Monétaire International (FMI) de prendre le relais.
Entre autres réjouissances, ce projet aurait, par exemple, permis :
-
à une multinationale d'assigner en justice des gouvernements pratiquant le protectionnisme ou la préférence nationale, établissant des différences de traitement suivant la nationalité de l'investisseur ou créant des conditions de concurrence déloyale ;
-
à une entreprise de tenir le gouvernement pour responsable de toute entrave à son activité (ex : manifestations, grèves…).
La même logique de transfert de souveraineté des Etats vers les sociétés transnationales anime ces deux projets.
Comme le disent si bien plusieurs associations d'artistes de cinéma: "Nous passons des droits des peuples à disposer d'eux-mêmes au droit des investisseurs à disposer des peuples"!
Un autre traité confidentiel est en cours de discussion : l'accord commercial anti-contrefaçon – en anglais Anti-Counterfeiting Trade Agreement : ACTA – un projet de traité concernant les droits de propriété intellectuelle.
Destiné à établir un nouveau cadre juridique et à créer son propre organisme de gouvernance, le champ d'action de ce traité s'étend aux marchandises, aux infractions au droit d'auteur sur Internet, mais aussi aux médicaments génériques.
L'absence de transparence des négociations a suscité de vives critiques, des documents ont néanmoins « fuité », dès mai 2008, (merci Wikileaks) provoquant une importante mobilisation de la société civile mais il a fallu attendre le 20 avril 2010 pour qu'une version officielle soit publiée.
Cette opacité a particulièrement irrité le Parlement Européen qui a entamé un bras de fer avec la Commission européenne à ce sujet. S'il est adopté en l'état le traité :
- imposera aux fournisseurs d'accès à Internet de nouvelles obligations de divulguer des données personnelles de leurs clients ;
- permettra aux douaniers de fouiller les portables, les lecteurs MP3 et les téléphones cellulaires ;
- imposera aussi, au nom de la lutte contre la contrefaçon, des mesures susceptibles de bloquer la circulation des médicaments génériques.
Voilà deux exemples, aujourd'hui connus, des marchandages que le capitalisme néo libéral élabore dans ses officines confidentielles à l'abri des regards de l'immense majorité de nos contemporains.
La seule force de cette oligarchie internationale est d'être unie pour nous exploiter comme des serfs complaisants.
Quand serons nous capable de nous solidariser dans un front commun pour faire échec à leur volonté de nous réduire en esclavage ?
Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux
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