Gbagbo, Ben Ali, Moubarak, Khadafi, et d'autres à venir, les autocrates tombent. Voici un an cette éventualité n'était pas même concevable...
Berlusconi, Sarkozy très fragilisés... Leur départ, urgent, n'est pas réalisable sur le champ, sans violation constitutionnelle. Hélas, mais ça va venir...
Des États tels que la Grèce, l'Espagne, le Portugal, l'Irlande, l'Islande, hier donnés en exemple, ou tolérés dans leurs excès ou leurs déséquilibres, sont paralysés, à présent, par leur endettement devenu inacceptable. Les grands financiers ont pris le pouvoir réel.
Les USA "décotés", à tort ou à raison, sont, en fait, en recul par rapport à l'économie mondiale, comme jadis le furent la France, la Grande-Bretagne et leurs empires coloniaux.
Une décroissance de la production, dans les pays hier riches, est due simplement à une saturation de la consommation. Mais nul ne veut le voir !
Ces déséquilibres qu'on ne veut voir engendrent, lentement, implacablement, des bouleversements géopolitiques aux conséquences aussi certaines qu'imprévisibles.
On a imaginé un monde où s'enrichir était la loi quitte à détruire nos propres raisons de vivre et les moyens de satisfaire nos besoins essentiels. Il devient impossible de subsister dans ce système...
Et nous voici, en 2011, sept milliards sur la Terre et des élites voudraient nous convaincre qu'on peut continuer dans la voie qu'ils ont mise en impasse !
Et si l'on faisait la chasse à l'inutile ?
Choisissons la rigueur sans austérité, la sobriété plutôt que le gâchis et "faisons des économies" sans tuer l'économie,... Rien de spectaculaire là, mais une rupture cependant : cesser de produire pour profiter, afin de pouvoir profiter de ce que nous produisons qui nous est indispensable. Tous !
En clair, cela signifie que toute consommation qui est provoquée par la publicité alors que des peuples entiers ne peuvent consommer de quoi survivre doit passer en dernier. En clair, cela signifie que la solidarité entre les nations n'est pas affaire d'humanisme mais d'efficacité. En clair, cela signifie qu'il faut produire moins et mieux pour offrir plus à ceux qui ont le moins. En clair, cela signifie qu'il faut cesser de penser "à l'occidentale", c'est à dire en prédateurs et en dominateurs. En clair, cela signifie que l'inutile est une pollution dont il ne faut pas seulement se débarrasser mais dont il faut empêcher l'apparition.
Perdre plus de céréales dans les lieux de stockage qu'on en consomme : c'est inutile. Rejeter à la mer plus de poisson pêché qu'on en rapporte au port pour le vendre : c'est inutile. Transporter la nourriture des hommes d'un bout à l'autre de la terre au lieu la produire au plus près de là où on la mange : c'est inutile. Ne pas isoler les habitations des hommes et devoir les chauffer ou les refroidir à des coûts astronomiques : c'est inutile. Donner à chacun un véhicule individuel au lieu d'améliorer toujours plus le nombre, la sécurité, la gratuité, le confort des transports en commun : c'est inutile. Prétendre protéger la paix en préparant des guerres encore jamais vues, en usant d'armements sophistiqués, surpuissants et extrêmement coûteux : c'est de plus en plus inutile.
On pourrait allonger la liste de ces dépenses qu'on juge indispensables et qui dévorent les budgets et les impôts des populations de qui l'on exige, par ailleurs, des sacrifices sans précédent. Tout se passe comme si le bon sens avait déserté l'esprit des responsables de l'activité économique. Rien ni personne ne saurait empêcher de maintenir un niveau de vie qui n'en est pas un et que se réservent les privilégiés. La révolution culturelle écologique doit s'effectuer au plus vite ! Avant que le sentiment de la nécessité ne s'empare, trop tard, de responsables politiques tentés, alors, de procéder par la contrainte là où la conviction eut pu faire l'affaire.
Nous qui résistons à l'injustice devons résister aussi à l'inutile. Les quatre cinquièmes de ce qui nous est offert à consommer est inutile alors que ce dont nous avons le plus grand besoin nous manque !
Souvent, il nous est demandé par quoi nous voudrions remplacer ce que nous dénonçons. Le changement des hommes en place et des organisations ne suffit pas. Le changement des mentalités ne se déclenche pas par décret. À défaut de "changer la vie", comme nous le promettaient les socialistes avant 1981, chacun peut commencer à changer de vie, de consommation, de transport, de mode d'habitat... Cela prendra du temps ? Certes, mais moins que de poursuivre des chimères qui reportent toujours à plus tard les lendemains qui chantent.
Chantons dès à présent. C'est là une utopie accessible.
Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran
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