samedi 3 avril 2010

De l'anticatholicisme à l'antisémitisme ?



La parole stupide et odieuse, le Vendredi Saint, d'un docte prêcheur du Vatican, faisant état d'une lettre d'un juif comparant l'anticatholicisme actuel à l'antisémitisme, révèle une panique et une incompréhension inouïes dans les milieux d'Église.


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Car de quoi s'agit-il, d'abord? De viols et de violences auxquelles des prêtres se sont livrés sur les personnes d'enfants. Tous les prêtres ne sont évidemment pas pédophiles ! Qui a jamais dit ça ? Tous les catholiques ne sont pas non plus des sectaires camouflant les frasques de leur clergé ! Il serait abominable de le penser. Reste qu'on a caché des crimes, et c'est presque aussi grave que les crimes eux-mêmes, car l'Église a ainsi administré la preuve qu'elle peut fonctionner comme une société secrète au sein de la société tout entière.

La comparaison entre l'anticatholicisme et l'antisémitisme, pour minable qu'elle soit, nous apprend qu'au lieu de reconnaitre ses erreurs, un religieux peut être tenté de leur trouver des excuses ou, pire, de crier au loup pour détourner l'attention, et permettre la fuite des loups.

Comme l'indique, sans hésitations et sans langue de bois, Jacques Gaillot, évêque d'on ne sait où, ce Parthénia qui est désert, c'est le fonctionnement même de l'Église qui est mis en questions et c'est pourquoi se dressent tous ceux qui sont terrorisés par les risques de contestations de l'autorité écclésiastique.

On trouverait pourtant, dans l'Évangile, tout ce qu'il faut pour mettre les choses au clair ! "Ce que vous faites au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous le faites" (Matthieu 22, 34-40) disait Jésus? Ou encore : "si quelqu'un scandalisait un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu'on suspendît à son cou une meule de moulin, et qu'on le jetât au fond de la mer." (Matthieu 18:6.) "Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits" (Mat 18:10). Enfin : "Si quelqu'un accueille, en mon nom, un enfant comme celui-ci, il m'accueille moi-même. Et celui qui m'accueille, ce n'est pas moi seulement qu'il accueille, mais aussi celui qui m'a envoyé" (Marc 9, 35-37).

Tout est dit : la faute suprême est de s'en prendre à un ê
tre humain sans pouvoir, en usant de son autorité et de sa force. Catholique ou pas, juif ou non, athée ou autre, celui qui ne respecte pas un enfant est en rupture avec l'aventure humaine; c'est un monstre.

Voilà ce qui devait sortir de la bouche du Pape. Seulement voilà : traduire un membre du clergé devant les tribunaux, c'est soumettre le clergé à une autorité supérieure c'est désacraliser non seulement le coupable mais l'institution dont il était membre. Ce n'est pas simple à reconnaître et on ne l'accepte que contraint et forcé ! Le mythe du savoir au-dessus de tout, du pouvoir hors du cadre civil, s'effondrent !

Autre "révélation" qui surgit de ces horreurs : le rapport des catholiques à la sexualité serait malsain si les catholiques n'y veillaient eux-mêmes, en n'obéissant pas à des textes doctrinaux coupés des réalités humaines. Ce n'est pas le célibat qui conduit à la pédophilie, c'est la contrainte faite, dans le rite latin, à ceux qui croient, par souci de chasteté, devoir se détourner de la sexualité et, pour certains,... dévient ! Il n'en est pas ainsi dans d'autres communautés chrétiennes y compris catholiques, dont certains rites orientaux, notamment. "Il vaut mieux se marier que de brûler" affirmait déjà Saint Paul (1 Corinthiens 7-9).

Afficher l'image en taille réellePouvoir et politique, sexe et respect de soi ou d'autrui, mais aussi églises et communautés sont concernés par cette crise qu'on aurait bien tort de réduire à une affaire intra-catholique ! Il en est des églises comme des partis : ce sont, disait Simone Weil, la philosophe juive, proche du catholicisme (même si jamais elle ne fut baptisée) : "des machines à excommunier". Qui veut penser et choisir ses raisons de vivre par lui-même est vite mis au ban. Les mœurs obsolètes et parfois caricaturales de l'Église l'ont placée, progressivement, en-dehors de l'histoire contemporaine. Ce n'est plus un Concile qui suffira à l'extraire de cette gangue, c'est une révolution philosophique. Les valeurs fondamentales du christianisme qui contestent le pouvoir, la violence et l'argent au nom de l'amour sont à réexprimer dans un esprit et une langue compatibles avec notre siècle.

On n'est pas anticatholique quand on dénonce le cléricalisme (qui fut et demeure, en tel ou tel pays, le pouvoir tout puissant des clercs) ! On n'est pas antisémite quand on dénonce le sionisme (qui est l'acceptation, quelle qu'elle soit, de la politique de l'État d'Israël). Il nous sera impossible de ne pas revenir sur ces nuances et distinctions, car oser dire les faits pour révéler les causes des crimes et contribuer à les détruire, doit s'effectuer sans amalgame !

Jean-Pierre Dacheux




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