mardi 5 novembre 2013

Face au racisme, que font les vrais républicains ?


Il semble que, depuis quelques mois, nous vivons en France, mais aussi en Italie, dans des pays où les idées racistes se banalisent.

Mme Taubira a été attaquée dans des termes que l'on pensaient rangés au magasin des accessoires verbaux des colonialistes.

À Angers, dans l'ouest de la France, le 25 octobre dernier, des partisans du collectif «  La Manif pour tous » n'ont pas hésité à instrumentaliser des enfants en leur faisant crier : « C'est pour qui la banane ? C'est pour la guenon ! ».

Peu de temps auparavant, à l'est de la France, Anne-Sophie Leclerc, candidate du Front National déclarait : « Je préfère la voir dans un arbre, accrochée à des branches, plutôt qu'au gouvernement » et, lors d'une manifestation organisée par le groupuscule Civitas 1, son leader scandait : « ya bon banania, ya pas bon Taubira ».

En Italie, Cécile Kyenge, Ministre à l'intégration, a été, de son côté, la cible de lancers de bananes de la part de militants d'extrême droite et de propos racistes et haineux : « J'aime les animaux (...) mais, quand je vois les images de Kyenge, je ne peux m'empêcher de penser à des ressemblances avec un orang-outang … Pourquoi personne ne la viole jamais ? »

Il semblerait que notre inconscient collectif, formaté par des siècles d'esclavages et par le regret de la « grandeur » de notre ex-puissance coloniale, soit imprégné, en profondeur, par une xénophobie, un racisme latent qui, comme une maladie endémique, ne demandent qu'à ressurgir, par poussées périodiques, chez un trop grand nombre de nos compatriotes. 

Il existe en permanence, malheureusement, dans notre pays, un fond de racisme quotidien, mais dans la période actuelle, ces attaques raciales, mais aussi homophobes et sexistes 2, atteignent un niveau d'intensité alarmant. Il est de notre responsabilité de réagir collectivement, en refusant cette banalisation malsaine.

La dénonciation de ce racisme réapparu ne doit pas se réduire à un combat contre le Front National car, dans de nombreuses formations politiques, associatives ou pseudo-philosophiques, des voix s'élèvent pour désigner des boucs émissaires à la vindicte publique, alimentant ainsi le trouble et la haine.

Alors que nous avons besoin d'une parole de dénonciation forte, les responsables de l'État, les intellectuels et les associations de défense des droits fondamentaux ne semblent pas prendre la mesure de l'instillation insidieuse du venin raciste dans le corps social ! Comme anesthésiés, ils sont quasi aphones et s'expriment trop peu, endossant ainsi leur part de responsabilité dans une inconséquence générale et coupable.

Le racisme ambiant n'est pas seulement intolérable, il met en péril les fondements mêmes du pacte républicain et, au-delà, notre démocratie pourtant déjà bien malade. Il est urgent de réveiller la conscience de nos concitoyens car le délitement actuel de la société française nous conduit à une crise majeure et au chaos.

Jean-claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux


1    https://fr.wikipedia.org/wiki/Civitas_%28mouvement%29
2    Mmes Duflot et Massonneau ont été victimes de quolibets de députés machistes à l'Assemblée.

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