La mort d'Henry Skinner, si elle devait maintenant advenir, au bout de l'aiguille d'une seringue létale, nous ferait considérer que les USA, même avec un Président plus respectable que ses prédécesseurs, sont en situation de rupture grave avec la démocratie.
Un pays qui fonctionne sur pareille inhumanité, camouflée sous le droit, ne mérite que mépris.
Henry Skinner
Qu'on n'aille pas pour autant, en France, du haut de notre loi abolitionniste de 1981, donner des leçons au bourreaux du Texas ! La peine de mort est rétablie en France depuis bien des années !
Nous qui, depuis 1981, pensions que la peine de mort avait été supprimée en France, devons constater qu'on tue plus, à présent, par la prison que par la guillotine! Enfermer et punir sans volonté de donner une chance à ceux qui ont été emprisonnés, c'est assassiner. Mettre fin à ses jours n'est pas d'ailleurs une décision que prennent les seuls condamnés! Des prévenus qui attendent leur procès, longtemps, très longtemps, et n'en peuvent plus de subir un quotidien de pré-condamnation, se suppriment. Le personnel pénitentiaire qui ne peut surveiller les actes de tous les occupants, trop nombreux, dans des cellules où la promiscuité est abjecte, est incapable de prévenir les actes de désespoir. Du reste, ce personnel, mal préparé et enfermé dans des logiques qui ne permettent guère le souci du délinquant, peut avoir, parfois, des comportements qui sont déshumanisants, générateurs de troubles comportementaux. Celui qui entre en prison change, jour après jour, et pas en bien... La prison ne corrige pas.
On ne paie pas sa dette sociale dans un cachot. L'idée selon laquelle un être humain serait, par nature, dès l'enfance, un voleur ou un meurtrier en puissance, s'est emparé d'une partie de l'opinion et d'un nombre importants d'élus. Sont donc condamnés, par avance, dans l'esprit d'une partie des pouvoirs publics, des hommes et des femmes qui sont originaires de milieux "malfaisants" (sans, du reste, distinguer entre ce qui aurait pour origine la génétique ou le milieu!). À partir de là il devient facile de vouloir mettre hors d'état de nuire ceux qui perturbent la société..., mais où commence et où s'achève cette mise hors d'état de nuire? Elle commence en prison et finit par la mise à mort, rapide, dans une rue, ou lente, dans le centre pénitentiaire. De quelle pénitence, d'ailleurs, s'agit-il? Ni réconcilation, ni pardon, ni simple réparation n'ont leur place dans cette analyse du crime considéré comme un péché mortel. Tout délit devient irréparable et tout retour à la vie sociale, impossible. Dès qu'un détenu en est convaincu, il devient un suicidé potentiel. La centaine d'emprisonnés, encore une fois condamnés ou simples détenus, qui, chaque année, en France, disparaissent violemment en s'autodétruisant, nous ramène vers ce temps où la mort donnée faisait partie de l'arsenal des peines.
C'était avant l'abolition de la peine de mort
Oui, nous contribuons à donner la mort à ceux qui s'y croient acculés, par désespoir, folie ou froide décision. Là où n'existe aucune chance de mieux être, la civilisation n'est plus. Les dernières recommandations de la Ministre de l'Intérieur, visant à limiter ou empêcher les suicides en prison seront inopérantes parce que ce n'est pas avec des moyens matériels (dont ce pyjama en papier qui va devenir le symbole du dérisoire !) qu'on va interrompre un processus mortifère. Sans moyens relationnels, sans êtres humains, permettant le soin, l'échange et une nouvelle considération, la prison restera l'antichambre du cimetière.Coupable ou non, Jacques Bouille, ne "méritait" pas la mort par suicide!
"Crime et Châtiment", une exposition, empreinte au grand Victor Hugo, le plus célèbre abolitionniste du XIXe siècle, ce titre lourd de menaces et d'effrois. On y montre la terrible machine, "la Veuve", qui coupa en deux de nombreux humains. Devant elle, on est sidéré, parfois épouvanté, mais cet outil de Justice n'est plus qu'un objet, terrifiant encore, mais sans danger, impuissant, inutilisable.
Il n'en est pas de même avec la violence sourde, lourde, patiente, implacable qui enferme les prisonniers non plus seulement entre quatre murs mais dans un désespoir mortel. Ce qui est "neuf" en France, c'est qu'on ne paie plus sa dette. Il n'y a pas encore de commission de surendettement qui efface le trop plein de peine. Le coupable est coupable "ontologiquement" et il le restera, y compris au-delà de son temps d'emprisonnement. Mis au ban, il n'a plus qu'à disparaitre d'une manière ou d'une autre, par la récidive, la fuite, la drogue ou le suicide. La peine de mort sociale est au bout d'une conception de la société qui sépare, une bonne fois pour toute, dès le berceau, voire in utero, les bons des méchants ! Lutter contre la peine de mort, en Chine, en Iran, aux USA, au Japon et ailleurs est absolument nécessaire, mais comme le manque d'irrigation tue plus sûrement qu'une guerre, le manque de considération de chaque humain tue plus souvent que la guillotine. En France cet irrespect de la personne humaine, sous prétexte qu'elle est, parfois, détestable, est installé dans les geôles, les commissariats, et même les prétoires. La conséquence en peut être la mort.
Oui, la peine de mort a été rétablie en France, de façon sournoise et jusqu'ici peu visible. En Europe, de multiples signaux ont été envoyés, à nos gouvernements, pour stigmatiser notre système carcéral. En vain. Notre prison continue donc à tuer et à fabriquer de l'assassin. C'est exactement le contraire de ce à quoi, nous dit-on, doit servir l'incarcération accompagnée d'une rééducation... Mensonge !
On aurait tort de séparer la lutte contre la peine de mort de la lutte contre toutes les autres formes de mises à mort qui la remplacent ou s'y ajoutent. Souvenons nous en le 10 octobre et tout au long des années à venir...
Il n'en est pas de même avec la violence sourde, lourde, patiente, implacable qui enferme les prisonniers non plus seulement entre quatre murs mais dans un désespoir mortel. Ce qui est "neuf" en France, c'est qu'on ne paie plus sa dette. Il n'y a pas encore de commission de surendettement qui efface le trop plein de peine. Le coupable est coupable "ontologiquement" et il le restera, y compris au-delà de son temps d'emprisonnement. Mis au ban, il n'a plus qu'à disparaitre d'une manière ou d'une autre, par la récidive, la fuite, la drogue ou le suicide. La peine de mort sociale est au bout d'une conception de la société qui sépare, une bonne fois pour toute, dès le berceau, voire in utero, les bons des méchants ! Lutter contre la peine de mort, en Chine, en Iran, aux USA, au Japon et ailleurs est absolument nécessaire, mais comme le manque d'irrigation tue plus sûrement qu'une guerre, le manque de considération de chaque humain tue plus souvent que la guillotine. En France cet irrespect de la personne humaine, sous prétexte qu'elle est, parfois, détestable, est installé dans les geôles, les commissariats, et même les prétoires. La conséquence en peut être la mort.
Oui, la peine de mort a été rétablie en France, de façon sournoise et jusqu'ici peu visible. En Europe, de multiples signaux ont été envoyés, à nos gouvernements, pour stigmatiser notre système carcéral. En vain. Notre prison continue donc à tuer et à fabriquer de l'assassin. C'est exactement le contraire de ce à quoi, nous dit-on, doit servir l'incarcération accompagnée d'une rééducation... Mensonge !
On aurait tort de séparer la lutte contre la peine de mort de la lutte contre toutes les autres formes de mises à mort qui la remplacent ou s'y ajoutent. Souvenons nous en le 10 octobre et tout au long des années à venir...
Il nous faut repartir contre cette nouvelle peine de mort, dans les prisons de France!
Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran
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