Y a-t-il une relation entre les retraites et les Droits de l’Homme ? A priori la réponse est négative. C’est pourtant un problème de justice sociale ! Et la justice, ou plutôt l’injustice sociale, celle qui génère les inégalités, est donc bien une problématique de droits de l’homme.
En y réfléchissant mieux, en observant autour de nous, surtout dans la période de crise que traverse notre pays et dans les projets gouvernementaux, que voit-on ? On voit que la justice, la solidarité, la fraternité font cruellement défaut en matière de retraite. Combien de dignité bafouée ? Combien de personnes âgées sont obligées de reprendre une petite activité pour joindre les deux bouts ? Combien de personnes âgées vivent, seules, au seuil de la misère par manque de moyens financiers pour être accueilli dans des établissements spécialisés. Combien sont obligées de vendre avec déchirement aux spéculateurs le peu de bien acquis à l’issue d’une vie de labeur pour essayer de survivre décemment et de payer le foyer où elles se placent, comme elles disent.
Nous connaissons tous de ces retraités qui après avoir trimé dans toute leur vie, sont contraints de faire la queue aux Restaurants du Cœur pour essayer de se nourrir plus correctement. Nous connaissons tous de ces retraités qui sont forcés de faire l’aumône auprès de leurs enfants pour survivre. En quelques décennies, la donne s’est inversée.
Il n'y a pas si longtemps, il nous fut promis par un candidat à la Présidence de la République de gagner plus si nous travaillions plus ! Cela n’était qu’une promesse électorale sans lendemain. Le même, aujourd’hui, nous demande de travailler plus longtemps : ineptie de plus, puisque plus de la moitié des seniors sont au chômage, à partir de 58 ans.
Sans traiter le chômage, le recul de l’âge de départ à la retraite ne sert à rien; il est même contre-productif, car, à l’autre bout, cela produit l’absence de travail pour les jeunes.
Non, ce que veut le Gouvernement, c’est diminuer, voire supprimer le système actuel de retraite par répartition au profit d’une retraite par capitalisation. Par répartition, c’est une retraite solidaire où chacun aide chacun, où les jeunes générations sont solidaires des générations plus âgées, c’est l’école de la transmission, de la fraternité. Mais, cela ne génère pas de profit; ça coûte ! Cela coûte : quel blasphème, quel gros mot dans la société libérale.
Dans cette société où 1€ doit rapporter 1,20€, ce que l'actuel pouvoir veut, c’est favoriser ceux qui veulent développer les systèmes d’assurances privées car la retraite par capitalisation comme sa racine l’indique est du domaine du capital donc du profit, de la valeur ajoutée."On va pouvoir faire du fric, les copains !"
Rappelons nous l’article 1er de la déclaration universelle des droits de l’homme de décembre 1948 : "Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits". La retraite par capitalisation nie cet article premier; c’est même le contraire. C’est chacun pour soi: que le meilleur gagne, mais il y en a combien de meilleurs, et meilleur pourquoi ?
L’idée maîtresse du système, FMI, OCDE, gouvernements, et nombre de partis politiques confondus :
- c’est de faire table rase sur les accords de Philadelphie de mai 1944 qui ont affirmé : « la pauvreté, où qu’elle existe, constitue un danger pour la prospérité de tous »,
- c’est de détricoter tous les avantages acquis et que chacun se débrouille seul avec ses problèmes,
- c’est de laisser le moins armé sur le bord du chemin, parce qu’il est né du mauvais côté de la rue ou parce qu’il est moins intelligent, moins instruit, ou moins malin.
Non, la fin de la vie ne doit pas être une déchéance. Ce n’est pas de cette société là que veulent les acteurs de la Ligue des Droits de l’Homme. Car enfin, on pourrait imaginer une plus juste répartition, un plus juste équilibre, un partage plus équitable des revenus du capital et du travail. Il est curieux qu’aucune proposition ne soit faite dans ce sens.
C’est certainement un manque d’imagination ou un oubli... À moins que ce ne soit la preuve d'une volonté de puissance qui maintient l'antique exploitation de l'homme par l'homme. Mais pourquoi le supportons-nous?
Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux
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