vendredi 8 janvier 2010

De la croissance du débat sur... la décroissance

Nous n'en sommes plus à nous demander s'il est opportun de parler de décroissance. Ceux qui se sont offusqués qu'on ose prétendre qu'il pouvait sortir un mieux d'un moins ont modifié leur argumentation. Certes, disent-ils, le toujours-plus-de-tout est, à terme, intenable, mais avoir moins de ceci, pour avoir plus de cela, peut être une nécessité. Et de sortir des formules qui tiennent de l'oxymore (telle que : "la décroissance prospère") ou qui tendent à désamorcer la charge du mot (comme la "décroissance sélective").



Enfin la controverse ! Sous ce nouvel affrontement politique se cachent deux conceptions de l'écologie. L'une se veut pédagogique et consiste à engranger les apports qui permettent d'effectuer des compromis afin de faire avancer la société dans son ensemble. C'est l'écologie réformiste. L'autre se veut plus pressée et consiste à alerter sur l'urgence des choix à opérer, en une période qui s'avère de plus en plus courte, si l'on veut que société il continue à y avoir. C'est l'écologie radicale.

Toutes les familles politiques se rallient, l'une après l'autre à l'écologie, à l'écologie réformiste bien sûr. Gagner du temps. Retarder les décisions. Annoncer le changement, mais changer goutte à goutte. Changer de logiciel ? Soit ! Changer le système de notre ordinateur économique ? C'est bien plus que le bug de l'an 2000 ! C'est la promotion de l'incertain ! Pas de ça ! "Encore un peu de temps, Monsieur le bourreau..." L'ennui, c'est que nombre d'écologistes se contentent eux-mêmes de cette écologie réformiste, à petites doses...

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La décroissance est une révolution non-violente mais une révolution quand même, et il est admissible qu'elle fasse peur. Elle est donc à reformuler. Mais si la décroissance est un vocable regrettable, il n'en est toujours pas d'autre à notre disposition, et il ne faut surtout pas le remplacer par quelque autre mot que ce soit, pour la raison simple suivante : c'est une non-croissance globale qui va se produire à l'échelle planétaire et ceux qui en doutent en verront bientôt les manifestations. On peut, du reste, s'en rendre déjà compte et pas seulement à cause des conséquences climatiques de l'activité humaine. La décroissance n'est pas un choix idéologique; c'est un constat qui bouleverse la pensée.

La difficulté à comprendre le caractère global de la décroissance tient à ce que l'on compte mal ! Pour obtenir un moins de production mondiale, on peut passer par des plus de productions en telle ou telle zone continentale! Ce n'est pas de la décroissance sélective (c'est-à-dire un remplacement d'une production décroissante par une production croissante !), c'est de la décroissance "relative" (c'est-à-dire qui s'effectue à des rythmes différents et, surtout, selon des opportunités très variables). Un résultat négatif peut comprendre de multiples données positives! (-10 = +5+15+10-20-10-10 +2+2+1-5, par exemple !).

En clair, il ne faut pas confondre, les actuels reculs économiques, qui ne signalent nullement une décroissance, et les futures redistributions des richesses qui devront se produire, inévitablement, afin que la vie reste possible pour les 9 milliards de Terriens, d'ici une seule génération ! Le constat est impitoyable : ou bien l'on vivra tous autrement, sur Terre, ou bien l'on ne pourra vivre tous, sur Terre. La décroissance n'est plus seulement, alors, une évidence intellectuelle sur une planète limitée où la croissance ne peut être infinie; la décroissance est la seule voie qui éviterait une guerre généralisée, dès lors que la question du partage est, désormais, non seulement une question de justice, mais une question de survie.


L'énergie... du désespoir, pour sauver sa peau!

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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