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dimanche 25 septembre 2011

Sénatoriales : de l'importance d'un scrutin inutile



Prenons des repères, avant de juger si le nouveau Sénat, élu par moitié pour six ans, sera ou non utile à la France.

1 - Nous pensons, sans détour, qu'une deuxième assemblée législative ne sert, depuis sa création, qu'à maintenir au pouvoir, quelle que soit la volonté du peuple français, une influence conservatrice.

2 - Nous savons qu'est indigne le mode de scrutin sénatorial, au second degré (c'est-à-dire non universel : ne faisant intervenir que 72 000 "grands électeurs"), complexe (proportionnel ici, dans les départements élisant quatre sénateurs ou plus, majoritaire à deux tours là, dans les départements ruraux, moins peuplés).

3 - Nous observons que ces grands électeurs (les députés, les conseillers régionaux, les conseillers généraux, les élus municipaux et des délégués supplémentaires élus par les conseil municipaux dans les villes de plus de 30 000 habitants), qui ont, sauf raison valable, l'obligation de voter sous peine d'une amende de 100 euros, composent, au second degré, un corps de notables qui n'intéresse pas, (aux deux sens du mot) le corps électoral français (...44 508 024 "voix prêtes à se faire entendre", en 2007!.

4 - Nous constatons que les 170 sénateurs à élire seront encore, majoritairement, des hommes de sexe masculin, de plus de 50 ans, s'étant à 67% re-présentés, farouchement cumulards (68 sénateurs sur 331 n'avaient que ce mandat de sénateur, en 2007).
Voir http://www.lemonde.fr/societe/infographie/2007/02/21/le-cumul-des-mandats-en-france_870233_3224.html

5 - Nous devons prendre en considération que le Président du Sénat est le second personnage de l'État, ayant à suppléer la vacance de la Présidence de la République, si le Chef de l'État est démissionnaire (De Gaulle, en 1969) ou décédé (Pompidou, en 1974).

6 - Nous nous apercevons, ce 25 septembre 2011, journée cruciale à défaut d'être historique, que tout est d'ores et déjà tenté pour masquer l'inévitable succès relatif de la "gauche", car une majorité d'opposition au Sénat pourrait bien sonner le glas des espérances électorales de l'UMP, pour 2012.

7 - Nous estimons que, dans l'hypothèse, de plus en plus plausible, d'une sortie de la Ve République, la révision constitutionnelle devra comprendre une transformation du Sénat, pouvant devenir une assemblée de sages, issus de toutes les catégories sociales, un Conseil de la République, élu au suffrage universel, non pour voter les lois et contrôler le gouvernement, mais pour élaborer, sans être soumis à la pression des partis, des documents essentiels, indispensables à la détermination des politiques mises en œuvre par les pouvoirs publics.

8 - Nous attendons de l'élection du Sénat, bien qu'à regret puisque, à nos yeux, ce n'est pas son rôle, qu'une nouvelle majorité fasse équilibre et même barrage à la politique répressive et rétrograde de l'actuel Président de la République.

9 - Nous espérons, sans trop y croire, que le Sénat, dans sa nouvelle composition, renouvelle la pensée de la gauche qui a perdu ses valeurs socialistes et n'a pas davantage engrangé les apports écologistes, valeurs et apports inséparables les uns des autres.

10 - Nous attendons, enfin, que le peuple français se saisisse de cette opportunité pour pousser les sénateurs dans une direction vers laquelle ils ne tiennent sans doute pas à aller : le renoncement à une économie où les marchés dictent leur loi à la politique.

Quant à cet insigne, appuyé sur des faisceaux, il donne à penser à un régime bien peu républicain...

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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