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lundi 12 septembre 2011

L'alibi du 11 septembre.

De nombreux pays occidentaux ont commémoré la tragédie du 11 septembre 2001, (car il s'agit bien d'une tragédie planétaire !), où près de 4 000 malheureux êtres humains, de nombreuses nationalités, ont trouvé la mort à cause des attaques suicides perpétrées par d'autres êtres humains fanatisés.

La guerre déclenchée en Afghanistan en 2001 après celles de l'Irak (de 1991 et 2003) n'a pas pris fin et n'a pas donné les résultats escomptés, tant s'en faut !

Aucun des morts de New-York n'était responsable de la politique irresponsable et dominatrice du gouvernement des États-Unis et pourtant, les uns, parce qu'ils travaillaient dans l'un des symboles de la société impérialiste, d'autres, les kamikazes assassins, aveuglés par leur extrémisme, ont vu leur existence subitement interrompue, dans un déchaînement de feu et dans l'effondrement des tours dont les médias se complaisent à nous montrer et remontrer, aujourd'hui encore, les images, jusqu'à nous en donner la nausée.

Depuis toujours, les nations connaissent des assassinats et des attentats politiques, mais jamais dans l'histoire un tel événement n'aura eu des retombées aussi déterminantes sur nos existences.

Sous couvert de lutte contre le terrorisme la restriction des libertés publiques n'a fait que croître

Déjà dans un passé récent, la France, agressée à cause de sa politique coloniale et de ses suites, avait connu des attentats - rue de Rennes, dans le RER, à la station Saint Michel - qui avaient conduit, en 1986, le gouvernement de Jacques Chirac, à prendre une « loi fondamentale relative à la lutte contre le terrorisme » qui, déjà, fondait une justice d'exception pour les affaires terroristes et déstabilisait les principes démocratiques de notre pays. Dans le même temps, les États-Unis avaient aussi connu des attentats (à Oklaoma City, notamment).

En 2001, les gouvernants ont changé : Georges Bush aux États-Unis, Tony Blair au Royaume-Uni, Chirac et Sarkozy en France ont accédé aux plus hautes fonctions des États. Les attentats du 11 septembre 2001, entraînant la chute des Twins Towers, ont servi d'alibi à ces chefs d'Etat pour réduire, de façon profonde et autoritaire, les droits fondamentaux et les libertés.

Aux États-Unis, 40 jours après les attentats, ce qui fait penser que ces lois attendaient dans un tiroir, le Patriot Act est voté ainsi que son équivalent le Anti-terrorist Act au Royaune-Uni, et d'autres pays leur ont emboité le pas : le Canada, l'Australie, et même l'Allemagne. Ces législations antiterroristes s'appuient sur des justices d'exception et servent à autoriser toutes les dérives et toutes les atteintes aux droits fondamentaux et aux libertés.

Et maintenant, en France, avant de faire le catalogue des mesures soi-disant provisoires qui modifient notre vie quotidienne, faisons un rappel des modifications successives de la législation.

6 octobre 2001 : Le gouvernement dépose des amendements au projet de loi pour la sécurité quotidienne (LSQ), destinés à insérer dans cette loi des "dispositions renforçant la lutte contre le terrorisme". L'article 22 de la LSQ indiquait clairement que ces dispositions étaient exceptionnelles et temporaires et devraient prendre fin le 31 décembre 2003 ?

15 novembre 2001 : Promulgation de la LSQ. Le rapport d'évaluation prévu à l'article 22, et le décret d'application prévu à l'article 29 n'ont jamais vu le jour.

23 octobre 2002 : Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur du gouvernement Raffarin, dépose le projet de loi pour la sécurité intérieure (LPSI). L'urgence est déclarée. Le texte de loi prolonge de deux années supplémentaires la durée de vie de la LSQ, à des fins de lutte antiterroriste.

19 novembre 2002 : Le Sénat confirme cette prolongation.

26 décembre 2002 : Publication du rapport Estrosi qui préconise un simple amendement pour pérenniser les lois antiterroristes.

21 janvier 2003 : L'assemblée Nationale adopte, sans débat, l'amendement Estrosi, rendant définitives les mesures antiterroristes, pourtant "exceptionnelles et temporaires", menant à l'enregistrement de tous les faits et gestes des Français sur internet.

18 mars 2003 : La LPSI est promulguée et les mesures exceptionnelles, qui consistaient initialement à enregistrer les faits et gestes des internautes à des fins de lutte antiterroriste, sont déconnectées de l'existence d'une menace terroriste.

10 octobre 2005 : Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, présente un projet de loi relatif à la lutte contre le terrorisme (LCT), il affiche publiquement ses intentions : "être à l'écoute de tout, et si possible savoir tout " qualifiant de "polémique stérile" les réactions d'inquiétude provoquées par le projet de loi menaçant le droit au respect de la vie privée et le rôle de la justice.

26 octobre 2005 : Nicolas Sarkozy dépose le projet LCT sans tenir compte de l'avis de la CNIL, après avoir pris l'avis du Conseil d'État. L'urgence est encore une fois déclarée.

22 novembre 2005 : Publication du rapport Marsaud sur la LCT dans lequel l'article 5 du projet de loi confirme clairement la volonté d'exclure l'autorité judiciaire.

23 et 24 Novembre 2005 : Les mesures d'exception sont rendues définitives et ce qu'il faut noter dans ce vote, c'est son immédiateté avec la publication du rapport : 1 journée !

Avec l'installation de cette législation cynique, depuis novembre 2005, toutes les mesures antiterroristes qui devaient être transitoires et exceptionnelles sont devenues permanentes et ont été incorporées à la justice quotidienne et dans le droit commun.

Ces lois d'exception ont modifié notre perception de la notion de contrôle. Nous avons fini par accepter d'être tracés, contrôlés, surveillés, en arguant, de façon fallacieuse, que, puisque nous n'avions rien à nous reprocher, nous pouvions accepter cette surveillance?

Nous sommes ainsi entrés dans l'ère du soupçon permanent et dans une société de type sécuritaire, complaisamment mise en place par des gouvernements qui n'attendaient que ça.

La France, championne d'Europe de la surveillance des télécommunications, surveille particulièrement les échanges Internet. Les communications téléphoniques sont, elles aussi, surveillées, avant de parvenir, récemment, à l'étude des factures téléphoniques détaillées (les fadettes !), et à la mise sous contrôle des journalistes trop curieux ou indociles.

Prendre l'avion pour une destination internationale devient synonyme de parcours du combattant. Il nous faut n'emmener aucun objet tranchant, enlevez ses chaussures au contrôle, n'avoir avec soi aucun liquide en cabine, et subir des humiliations telles que se retrouver "à poil" par l'intermédiaire de l'œil de scanners corporels "déshabilleurs". Avant votre départ, n'oubliez pas non plus de donnez à l'agence de voyage tout votre « pédigrée », sinon pas de visa. Munissez vous de votre passeport « biométrique » avec votre photo numérisée de face et de profil et empreintes digitales de huit de vos doigts. Pour vous rassurer, vous aurez bientôt la même obligation avec la carte d'identité électronique adossée à un fichier centralisé de l'ensemble de la population française, appelée par un député de la droite « populaire » le fichier des honnêtes gens.

Souriez en permanence afin de paraître au mieux de votre forme dans la caméra de vidéosurveillance rebaptisée "vidéoprotection", toujours pour vous rassurer ! Bientôt, grâce au fichier des honnêtes gens et aux caméras à reconnaissance faciale, vous "tracer" et savoir où vous êtes sera un jeu d'enfants Et si la vidéo est bredouille, on pourra toujours faire appel à la RFID de votre passe navigo ou du pull-over que vous venez d'acheter en grande surface.

Nous pourrions encore en rajouter, mais arrêtons nous là...

Car oui, vraiment, nous vivons une époque moderne !


Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux




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