jeudi 12 mai 2011

L'euro contre l'Europe ?


http://fr.wikipedia.org/wiki/Zone_euro

La monnaie européenne, l'euro, n'est pas une monnaie de l'Europe. Cela tient à des évidences : il est des pays de l'Union européenne hors de la zone euro (par exemple la Grande-Bretagne) ; il est des pays hors de l'Union européenne qui ont l'euro comme monnaie (par exemple, le Kosovo). Cela tient aussi à ce que l'Europe des 27 États membres de l'Union politique déborde des 17 États membres de la zone euro. Enfin, cela tient à ce que l'Europe géographique continentale ne coïncidant pas, avec l'Union européenne, l'Europe est incomplète et politiquement inachevée.

Quand De Gaulle parlait de l'Europe "de l'Atlantique à l'Oural", il incluait une partie de la Russie, signifiant ainsi que l'Ukraine fait partie de l'Europe.

Le Conseil de l’Europe, dont le siège est à Strasbourg (France), regroupe aujourd’hui, avec ses 47 pays membres, la quasi-totalité du continent européen. Créé le 5 mai 1949 par 10 États fondateurs, le Conseil de l’Europe a pour objectif de favoriser en Europe un espace démocratique et juridique commun, organisé autour de la Convention européenne des droits de l’homme et d’autres textes de référence sur la protection de l’individu.

Réduire l'Europe à l'Union européenne est une imposture. Faire dépendre la politique européenne de la défense de l'euro, c'est ignorer la réalité humaine, économique, culturelle et monétaire d'un nombre d'États supérieur au nombre d'États de la zone euro ...

Quelle Europe voulons-nous et veulent-ils l'Europe, aujourd'hui, "ceux qui crient l'Europe, l'Europe" (comme persiflait encore De Gaulle) dont les héritiers du gaullisme !

Les deux obstacles à la création de l'Europe sont insurmontables. L'Europe est née d'une exigence économique (le charbon et l'acier, industries indispensables à l'économie de guerre) et elle y est restée enfermée. L'Europe a été pensée face à l'Union soviétique et est restée dominée par les États de l'Ouest de l'Europe eux-mêmes inféodés au libéralisme économique.

L'euro ne peut faire l'Europe et ne peut qu'être l'instrument monétaire d'une Europe qui se fait. Or l'Europe ne se fait plus ; elle se défait ! Par morceaux (la Grèce, le Portugal, l'Irlande...) elle sacrifie des populations entières, qui n'en peuvent mais, à des intérêts financiers exacerbés par ces agences de notation qu'il serait grand temps de noter !

Qui nous délivrera de la note qui nous transforme tous en écoliers soumis ?

L'Europe politique a plus son siège à Strasbourg (au Conseil de l'Europe) qu'à Bruxelles (au Parlement européen). Les élections européennes ont si peu fait l'Europe que le corps électoral (le plus vaste, avec un mode de scrutin le moins injuste qui soit, proportionnel), n'a pu installer l'autorité d'une Assemblée co-citoyenne ! Le pouvoir n'est pas au Parlement européen mais dans la Commission européenne, syndicat de gouvernements où l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la France imposent leurs vues, c'est-à-dire les vues du libéralisme antieuropéen.

L'euro est la meilleure et la pire des choses. Tout dépend de l'usage qu'on en fait. Or l'euro est devenu un instrument de la spéculation financière. À jamais il restera écrit, dans l'histoire de l'Europe, qu'on a plus payé pour sauver les banques qu'on a accepté de payer pour sauver les peuples fragilisés et, dans toute l'Europe, les minorités démunies. L'euro, comme le dollar (la livre sterling n'est pas concurrente) est une matière qui se produit comme l'on produit de l'énergie ou de la communication : c'est une abstraction très pratique et le volume de cette matière immatérielle est à 97% virtuel, à côté des 3% correspondant à l'économie réelle. L'euro est un outil qu'on a déconnecté des besoins primordiaux des peuples et qui vit en lévitation au-dessus d'une Europe qui ne sait ce qu'elle est, sinon cette fédération d'États-nations qui s'est cherchée et ne s'est jamais trouvée.

Et si l'euro devait se briser, ce ne serait pas la faute de l'Europe mais la faute de l'Union qui, peu à peu, rend l'idée européenne inacceptable pour les citoyens européens, si peu concitoyens et tellement conditionnés à devenir des concurrents.

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran



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