dimanche 3 mai 2015

Que fêtons-nous le 1er mai ?


Comme beaucoup de fêtes qui ponctuent notre calendrier, l'origine du 1er mai s'est perdue dans les manipulations successives.

C'est en 1889 que le Congrès de l'Internationale Socialiste décide de faire du 1er mai la « Journée internationale de lutte des travailleurs ». Cette décision est prise pour commémorer le 1er mai 1886 qui marque le début d'une grève des organisations ouvrières de Chicago, en revendication de la journée de huit heures.
Cette époque est le règne, aux USA, des « Barons voleurs » 1 qui se moquent du droit du travail et de la vie des travailleurs. La grève se termine dans un bain de sang et 7 ouvriers « meneurs » sont traduits en justice et condamnés, 4 d'entre eux sont exécutés. Tous seront réhabilités en 1893.

Depuis cette époque, les politiciens de tous bords, conscients du caractère subversif du 1er mai, n'ont eu de cesse de le détourner de sa signification initiale.

En 1920, la Russie bolchevique proclame que le 1er mai sera chômé et deviendra la fête du travail.

En 1933, Hitler, parvenu légalement au pouvoir, institue le 1er mai comme un jour chômé célébrant le travail.

En 1941, en France, René Bellin, ancien secrétaire de la CGT, ministre du travail de Philippe Pétain, désigne le 1er mai comme « la fête du Travail et de la concorde sociale ». C'est aussi sous le gouvernement de Pétain que le muguet 2 remplace l'églantine ou l'aubépine qui était offerte auparavant.

A l'issue de la seconde guerre mondiale, en 1947, le 1er mai est inscrit dans le code du travail comme un jour férié, chômé et payé, tout en maintenant et officialisant la dénomination du gouvernement de Vichy : « fête du travail ».

De nos jours, le Front National s'est, lui aussi, emparé du 1er mai en souvenir malsain de l'expression « Travail - Famille - Patrie » et il réunit ses partisans pour célébrer le travail autour de la statue de Jeanne d'Arc, à Paris.

Par ces nombreux détournements, le 1er mai est devenu un jour de glorification du travail. C'était, à l'origine, la commémoration des luttes successives du mouvement ouvrier qui réclamait l'amélioration de leur situation et voulait obtenir des conditions de travail humaines et des salaires décents. En confondant, sciemment, fête du travail et fête des travailleurs, on célèbre non pas des personnes, mais le seul travail - emploi qui n'est pourtant, sur la planète, qu'une partie de l'activité de travail des êtres humains.

Près de 125 ans plus tard, les politiques actuelles et la voracité du capital ravivent les tensions. Un chômage endémique, la détérioration des conditions de travail, la volonté du patronat de détricoter le code du travail et de revenir sur les avantages acquis créent les conditions d'un retour à une situation de conflit permanent et de nouvelles luttes vont éclater.

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

1  http://fr.wikipedia.org/wiki/Gilded_Age – Rien n'a changé depuis 125 ans car on retrouve les mêmes noms.
2  Blanc comme le lys, symbole de la monarchie et de la sainteté.

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