L'invocation du droit est devenu
une incantation.
Les défenseurs des droits de
l'homme s'y réfèrent constamment.
Malheureusement les mots lancés,
qu'ils soient écrits ou criés, cèdent devant les faits.
Sous nos yeux, la discrimination
s'étend et s'étale au rythme de la richesse croissante.
Moins de pauvreté statistique ne
peut freiner l'augmentation de la misère.
L'écart entre les plus riches et
les plus pauvres est devenu abyssal.
Toujours plus d'humains sur terre
exigerait toujours plus de partage.
Mais il n'en est rien et c'est la
cause première de l'extension de la violence.
Les Droits de l'Homme ne sont nulle
part prioritaires.
Les États font reposer leur
légitimité sur la force.
L'élitocratie, la ploutocratie,
l'oligarchie occupent la République.
La res publica, la « chose
publique » passe, désormais, sous le joug du privé.
Il ne suffit pas de changer des
lois pour constituer un État de droit.
Le droit peut être « la
raison du plus fort » comme le dit la fable de La Fontaine.
Le droit sans droiture, sans vertu,
devient alors la justification des puissants.
Le droit, s'il n'est que l'affaire
de juristes, s'éloigne de la justice.
Une loi n'est pas bonne parce que
c'est la loi.
L'accumulation de lois vaines et
vite abolies détourne du droit.
L'unique droit qu'on peut aimer est
celui qui résulte du débat citoyen.
La fraternité, qui n'est pas un
droit, peut seule cimenter les droits véritables.
Aujourd'hui, le droit est non ce
qui libère mais ce qui oblige, il a perdu son sens.
Le droit est devenu la forme donnée
à un ordre haïssable.
C'est pourquoi le droit ne suffit
plus : il est la lettre qu'a déserté l'esprit.
Il est « l'organisation des
pouvoirs publics » au lieu d'être la charte de l'en commun.
Dans « l'Ancien Régime »,
le droit dépendait du pouvoir divin du Roi.
Le Prince avait droit de vie et de
mort sur ses sujets.
Nous avions cru échapper à cet
ordre fatal par des révolutions populaires.
Le retour de monarques, escortés
de leur cohorte de valets, s'est effectué en douceur.
Il nous faut cesser de prendre le
moyen pour la fin !
Aucun droit républicain ou
religieux n'a de caractère absolu.
S'en remettre à un droit n'assure
plus la paix civile.
Imposer l'ordre par la loi
transforme les hommes en esclaves.
Si les droits de l'homme ne sont
pas les droits des humains, ils sont vains.
Le droit n'est que la forme de la
règle et pas la règle elle-même.
Le droit est plus qu'un texte :
c'est une entente et un accord qui engagent.
C'est la quête d'une vérité
impossible à figer.
Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran
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