Radio Frequency Identification Data en Anglais, plus simplement, en Français : identification par radio fréquence.
Ce sont des étiquettes intelligentes qui, sans faire de bruit, sont en train d'envahir notre quotidien et qui permettront de communiquer à distance avec les objets, voire aux objets de communiquer entre eux. C’est, indéniablement, une avancée technologique mais aussi un incroyable outil de traçage qui inquiète les organisations de protection des libertés individuelles.
Orwell a-t-il eu tort d'avoir raison trop tôt?
Traçage, oui, non seulement sur les animaux, mais aussi en implantant dans chaque chose , éventuellement, chaque être, un mini-mouchard électronique. La possibilité de détection des RFID est aujourd’hui de quelques centimètres, voire de quelques mètres, mais, demain, de plusieurs dizaines de mètres, « sans contact » la faculté de tout suivre, pister, détecter, contrôler, surveiller électroniquement.
Pour le consommateur, ces étiquettes sont présentées comme améliorant le confort et la commodité, elles permettraient, par exemple, d'éviter les files d'attente à la caisse des supermarchés grâce à l'identification à distance des produits contenus dans les caddies par simple balayage radio. Effectivement, très pratique et commode, à condition d’admettre que chacun de nos déplacements puissent être éventuellement enregistré - date, heure, trajet, temps de parcours, etc.
L’intérêt principal des RFID pour leurs promoteurs est de recueillir et de stocker des millions de données - une richesse dans la société de l’information mais aussi une source de pouvoir dans une société de domination.
Quand le droit passe après la révolution technologique...
De quoi s’agit-il vraiment ?
C'est une étiquette code à barres qu'on aurait doté d'une intelligence qui caractérise l’objet ou la personne qui la porte parmi toutes les autres, et est lisible à distance. Presque invisible, ce micro processeur est muni d'une antenne réagissant aux ondes électromagnétiques, ces étiquettes restituent et/ou intègrent, sans énergie interne, les informations qu'elles contiennent ou qu’on leur envoie dès qu’elles sont dans le champ d’un lecteur.
Les industriels voient dans leur utilisation un abaissement important de leur coût de fabrication et de logistique : meilleure gestion des stocks, réduction des coûts, protection antivols. Ils y voient, aussi, le moyen d'optimiser la traçabilité des marchandises tout au long de la chaîne de distribution, depuis l'entrepôt jusqu'aux caisses voire même beaucoup plus loin, chaque étiquette présentant un numéro de code personnel unique permettant l'identification et le suivi des objets de manière individuelle, véritable carte d’identité de l’objet. Ils y voient, enfin, sous le couvert de la commodité et du confort un instrument de traçabilité et de profilage du consommateur sans concurrence aujourd’hui.
Les utilisations sont vastes et variées, en voici quelques exemples :
Nokia commercialise un portable avec lecteur RFID pour inventorier les objets qui sont autour de soi et transmettre les données à distance. IBM a mis au point le dispositif « Person Tracking Unit » permettant de scanner les étiquettes sur les éléments d’une foule pour suivre les mouvements dans les lieux publics. Des bibliothèques l’utilisent pour l’enregistrement des livres empruntés au passage du portique de sortie.
Et aussi :
Le suivi des bagages dans les aéroports ;
L’identification des véhicules, des produits de luxe et des médicaments (pour éviter la contrefaçon) ;
L’ouverture contrôlée des portes électroniques ;
Le remplacement des badges ;
La traçabilité alimentaire ;
L’identification et traçage des animaux domestiques et des humains, pourquoi pas.
Il existe des expérimentations sur les humains : en Espagne, des personnes se font injecter sous la peau de l’avant bras une RFID pour entrer et consommer dans des boites de nuit sans avoir à décliner leur identité, aux Etats Unis et au Mexique, pour déjouer les enlèvements des personnes nanties.
C’est enfin, dans notre pays, la technologie utilisé pour le Passe Navigo parisien et le passeport biométrique. Ce système de Passe existe aussi pour beaucoup de moyens de transport collectif en Province ainsi que pour accéder aux remontées mécaniques alpines. Le passeport biométrique français comporte lui aussi une puce RFID dans la mémoire de laquelle sont enregistrées une photo numérisée face et profil, ainsi que les empreintes digitales de 8 de nos doigts. Lors de sa mise en place, ce système a été vanté comme la parade absolue à la fraude et à l’usurpation d’identité. Nous savons aujourd’hui qu’il n’en est rien puisque les puces RFID peuvent être clonées très rapidement et facilement avec un matériel peu coûteux.
Pour généraliser, d’ici à 2011/2012, chacun des environs 50 000 milliards d’objets de la vie quotidienne, vendus journellement, seront munis d’une puce RFID. Dans quelques mois, sinon une année ou deux, vous n’aurez plus besoin de vider vos caddies aux caisses des magasins à grandes surfaces, vous passerez à proximité d’un lecteur qui instantanément analysera les RFID des produits achetés et créera la facture de vos achats ; vous n’aurez plus qu’à payer par carte bancaire de préférence. À partir de ce moment, le logiciel du système informatique de votre magasin croisera vos achats avec vos coordonnées et pourra en toute quiétude vous abonder directement à votre adresse personnelle des publicités promotionnelles correspondant à votre profil. Plus besoin pour le magasin de vous dérober ces informations en vous « offrant » une carte malin ou autre. De plus, en dehors d’une atteinte directe à notre vie privée, ce système mettra au chômage une grande partie des 250 000 caissières de grandes surfaces.
À l’évidence, cette révolution technologique, croisée avec les nanotechnologies dont les scientifiques disent qu’elles seront la prochaine révolution industrielle et qu’elles vont bouleverser tout notre environnement, pose la question du respect de la vie privée et des droits fondamentaux. En effet, le citoyen est en droit de s’imaginer que porteur de vêtements, de chaussures « RFIDisés » il pourrait ensuite être tracé en permanence par des lecteurs judicieusement placés dans des lieux de passages obligés, dans les transports publics, par exemple.
Empreintes digitales, iris..., je t'ai à l'œil...
Comme beaucoup de progrès technologiques, ces pseudos avancées comportent de sérieux revers. Elles sont surtout un puissant moteur de développement industriel et engendrent des profits importants. Ce pactole ne manque pas d’attirer les grands groupes agroalimentaires, les entreprises militaro-industrielles, les laboratoires médicaux qui sont prompts à faire miroiter les bienfaits en omettant, jusqu’au mensonge, d’évoquer des risques pour l’instant mal cernés.
Dans le domaine du contrôle social, les applications multiples liées à la miniaturisation nanométrique – des RFID de la taille de la poussière, par exemple – couplées à des bases de données informatiques de plus en plus performantes, peuvent faire redouter une société de surveillance totale où les moindres faits et gestes d’un individu seraient épiés et enregistrés à son insu. À défaut d’un encadrement contraignant et de garanties effectives de limitation de leur emploi et de contrôle de leur utilisation, les RFID nanotechnologies permettraient, par leur hyper miniaturisation et par leur invisibilité, une surveillance indétectable des citoyens : mini-caméras de vidéosurveillance, microdromes, etc
La situation est d’autant plus préoccupante que ces nouvelles technologies représentent, on l’a vu, des enjeux économiques considérables, sur des marchés qui ne sont encore qu’en émergence, et l’on peut s'inquiéter des pressions industrielles et financières importantes qui couplées à des envies de domination du pouvoir déboucheraient sur une société de surveillance généralisée.
La responsabilité des associations de défense des libertés individuelles est considérable face à ces dérives et à leurs conséquences. Sans notre vigilance, Big Brother peut désormais nous étouffer dans ses bras !
Voir le site de Pièces et Main d'Oeuvre : http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?article66
Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux
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