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jeudi 12 novembre 2009

9 novembre 1989 - 9 novembre 2009

Le 9 novembre 1989, le communisme soviétique s’effondrait, ouvrant pour des millions de personnes prisonnières derrière le rideau de fer, des perspectives de liberté et d'espérance dans les bienfaits que la société occidentale devait leur dispenser.


... Et Berlin comme un œil derrière le Rideau de fer!

De nombreux chefs d’État ont fait le déplacement de Berlin pour fêter l’événement, en laissant penser qu’une ère de bonheur et de prospérité, dans un monde pacifié et sans frontière, s’était ouverte le jour de la chute du mur. Curieusement, Barak Obama n’a pas fait le déplacement.

Le 9 novembre 1989, jour de victoire pour les défenseurs des droits de l’Homme, ne fut pas le point de départ d’une ère nouvelle, hormis pour les tenants du capitalisme, qui a sombré ce même jour, dans la pire dérive de son histoire : le libéralisme effréné et son cortège de drames sociaux et humanitaires,.

Vingt ans plus tard, le constat est affligeant.

La planète est hérissée de murs et de barrières infranchissables, entre le États-Unis et le Mexique, Israël et la Cisjordanie, la Chine et la Corée du Nord, la Corée du Nord et la Corée du Sud, le Botswana et le Zimbabwe, l'Afrique du Sud et le Zimbabwe, l'Arabie saoudite et le Yémen, l'Inde et le Pakistan, le Bangladesh et la Birmanie, l'Ouzbékistan et le Kirghizistan, l'Afrique du Nord dans les enclaves espagnoles de Ceuta et de Melilla, sur la côte marocaine... Partout, des murs s’élèvent et ferment les frontières. Plus de 18000 kilomètres de par le monde!

L’Union européenne se barricade aussi derrière les murs de son espace Schengen et, avec la complicité de ces voisins corrompus, édifie aux portes de l’Europe, des centres de rétention, des zones d’attente où des milliers de migrants lorgnent vers ce qu’ils imaginent être l’éden. Il y a 250 de ces centres hors les frontières Schengen.

Même à l’intérieur de nos villes, des murs virtuels séparent les pauvres et les indésirables des riches. Maintenant, des nantis s’enferment dans des résidences concentrationnaires, sortes de ghettos hérissés de caméras de surveillance et gardées par des milices.

En 1989, 85 % des demandes d’asile étaient acceptées, aujourd’hui 85 % sont refusées et les demandeurs renvoyés vers leur pays d’origine où, la plupart du temps, ils risquent la mort.

Attention que ces murs, ces forteresses ne deviennent pas nos prisons! À Paris, pour réaliser le fameux Mur des Fermiers Généraux, 50 barrières d'octroi furent construites entre 1785 et 1788. Le 13 juillet 1789, le peuple de Paris les abattait, ce qui est moins connu que la prise de la Bastille!


« Le mur murant Paris, rend Paris murmurant ».
Beaumarchais, qui y voyait l'une des causes de la révolution, rapporta l'alexandrin fameux témoignant du mécontentement des Parisiens s'apercevant qu'on les emprisonnait.

1789-1989. Et nous? De murs en murs, allons-nous comprendre que l'on élève encore, autour de nous, obstacles, de toutes formes et de toutes apparences? Vingt ans après 1989, est apparue une nouvelle forme de colonialisme : les gouvernants et les entreprises occidentaux prélèvent toujours, à vil prix et sans aucune honte, les ressources des pays du Sud. Aucun dirigeant occidental ne se préoccupe, sauf de façon médiatique et compassionnelle, de la misère profonde de la majorité des populations de ces pays, alors que leurs responsables, leurs roitelets plutôt, corrompus par les mêmes, ne redistribuent pas les recettes et s’enrichissent de façon cynique.

Vingt ans plus tard, le capitalisme traverse des crises à répétition : éclatement des bulles internet et immobilière, crise financière et sociale entraînant une paupérisation organisée de la population mondiale. Demain une crise climatique explosera, résultat d’une croissance exponentielle non maîtrisée et d’une boulimie de création d’argent pour l’argent, avec des migrations sans précédent pour conséquence.

L'ethnocentrisme occidental, qui ne voit la barbarie que chez les autres, nous y conduit tout droit! Maintenir des millions de personnes hors de notre monde, en désespérer des millions d’autres, c’est, en effet, générer le ferment de la barbarie pour demain.


"Le barbare, c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie"
Claude Lévy-Strauss (1908-2009)

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

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