mardi 9 juin 2015

Nous sommes républicains.


Est républicain celui qui est partisan de la République, écrit sobrement notre dictionnaire. À ce titre, nous sommes tous républicains, ou presque.
Au delà de cette appellation, nous sommes attachés aux valeurs dans lesquelles s'incarne la République : Liberté, Égalité, Fraternité et, plus que jamais, Laïcité.
La République ou res-publica, c'est la chose publique. C'est l'absolue priorité accordée à l'intérêt général et pas aux domaines privés. C'est le développement irréversible du service public.
Pourtant, à y regarder de près, au cours de l'histoire récente, particulièrement de la 5ème République, quel parti, après son passage au pouvoir, peut se faire une gloire d'avoir conduit une véritable politique respectant totalement ces valeurs ?
Aucun ! Ni de droite, ni de gauche.


La démarche de Nicolas Sarkozy visant à changer le nom de l'ex-UMP est un indigne détournement d'héritage et, comme l'a titré le journal Marianne, un « hold-up sur la République ».
Quand il était aux affaires, l'ex président de la République en a souvent pris à son aise avec les lois de la République et le voici qui s'autorise, aujourd'hui, à donner des leçons de républicanisme et de démocratie. Quelle prétention vulgaire !
Nous sommes convaincus que la République est notre bien commun et, à quelques exceptions près – hier les dirigeants de Vichy, à présent nombre de responsables du FN et de quelques organisations marginales –, nous sommes tous républicains quelles que soient nos divergences politiques, idéologiques, culturelles ou religieuses.
La République, qui n'est ni de droite, ni de gauche, a été construite par des hommes de différentes origines idéologiques ; elle ne saurait être la propriété d'un parti ou d'un homme.
C'est un bien en partage et nul n'a le droit de l'annexer, pas plus Sarkozy qu'un autre !


L'ex-président, devenu chef d'un vaste clan, veut faire passer le message selon lequel lui et ses soutiens seraient les seuls républicains, rejetant, ainsi, tous les autres Français hors du cercle constitutionnel. C'est une insulte intolérable !
Pour accréditer sa thèse, il prétend que les socialistes ne sont pas préoccupés par l'avenir de la République mais seulement par l'avenir du socialisme.
Quelle stupidité, surtout lorsqu'on constate que seulement une mince différence sépare la pratique politique de l'ex-UMP de celle du PS qui n'est plus, aujourd'hui, vraiment socialiste, mais plutôt social-libérale.
Et, quand bien même les socialistes seraient restés socialistes, rappelons-nous ce qu'affirmait Jean Jaurès : « Sans la République, le socialisme est impuissant ; mais sans le socialisme, la République est vide. »


La manœuvre de Sarkozy n'est que basse tactique pour essayer de faire oublier les affaires qui le poursuivent, dont il ne parvient pas à se débarrasser, tout en tâchant de rendre plus présentable l'idéologie qu'il incarne et qui est de plus en plus compatible avec celle du Front national.
Son parti, nouveau par le nom, mais antédiluvien par ses principes, présente, en effet, une très grande perméabilité avec les idées véhiculées par les Lepen.
Un ancien ministre de droite, Luc Ferry, a très bien résumé la situation créée par décision de renommer l'UMP en « Républicains » : « Les républicains, comme si nul autre ne l'était ! Comble du ridicule - imposture historique et intellectuelle. »
Le malheur de notre époque, c'est que l'héritage des Lumières, malmené et contesté par l'idéologie capitaliste, n'aura guère été défendu par les gouvernements qui se sont succèdés, et notamment pas par celui, actuel, de François Hollande.
C'est pourquoi nous attendons - sans grande conviction, hélas - que les organisations et associations qui défendent la démocratie et les droits fondamentaux, telles que la Ligue des Droits de l'Homme, s'expriment avec plus de force pour s'opposer à la confiscation de la République.


Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

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