mercredi 17 juin 2015

Changer de mode de vie pour ne pas laisser tout s'effondrer.


Ou bien il faut enfermer, d'urgence, Naomi Klein, ou bien il faut lui réserver, dès à présent, une place au panthéon des personnalités dont la pensée aura changé le monde.

La grande journaliste canadienne a commis un livre de quelques 600 pages, traduit et édité, en France, chez Actes Sud. Son titre est provocateur : Tout peut changer et son sous-titre plus encore : Capitalisme et changement climatique.

Y est sous entendu, en effet, en reprenant ce que suggère ce long titre, que le changement climatique et ses conséquences destructrices pour l'espèce humaine ont, de nos jours, pour cause principale, le capitalisme et son organisation ultra-libérale de l'économie. Il devient, alors, urgent de « tout changer ». Ce n'est pas qu'un vœu, c'est possible. Toutefois, selon les plus hautes compétences que citent Naomi Klein, si rien n'est engagé avant 2017, l'avenir ne peut, ensuite, que gravement s'assombrir.

Le capital de Karl Marx, à côté de cette condamnation sans appel d'un régime économico-politique qui s'est imposé sur notre planète, depuis deux siècles au moins, et qui triomphe sans obstacle depuis 1989, semble une simple bluette et cette dangereuse communiste, dirait-on aux USA, devrait être dénoncée et traduite devant les tribunaux comme une néo-terroriste.

Car si les analyses et les conclusions de Naomi Klein contiennent une large part de vérité, il faut, en effet, rompre avec toutes les politiques et tous les politiciens qui ne tiennent nul compte de ce que « notre modèle économique est en guerre contre la vie sur Terre ». La politique, désormais, se doit d'intégrer la dimension de notre survie.

Cette longue et impitoyable interpellation, très argumentée, adressée à « l'humanité défendant, à corps perdu, un mode de vie qui la mène à sa perte » est bien plus qu'un plaidoyer hyper-écologiste.

C'est,  envoyé avant la COP21, qui doit se tenir en décembre 2015, à Paris, un avertissement véhément : quelles que soient nos préférences politiques, il n'est plus possible de vivre comme nous vivons, car nous risquons non pas de tuer la planète mais d'anéantir notre espèce elle-même.

Naomi Klein n'est ni la première ni la seule à lancer un tel appel d'alerte face aux périls incommensurables que peut générer un changement climatique accéléré dont les activités humaines ont été et restent responsables. Les « climatosceptiques » ont beau violemment contester ces catastrophistes que seraient les scientifiques du GIEC, ils ont perdu la partie. Les faits parlent, les savants écrivent, l'information circule : il faut sortir au plus vite de l'impasse !

Les bouleversements constatés, (incendies, inondations, sécheresses, cyclones dont le nombre et l'intensité ne cessent d'augmenter) confortent les résultats de travaux qui tous convergent : au rythme où fondent les banquises, s'étendent les déserts, se multiplient les flux de migrations, s'écroule la biodiversité, le XXIe siècle peut voir se produire des violences mettant à mal les civilisations.

On peut craindre que les prises de conscience ne modifient pas grand chose. Il ne suffit pas de savoir pour changer. Nos addictions à la société de consommation ne peuvent être effacées par des mots. Notre « formation de formatés » a fait de nous des convaincus qui pensent que rien ne peut changer, dans notre mode de vie, sans régressions insupportables.

Nous n'avons, pourtant, que deux choix : ou bien attendre les événements dévastateurs qui vont nous contraindre de changer, dans la douleur, nos habitudes installées, ou bien commencer, sans tarder, à changer nos pratiques quotidiennes les plus néfastes à notre environnement et donc à nous-mêmes ainsi qu'à nos descendants, plus encore. Nous sommes dans le déni, parce que la révélation est trop violente.

Le livre de Naomi Klein mais aussi celui de Pablo Servigne et Raphaël Stevens (Comment tout peut s'effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes, paru aux éditions du Seuil, en 2015 également), nous orientent vers une relecture de l'actualité en nous suggérant qu'il est possible de faire d'un péril imminent une ultime chance. Difficile et indispensable conversion : la crise n'était pas budgétaire mais écologique. Les responsables politiques sont encore plus bloqués que les citoyens pour l'admettre car leurs repères sont en ruine, mais les faits finissent par s'imposer.

Il nous faut compter avec l'instinct de survie qui est tout puissant : nous ne sommes pas condamnés à subir et à périr ! Nous allons vivre une mutation bouleversante mais salvatrice.

N'en soyons pas que les spectateurs !

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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