lundi 5 août 2013

Politique sécuritaire : une alerte qui tombe vraiment à pic ?


Washington décide de fermer une vingtaine de représentations diplomatiques suite à des messages émanant de responsables haut placés d'Al-Qaïda qui auraient été captés par la « surveillance » étasunienne. La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont imité les USA en fermant leurs ambassades au Yémen.

Des officiels américains se sont bousculés sur les médias US pour dénoncer les menaces d'attentats.
Le président de la Commission de la sécurité intérieure de la Chambre des représentants affirme : « Un attentat semble imminent /.../. C'est une des menaces les plus crédibles et les plus précises que j'ai vues depuis le 11 Septembre », suivi du général Martin Dempsey, le chef d'état-major américain : « Il y a un flot significatif évoquant des menaces et c'est à cela que nous réagissons /.../ La cible exacte n'est pas connue, mais l'intention est claire ». Dutch Ruppersberg, membre de la Commission sur le renseignement de la Chambre renchérit : « nous avons reçu des informations sur le fait que des membres haut placés d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique évoquent un attentat majeur ». Peter King, enfin, lui aussi membre de la Commission du renseignement de la Chambre des représentants, a souligné que les renseignements évoquaient « le fait que ça doit être un attentat énorme, et quelques dates ont été citées aussi /.../ Nous pensons que cela va le plus probablement se passer au Moyen-Orient ou autour d'une ambassade, mais il n'y a aucune garantie ». Quelques autres personnalités se sont aussi exprimés à ce sujet. 

Comme on pouvait s'y attendre, la NSA fait l'éloge de ses systèmes de surveillance qui lui auraient permis d'intercepter les messages en question. (voir : http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2013/08/05/fermeture-d-ambassades-le-programme-de-la-nsa-prouve-sa-valeur_3457701_3222.html)

Cela fait beaucoup de monde pour s'exprimer sur ce sujet, trop de monde nous semble-t-il !

Le plus pénible, en pareils cas, c'est que rien ne nous permet de savoir si les projets d'attentats sont avérés ou sont le résultat de la paranoïa des services de renseignements et des manipulations des gouvernements occidentaux.
Rappelons nous, comment le Général Colin Powell, déclarant, à la tribune de l'ONU, la main sur le coeur, que Sadam Hussein détenait des armes nucléaires, nous a trompé, alors que tous les services de renseignements occidentaux étaient sûrs du contraire. Il est de notre responsabilité qu'aucun de ces menteurs n'ait jamais été poursuivis, y compris Tony Blair.

Grâce au courage d'Edward Snowden, nous savons, aujourd'hui, qu'au lieu de revoir la politique de son prédécesseur Georges W. Bush, le président des Etats-Unis, Barak Obama, a renforcé les systèmes de surveillance de l'ensemble des communications mondiales.

D'abord le système PRISM qui permet d'accéder à nos données à partir des serveurs Web, ensuite XKeyscore, un programme secret de surveillance d'internet qui permet de suivre "à peu près tout ce qu'un utilisateur lambda" fait sur le réseau, et, aujourd'hui, on apprend, toujours à partir des mêmes sources, que le FBI est capable d’activer à distance les micros des smartphones Android et des PC pour enregistrer les conversations des utilisateurs. 

En France, malgré le mutisme du gouvernement, nous savons, comme l'a confirmé le journal Le Monde dans son édition du 4 juillet 2013, que la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et six autres services de renseignement espionnent, illégalement, la totalité de nos communications. L'ensemble de nos mails, de nos SMS, des relevés d'appels téléphoniques, des accès aux réseaux sociaux sont stockés pendant des années.

Si ce n'était pas dramatique, cela pourrait être drôle de penser que les « terroristes » n'ont même plus besoin de mettre leur menace à exécution pour déstabiliser l'ensemble du monde occidental. Colosse au pied d'argile, le modèle capitaliste ne sait vivre que dans une concurrence qui crée l'hostilité et l'agressivité. Il y a quelques décennies, on agitait le spectre du bloc communiste, et maintenant celui d'une mouvance pseudo religieuse qui menacerait notre système démocratique, lequel se cherche encore.

Nous nous garderons bien de confirmer ou d'infirmer la véracité des allégations des services de renseignements occidentaux, mais cette alerte nous semble tomber à pic et bien à propos pour justifier des systèmes de surveillance mis en place dans la plus grande opacité et pour voler au secours des gouvernants qui peuvent ainsi affirmer qu'il s'agit de décisions destinées avant tout à garantir la sécurité des citoyens.

Il nous semble important de rappeler les propos de Benjamin Franklin, l'un des « pères fondateurs des États-Unis », co-rédacteur, avec Thomas Jefferson, de la Déclaration d'indépendance des États-Unis de 1776 : «  Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux. »

Comme il a toujours raison !

Par nos peurs irraisonnées, aggravées par les discours sécuritaires des pouvoirs politique, financier et industriel nous participons à la construction d'une société de contrainte qui réduit nos libertés.

Tous surveillés, nous sommes tous complices !


Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux




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