La biométrie est une technique qui permet d'établir l'identité d'une personne en mesurant une de ses caractéristiques physiques. En mesurant les caractéristiques physiques d'un individu, on collecte ses données personnelles, c'est à dire des éléments de sa vie privée, de son intimité.
Raymond Forni, qui fut
Président de la CNIL, affirmait : « Face à ces dangers
- ceux des risques d'atteinte aux données personnelles - nous
devons conserver une attitude prudente et responsable ».
Il avait raison mais n'a
pas été entendu.
Il est indispensable
d'encadrer de façon absolue l'utilisation de la biométrie, de
toutes les formes de biométrie.
Nous avons à réfléchir
sur ces sujets qui mettent en cause jusqu'au fondement de nos
civilisations et nous devons légiférer pour encadrer ces
technologies. On ne peut pas considérer les données biométriques
de chaque individu comme une marchandise commerciale en laissant la
sphère économique faire à sa guise.
A ce jeu là, dans
quelques temps, quelques années au plus, on glissera, à la
naissance, sous la peau de nos enfant une puce avec son code ADN.
Bien sûr, face à ces
développements, on entend le chant de sirènes qui susurrent :
« Mais, quel progrès
….. ainsi nous pourrions sauver plus de vie au urgence à l'hôpital
….. nous pourrions soigner les maladies héréditaires ... nous
éviterions tous les crimes ... nous pourrions … , etc »
Ce que ne disent pas les
sirènes, c'est que le « pouvoir » pourrait sans obstacle
surveiller et soumettre l'ensemble de la société.
On distingue aujourd'hui deux catégories, la biométrie sécuritaire et la biométrie de confort.
En ce qui concerne la
biométrie sécuritaire, il y a une différence essentielle,
fondamentale pour les libertés, entre son utilisation en
surveillance préventive et quotidienne des citoyens (sécurité
policière) et son utilisation pour retrouver le coupable d'un crime
(sécurité judiciaire).
L'idée d'utiliser la
biométrie de manière préventive est dangereuse pour les libertés
individuelles et collectives, Raymond Forni disait : « Dans
une démocratie, je considère qu’il est nécessaire que subsiste
un espace de possibilité de fraude. ….... J’ai toujours été
partisan de préserver de minimum d’espace sans lequel il n’y a
pas de véritable démocratie. » Nous ne pouvons que
partager ces propos de bon sens et rejeter l'utilisation « a
priori » de la biométrie qui installerait une société
totalitaire et coercitive confisquant toutes les libertés.
En ce qui concerne la
biométrie de confort, de quoi parle-t-on ? qu'est-ce que la
biométrie de confort ?
- L'utilisation des
empreintes palmaires pour accéder à une bibliothèque ou une
cantine sous prétexte de ne pas perdre sa carte individuelle ; belle
avancée éducative, mais aussi beau rendement financier pour les
installateurs et la maintenance.
- C'est faire démarrer
son automobile ou son ordinateur grâce à son empreinte digitale ?
- C'est demander à un
société américaine de comparer son ADN avec celui de son petit
dernier ?
Les exemples sont
innombrables …
Et à bien y regarder, il
s'agit d'une biométrie de confort « sécuritaire » :
droit/interdiction d'entrée, droit/interdiction de faire démarrer
une voiture, un ordinateur, certitude sur sa paternité.
Idées singulières du
confort, en l'occurrence, il semble surtout que le confort est
seulement celui des industriels et des financiers.
Il y a une notion
fondamentale des droits de l'homme, trop souvent négligée, qui est
que à chaque droit individuel correspond le droit individuel de
l'autre. D'ailleurs, l'article 29 de la Déclaration Universelle des
Droits de l'Homme du 10 décembre 1948 le confirme : « L'individu
a des devoirs envers la communauté ….. »
Puisse que l'individu a
des devoirs envers la communauté ….. la communauté a des devoirs
envers l'individu ... en conséquence, le modèle économique dominant devrait se préoccuper des droits des hommes, du respect de leurs données personnelles et de leur vie privée. Pourtant son crédo, avec l'appui des gouvernements, est trop souvent la recherche de profits rapides et faciles.
C'est un danger pour les libertés et les droits fondamentaux.
Nous ne devons pas nous rendre complices des agissements de ce système économique inégalitaire et liberticide qu'il est indispensable et urgent de dénoncer et de combattre avec force.
C'est un danger pour les libertés et les droits fondamentaux.
Nous ne devons pas nous rendre complices des agissements de ce système économique inégalitaire et liberticide qu'il est indispensable et urgent de dénoncer et de combattre avec force.
Ces systèmes, qu'avec
notre passivité partagée, la société met, aujourd'hui, en place,
ne laissent pas ce minimum d'espace nécessaire au bon fonctionnement
de la démocratie.
Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux
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