Cette phrase que
l'on entend souvent dans le bouche de ceux qui veulent justifier du
développement de la surveillance des citoyens cache une
argumentation d'une grande perversité et beaucoup d'hypocrisie.
Pour adoucir son
propos, une partie de l'affirmation est occultée ; la phrase
complète est : « comme vous n'avez rien à vous reprocher,
vous pouvez vous laisser surveiller. »
Alors, pourquoi me
surveiller ? Réponse de bon sens puisque si l'on considère n'avoir
rien à reprocher à quelqu'un, pourquoi le surveiller ?... mais,
« parce que la société est dangereuse » et « qu'il
faut vous protéger ».
Ces propos sont particulièrement trompeurs, car, la priorité du législateur n'est jamais la protection du citoyen. La preuve nous en est donné, par exemple, par le volet vidéo-protection de la LOPPSI 21 où la sécurité des personnes et des biens n'apparait qu'en 5ème position de l'énumération des finalités et seulement en 8ème position pour le secours aux personnes.
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Article
17 de la LOPPSI 2
L’article
10 de la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 d’orientation et de
programmation relative à la sécurité est ainsi modifié :
...
La
transmission et l’enregistrement d’images prises sur la voie
publique par le moyen de la vidéoprotection peuvent être mis en
oeuvre par les autorités publiques compétentes aux fins d’assurer
:
1°
La protection des bâtiments et installations publics et de leurs
abords ;
2°
La sauvegarde des installations utiles à la défense nationale ;
3°
La régulation des flux de transport ;
4°
La constatation des infractions aux règles de la circulation ;
5°
La prévention des atteintes à
la sécurité des personnes et des biens dans des lieux
particulièrement exposés à des risques d’agression, de vol ou de
trafic de stupéfiants ainsi que la prévention, dans des zones
particulièrement exposées à ces infractions, des fraudes
douanières prévues par le second alinéa de l’article 414 du code
des douanes et des délits prévus à l’article 415 du même code
portant sur des fonds provenant de ces mêmes infractions ;
6°
La prévention d’actes de terrorisme ;
7°
La prévention des risques naturels ou technologiques ;
8°
Le secours aux personnes et la défense contre l’incendie ;
9°
La sécurité des installations accueillant du public dans les parcs
d’attraction.
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C'est dire le peu de
cas qui est fait de la personne humaine dans toutes ces décisions.
La priorité des
dirigeants est la pérennité du pouvoir et la protection de tous ses
attributs.
En effet, bien aidé
par le complexe industrio-financier qui y trouve son compte, les
gouvernants mettent en oeuvre, insidieusement, une société de
défiance dans laquelle, pour évaluer leur potentiel de dangerosité,
ils entendent surveiller, ficher, tracer et profiler tous les
citoyens, afin que leurs intérêts partagés ne soient pas
contestés.
Pour preuve la loi
de rétention de sureté du 25 février 2008 qui permettrait de
priver de liberté un individu « présumé dangereux » à
l'issue de sa peine.
Cette pseudo-peine,
qui existe aussi dans d'autres pays, en Allemagne, une personne est
restée privée de liberté pendant plus de 15 ans après avoir purgé
une peine de 5 ans au prétexte d'une grande dangerosité, montre le
déficit démocratique des nations occidentales.
On le voit avec le
fichier STIC2
qui recense pendant 20 à 40 ans les identités de 35 millions de
Français ou le FNAEG3
qui pour des délits mineurs ou de simples présomptions collecte
l'ADN de nos concitoyens pendant 25 à 40 ans.
On le voit enfin
avec le fichier TES4
qui, malgré la censure du Conseil Constitutionnel, constituera le
premier fichier de l'ensemble de la population française centralisé
au ministère de l'intérieur.
Cette censure ne
rassure pas sur la possibilité pour les services de police
d'utiliser les informations du fichier car il faut se rappeler les
détournements du FNAEG depuis sa création en 1998.
Comme le définissent
les philosophes allemand, Hans Jonas5,
et suédois, Nick Bostrom6,
à petite dose, mais inéluctablement, tous les composants d'une
forme de totalitarisme mou, sont mis en place.
Le citoyen
anesthésié par la démagogie et les discours de peur distillés par
les gouvernants - « la société est dangereuse » - par
l'individualisme et l'égoïsme, accepte cette société de
contrainte et remet sa sécurité, sa vie dans les mains du pouvoir
en abandonnant en grande partie de sa liberté et de ses droits
fondamentaux.
Attention, bientôt,
il sera trop tard !
Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux
1
Loi d'Orientation et de Programmation de la PERFORMANCE de la
Sécurité Intérieure
2
Système de traitement des infractions constatées
3
Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques
4
Titres Electroniques Sécurisés
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