Dans mon dernier billet 1, j'ai fait une rapide allusion aux problèmes que l'humanité rencontrera avec la pénurie d'eau dans le monde.
Cette ressource, essentielle à la vie humaine, qui devrait être considérée comme un bien commun devient source de guerre et surtout de profits astronomiques d'un secteur industriel et financier largement dominé par les entreprises françaises.
Chaque année, le 22 mars, les Nations unies par l'UNESCO et l'Organisation météorologique mondiale organisent la Journée mondiale de l'eau afin d'attirer l'attention du monde sur une gestion durable des ressources en eau douce.
Cette année, cette journée a été consacrée à la préservation des glaciers qui représentent environ 70 % de l'eau douce de la planète et sont des réservoirs naturels qui contribuent à l'approvisionnement en eau potable. Les préserver et les sauvegarder est crucial au bien-être de l'humanité et primordial pour assurer la paix dans le monde.
Pourtant, déjà aujourd'hui, selon les estimations de l’ONU environ 2,2 milliards de personnes vivent actuellement sans accès pérenne à des services d’eau potable tandis que 4,2 milliards de personnes 2 connaissent une pénurie d’eau sur une période d’au moins un mois par an et des conflits entre nations pour la gestion de l'eau deviennent de plus en plus fréquents.
En 2023, on recense 347 conflits, en hausse par rapport aux 231 incidents de 2022.
Quelques exemples non exhaustifs :
- le Nil et le barrage d'Assouan, en Égypte,
- Au Moyen-Orient : Turquie, Syrie, Irak,
- Le Jourdain entre la Jordanie et Israël,
- Le fleuve Colombia entre les États-Unis et le Canada,
- Le Colorado Entre les États-Unis et le Mexique,
- Etc ...
Dans notre pays, en 2023, une centaine de communes et environ 30 000 personnes ont été touchées par une pénurie d'eau principalement dans le bassin méditerranéen, les vallées du Rhône et de la Saône.
Ces pénuries sont générées par un manque de recharges des nappes phréatiques à cause de la sécheresse hivernale et une consommation « excessive » de chaque français - Environ 148 litres d'eau potable par jour, dont une part importante pour des activités non essentielles. Il est exagéré d'affirmer que la pénurie serait le fait d'une consommation excessive de chaque Français. En effet, la consommation domestique 3ne représente que 24 %, en baisse depuis une dizaine d'année, l'irrigation (agriculture) 48 %, l'énergie (centrales nucléaires) 22 % et l'industrie, seulement, 6 %.
Pour autant, en dehors de réunir chaque année, quelques dispendieuses réunions mondiales qui constatent la dégradation continuelle de la situation, que fait-on ?
Les gouvernements mondiaux sont :
- soit tétanisés par les théories néolibérales et la doxa de la croissance,
- soit climato-sceptiques, ils se moquent totalement du climat.
Pour les technocrates français, la doxa de la croissance est si bien ancrée dans leurs crânes qu'ils ne peuvent envisager que des solutions qui me semblent folles pour compenser ces problèmes d'approvisionnement d'eau.
Un exemple emblématique :
Depuis les années 1970, la ville de La Rochelle est obligée de capter et traiter l’eau de la Charente à plus de 60 kilomètres de distance à la suite d'une contamination des nappes phréatiques par un pesticide interdit, le chlorothalonil.
Au passage : on ne découvre pas le problème qui existe depuis 50 ans !!!!!!
L’intensification des épisodes de sécheresse et la dégradation continuelle (????) de la qualité des nappes obligent à chercher des solutions.
La technocratie a accouché d'un projet inédit, le transfert de 30 millions de m³ d’eau pour alimenter les 550 000 habitants de la ville depuis la Dordogne à partir de Bort-les-Orgues et la Vienne vers la Charente.
Un projet pharaonique, de 300 à 600 millions d’euros qui soulève de nombreuses questions sur sa faisabilité et sa conformité avec la réglementation européenne.
Espérons, de plus, qu'il ne s'agit pas d'un coût estimé à l'aune de l'EPR de Flamanville.
Ce projet qui représente une première en France en matière de gestion des problèmes liés au dérèglement climatique et à la pénurie d'eau qui en découle soulève beaucoup d'objections.
Les écologistes et les élus locaux soutiennent que la réalisation de ce projet serait un aveu d'échec et affirment qu'avant de détourner l'eau d'un fleuve pour en sauver un autre, il faut, en priorité, tout miser sur les solutions locales et écologiques.
Comme peu de décisions, sinon aucune, ne sont prises au niveau international pour lutter et commencer à inverser le dérèglement climatique 4 il faudra peut être, dans 20 ans, sauver la Dordogne et la Vienne en détournant l'Allier et la Loire ???? et ainsi de suite 5.
N'est ce pas se prendre pour le démiurge que de détourner l'eau de deux fleuves pour en sauver un autre ?
Les murs qui se dressent devant l’humanité sont innombrables - climat, eau, énergie, minerais, biodiversité, plastiques, etc … - Il faut absolument arrêter les élucubrations de ces fadas de la croissance à tout prix qui nous entrainent vers le néant.
Jean-Claude Vitran
1 BOULIMIE D'ENERGIE, DE MINERAIS … NOUVEAU PARTAGE DU MONDE
2 2,2 + 4,2 = 6,4 pour 8,2 milliards d'habitants mondiaux soit 78 % de l'humanité déjà en péril.
3 93 % de l’eau que nous utilisons à la maison est dédiée à l’hygiène et au nettoyage et 7 % à la boisson et à l’alimentation
4 Même si des décisions drastiques étaient prises dès maintenant, il faudrait, d'après les experts, au moins 500 ans pour revenir à un climat normal.
5 On peut demander à Elon de nous ramener de l'eau de Mars