Les
législatives, inséparables des présidentielles
Le
point au 14 mai 2017. Note 62. À J-35.
par
Jean-Pierre Dacheux
Nous
continuerons d'analyser l'évolution de la situation politique. Aux
notes antérieures, datées, numérotées et modifiables,
s'ajouteront les suivantes jusqu'au 18 juin. La lecture complète du
résultat des présidentielles ne s'effectuera qu'après les
législatives. Fin juin 2017, nous regrouperons, en un seul et même
document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer
cette activité politique chronologique.
1
- Passation ou transmission ? Passation ou passage ?
Le
14 mai 2017 n'est pas une date heureuse. C'est le jour où François
Hollande « dégage » alors que son successeur «
engage », c'est-à-dire débute son mandat en s'engageant et en
nous engageant avec lui. Ce jeune président est le huitième
président de la Ve
République française, élu légitimement. Je l'accepte mais ne le
reconnais pas. Ce n'est pas la personne d'Emmanuel Macron que je
récuse, mais la politique qu'il représente et dont on commence à
connaître le contenu et la charge dynamique : une politique de
droite non ambigüe et qui est soutenue, de fait, par toutes les
forces conservatrices du pays. Il méprise l'écologie et préconise
l'économie de la croissance. C'est, écrit Hervé Kempft, dans
Reporterre, « Le
président du vieux monde ». Il
n'y a pas d'âge pour conduire cette politique-là. (
https://reporterre.net/Macron-le-president-du-vieux-monde
).
Ce
passage de témoin est une transmission du sceptre, ce bâton
de commandement qui est l'un des signes de l'autorité suprême.
C'est assez dire que notre République est une monarchie. Du reste
aura été transmis, ce matin, en guise de sceptre, le code secret
donnant accès au système de déclenchement de l'arme atomique. Tout
un symbole : Le pouvoir est dans la puissance et l'extrême
puissance est dans la plus destructrice de toutes les bombes. Eh bien
de cette République-là, je ne veux plus quel qu'en soit le chef.
« Le
vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans
ce clair-obscur surgissent les monstres »
prédisait Antonio Gramsci, mille fois cité. » Le monstre
fasciste, dont Marine Le Pen n'était que l'apparence paisible, n'est
pas entré à l'Élysée, mais le monstre froid qui agit partout et
pas seulement dans l'ombre, le capitalisme, «, la peste puisqu'il
faut l'appeler par son nom »
comme l'écrivait La Fontaine, a trouvé son relais en France, et il
entre, avec Emmanuel Macron, plus encore qu'avec le tandem
Hollande-Valls, dans le haut lieu des décisions, ce palais princier
qui, autant qu'au Louvre ou à Versailles, abrite des satisfaits qui
se croient les maîtres de nos destinées.
« Cours
camarade, cours camarade, le vieux monde est derrière toi ! »
s'écriaient, en 1968, les étudiants en lutte. Le slogan retrouve de
la vigueur tant sont insupportables les inégalités béantes qui se
multiplient et s'approfondissent. Mais il y a plus ou pire :
l'humanité court, elle, à sa perte du seul fait d'un réchauffement
climatique généralisé qui est dû à nos œuvres industrielles,
quoi que prétendent « les puissants et les riches » dont
l'actuel président des USA.
Dire
que mon propos est celui d'un « enragé, d'un « anarchiste »,
d'un « extrémiste », que sais-je encore, est ridicule à
moins que ce ne soit la réaction des aveugles volontaires qui se
refusent à voir ce qui saute aux yeux : il n'y a pas de
démocratie sans partage des richesses et, bien sûr, des pouvoirs.
Oui,
ce jour, n'est pas une fête pour la République mais bien la
continuation de sa trahison.
2
– Une cérémonie d'investiture traditionnelle et des infos sur
l'homme qui en disent long .
Le
monarque républicain est installé, depuis dix heures à l'Élysée.
21
coups de canon ont été tirés depuis les Invalides ( 21 tirs
« républicains », sur décision de Charles De Gaulle, en
1958 ; avant, c'était, traditionnellement, 101 tirs royalistes,
pour annoncer la mort du roi et l'intronisation de son successeur.)
Emmanuel
Macron, (1,73 m), né le 21 décembre 1977, d'origine picarde
par son père, est à 39 ans, le plus jeune des tous les présidents
de la République française, depuis Louis-Napoléon Bonaparte,
(lequel fut élu en 1848, le 10 décembre, à 40 ans, avant de
renverser la seconde République et de devenir empereur en 1852).
Puisse Emmanuel Macron ne pas suivre le mauvais exemple de son
illustre prédécesseur.
Sa
biographie, pour ce qu'on en connaît, est riche et édifiante.
Emmanuel Macron est le fils d'un couple de médecins, Jean-Michel
Macron et Françoise Noguès. Sa grand-mère maternelle fut
principale de collège.
Il
est marié à Brigitte Trogneux, de la famille des chocolatiers
d'Amiens célèbre depuis cinq générations, de 24 ans son ainée,
dont il n'a pas d'enfants, mais il vit une forme de paternité
par procuration, puisqu'il est très proche des sept
petits-enfants de son épouse, qui a eu trois enfants issus de son
précédent mariage.
Ses
études philosophiques l'ont amené à soutenir une thèse sur
l'intérêt général, un DEA sur Hegel et une maîtrise sur
Machiavel. Tout un programme !
Il
est le premier chef d'État français à ne pas avoir accompli de
service militaire et à n'avoir assumé aucun mandat électif, tel
que conseiller municipal, maire ou encore député. Il fut membre du
PS de 2006 à 2009. On en apprend davantage en consultant les
informations rassemblées sur wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Macron
Emmanuel
Macron s'est rendu, aujourd'hui, à l'Hôtel de Ville, selon la
coutume, pour y saluer la maire de Paris. Il
est allé aussi à l'hôpital Percy, pour y rencontrer trois
soldats blessés,
3
- Et après ?
« Cette
élection est un saut dans l'inconnu »
affirme Edgar Morin dans un entretien au journal Le
Monde. C'est
bien ce qu'il apparaît. Les premiers jours de l'après 7 mai ont
ressemblé à un lent strip-tease politique. Prudence oblige certes,
mais, plus grave, l'homme s'adapte plus qu'il ne propose pour ne pas
s'aliéner les soutiens qu'il convoite, pour les législatives. Ce
jeu est dangereux pour le pays mais aussi pour lui. La haute
intelligence ne suffit pas en politique.
Après ?
Eh bien après viennent les législatives. Mis à part ceux qui se
retirent de ce jeu faussé (je les comprends sans les approuver),
tous les « résistants », dont nous sommes, ne peuvent
laisser passer ce moment historique sans réagir ! Pendant et
après cette nouvelle phase électorale, il nous va falloir dire et
redire, écrire et répéter, que la France va à contre courant du
cours du temps. La France n'est utile que quand elle se dépasse.
C'est ce qu'il va falloir transmettre par tous les moyens dont nous
disposons, dont ce blog.
***
Achevons
la Vème
République percluse et paralysée. Ouvrons les portes de l'avenir
impossible à penser hors de l'analyse écologique de nos économies.
Sortons de la République des leaders et organisons les initiatives
citoyennes pour que la démocratie ne soit plus confisquée mais
offerte en partage, dans la responsabilité. Oui, nous allons avoir à
exprimer nos espérances, pour nous, sans doute et, plus encore, pour
que les générations à venir n'aient pas à payer le prix
insupportable de nos erreurs. Il est tout juste temps encore.
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