L'ennui, avec les élections, c'est qu'elles peuvent produire des résultats politiquement incorrects.
Ils ont bon dos les Suisses! Ils usent abondamment du référendum. Bravo! Vive la démocratie! Cela peut faire le jeu du populisme...Horreur! À bas cette démocratie-là! La tentation de canaliser l'expression de la volonté populaire est d'autant plus grande que les dirigeants ne savent que faire de ces décisions incongrues prises par ceux qui les mandatent. La démocratie serait-elle chose trop sérieuse pour pouvoir être confiée aux citoyens!
Une belle occasion de méditer sur les contradictions de nos systèmes politiques nous est ainsi offerte. Une élection sans risques n'est plus une élection libre. La vérité n'est pas cachée au fond des urnes. Il ne suffit pas de poser des questions au peuple. Il importe qu'avant tout scrutin un débat long et complet ait pu éclairer les jugements.
Deux écueils se présentent toujours devant le navire démocratique : l'écueil qui, à marée haute, se cache sous les flots et l'écueil qui, à marée basse, se dresse devant les matelots ensablés! Dans le premier cas on n'a rien vu; dans le second cas on ne peut rien faire. Ou bien on vote sans savoir de quoi il s'agit, ou bien on ne peut voter comme on voudrait. Naviguer entre les écueils serait de garder de l'eau sous la quille mais de voir où se dresse le danger. En clair, la démocratie ne supporte ni d'être noyée sous les discours mensongers, ni d'être privée des repères qui permettent le choix de la bonne direction.