lundi 31 octobre 2011

Quelques nouvelles du Front - 2


Aujourd'hui 31 octobre 2011, les démographes nous disent que 7 milliards d'êtres humains peuplent la terre.

En une journée, 350 000 bébés naissent, 150 000 personnes décèdent et la population mondiale augmente de 200 000 habitants soit 2,3 personnes par seconde.

Les donneurs de leçons occidentaux, prêts à conseiller des mesures de coercition pour faire chuter les naissances, disent aux dirigeants des pays émergents « Faites moins d'enfants ». La réponse d'un sociologue algérien est cinglante : « le meilleur contraceptif, c'est le développement » lançant aux nations du Nord : « consommez moins ! »

Le monde s’achemine vers une stabilisation de sa population, en effet la transition démographique est en marche. Au Maghreb, l’indice de fécondité est à un niveau comparable à la France (2 enfants par femme) et dans la plupart des pays africains, la natalité diminue.

Quelle émotion dans le monde entier à l'annonce de la mort du co-fondateur de la société à la pomme.

Cet engouement est très exagéré car n'est-il pas d'abord le champion d'un nouveau modèle économique destructeur - l'ultra sous traitance des moyens de production et le dumping social – puis celui d'appareillages - unisexes, uni-races, uni-âges - appelés il y a peu « servitude volontaire », et qui relient tous à tous de manière toujours plus profonde, précise et policière.

Cela donne l'impression d'assister à la disparition du gourou d'une secte ou d'un sorcier dont la légende déjà écrite fascine. Le développement technologique devient une religion, elle a déjà un saint en la personne de Steve Jobs.

Pour sauver (jusqu'à quand) la Grèce et par conséquent l'Europe, les gouvernants européens ont une nouvelle fois violé la démocratie.

Les députés slovaques avaient rejeté le renforcement du fonds de secours financier de la zone euro (FESF) mettant en péril la crise de la dette dans l'Union.

Qu'à cela ne tienne, on les a appelé à revoter 48 heures plus tard pour accepter la demande européenne.

Certainement que, tellement crétins, ils n'avaient, la première fois, pas compris la question qui ne méritait qu'une seule réponse.

L'oligarchie européenne n'en est pas à son coup d'essai, rappeler vous l'Irlande et aussi la France, où on a fait dire oui au Parlement alors que les Français avaient dit non.

Vraiment la démocratie est malade.

La tolérance est malmenée en ce moment dans notre beau pays.

Une pièce de théâtre "Sur le concept du visage du fils de Dieu" à l'affiche au théâtre du Châtelet est l'objet de manifestations de catholiques d'extrême droite aidés par quelques manifestants d'un groupuscule islamiste radical.

Quand le pouvoir et une partie de sa majorité font montre de xénophobie et de racisme, il ne faut pas s'étonner de réactions fascisantes d'une minorité de la population.


Nous vivons vraiment une époque moderne.


Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

dimanche 30 octobre 2011

De la dette


Ce n'est pas Marianne qui s'est mise la dette au pied !

C'est très mal d'avoir des dettes, apprenaient, dans le passé, les parents à leurs enfants. On devient dépendant. On risque la ruine. C'est malhonnête. Un jour, on se retrouve au ban de la société.

On ne peut pas vivre sans dette, sinon on n'améliore jamais sa vie matérielle, nous a-t-on appris ensuite. Les crédits sont faits pour ça. Pour avoir une maison, une voiture et même de belles vacances, il n'y a pas à hésiter : il faut emprunter.

La culture de la dette, entrée dans les mœurs, est entrée aussi dans les pratiques des États. Une grande puissance inspire confiance et l'on peut lui prêter. Et puis, surtout, avec la croissance indéfinie, il est toujours possible de prélever sur la richesse nouvelle pour rembourser des dettes anciennes. La dévaluation faisant le reste, particuliers comme gouvernements pouvaient, pensait-on, s'enrichir à bon compte (en tout cas ceux qui n'étaient pas engloutis par des dettes trop monstrueuses pour pouvoir être remboursées)

Aujourd'hui, les encouragements à s'endetter des organismes de crédit n'ont pas cessé, pour les particuliers, mais tout a changé ! Qu'un État puisse être en faillite est devenu possible, ce que le concept même de pouvoir d'État semblait exclure, depuis la monarchie jusqu'aux républiques modernes. La Grèce, où naquit la démocratie, aura été la premier pays a le démontrer.


Le mythe de Sisyphe revisité...

La panique, alors, s'est emparée des "petites-grandes-puissances" qui ont cédé aux banques le pouvoir de les dominer économiquement. Quant aux "pays en voie de développement"..., ils se sont développés, et une bascule politique s'effectue sous nos yeux : en quelques années, le pouvoir s'est mis à glisser hors de la sphère occidentale.

Que va-t-on nous expliquer pour tenter de nous faire avaler la grosse couleuvre de l'austérité ? Que nous avons vécu au-dessus de nos moyens. Que nous devons nous réindustrialiser. Que nous allons plus étroitement solidariser les Européens pour affronter des défis économiques mondiaux. Bref, on va continuer à "faire comme avant" en "changeant tout". Ce sera la faute des prédécesseurs. Nous devons devenir vertueux.

Soit ! Que Messieurs les non-vertueux commencent ! L'étalage de la corruption ne donne pas à croire que ceux qui nous gouvernent ont compris la leçon. En outre, et surtout, toute austérité, ou, pour mieux dire, toute rigueur ne peut s'accompagner des énormes écarts de revenus existants et de l'élargissement encore de ce fossé entre les nantis et les modestes. Le partage de l'effort nécessite de couper dans les profits indus des profiteurs. Qui aura la volonté et les moyens politiques de l'obtenir ?

La dette est une purge accumulée. On a déployé une culture de la facilité, d'abord pour ceux qui gagnaient des rémunérations très substantielles, puis pour tous, même si l'on n'en bénéficiait guère, (mais "Dallas" est devenu, sur toute la Terre un modèle dont on faisait rêver les miséreux !)

C'est de cette culture de la fausse richesse qu'il faut sortir. C'est d'une autre vie qu'il faut rêver. La France et l'Allemagne ne tireront pas l'Europe entière hors de son enlisement. Elles n'en ont ni les possibilités ni le droit. Comment peuvent-elles s'auto-désigner chefs de file, comme si elles avaient des leçons de vie à donner au monde entier.

Et puis, par-dessus tout, où est la dette ? Quel est son contenu ? Qui l'a installé ? Pourquoi ceux qui ne l'ont pas recherchée la paieraient-ils ? Qui doit la payer en premier lieu ? Pourquoi, pour rembourser la dette de la France, le modèle social serait à sacrifier avant la force de frappe ("inutile et dangereuse" écrit le Général Norlain) ? Pourquoi être riche hier est, lentement, devenu être pauvre aujourd'hui ? Pourquoi la modestie et la sobriété seraient-elles interdites et considérées comme hostiles au progrès ? Pourquoi ne pas rechercher de nouvelles productions et de nouvelles industries en éliminant ce qui n'a aucun intérêt social, pour "faire des économies" et redonner de l'emploi à ceux qui le perdent ? Pourquoi ne pas réaliser, jour après jour, année après année, des économies d'énergies indispensables compte tenu du moindre recours aux énergies fossiles ?

Voilà ce que nous apprend, en première analyse, l'émergence de cette problématique de la dette. Nous laisser enfermer dans des logiques mensongères serait mortel pour nos civilisations. En sommes-nous bien conscients ?


Logique ? Vous avez dit logique ?

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran


jeudi 27 octobre 2011

2012 ne règlera rien : les turbulences iront au-delà.


La Terre mise en miettes par ceux qui l'exploitent ?

"Nous n'avons pas tout vu" dit François de Closets ! Nous avons surtout vu, ces jours derniers, sortir, chez Fayard, deux livres qui vont connaître un beau succès (ils sont d'ailleurs abondamment commentés) : l'un, de ce même François de Closets, Échéance, en appelle à nos responsabilités. "On ment aux Français". "Je vous l'avais bien dit il y a 30 ans". "S'enrichir en faisant des dettes engendre notre dépendance". Etc. L'autre, de Jean Sévilla, Historiquement incorrect, nous explique que les historiens se vautrent dans le politiquement correct mais qu'on rira d'eux, dans 50 ans. Ces deux écrivains tiennent des discours parallèles : sans le retour du nationalisme politique ou/et industriel, c'en est fait de la France. Nous sommes, dit François de Closets, "en situation de guerre".

Vouloir chasser la guerre de nos souvenirs ou des éventualités de l'avenir serait donc - s'agissant d'hier comme d'aujourd'hui - la manifestation de la lâcheté des "Droits-de-l'hommistes" ! Le lien entre la revisite de la grande Guerre (à laquelle "les Poilus ont profondément consenti" car, à l'époque, le patriotisme existait, dit Sévilla) et l'exhortation à redresser la France (menacée par "les mensonges" de ses dirigeants, dit de Closets), peut être fait en méditant ce que les films présentés, en cette fin d'octobre 2011, sur France 2, révèlent, documents inédits à l'appui, de la "résistible ascension d'Adolf Hitler", comme disait Bertold Brecht. Résistible, en effet, cette montée vers le pouvoir, mais toutes les longues résistances des Allemands, entre 1920 et 1933, ont fini par céder, car ils ont été abandonnés à eux-mêmes.

Il n'a jamais été aussi utile de savoir pourquoi ! Hitler fut, d'abord un soldat révolté, humilié, scandalisé par le traité de Versailles, porteur d'un immense désir de vengeance. Ce personnage sans culture, habité par une seule et puissante idée (restaurer la grande Allemagne à tous prix), ayant appris, sur les champs de bataille, la banalité et l'insignifiance de la mort de masse, a été, d'abord rejeté. Ce n'est pas assez rappelé ! Les Allemands n'ont pas voulu de lui et l'ont manifesté, par leurs votes, de multiples fois, jusqu'en novembre 1932.

Hitler est l'enfant du capitalisme occidental qui, après avoir pillé les vaincus, en 1920, l'a préféré aux Fronts populaires. Staline a fait le reste qui ne voulut pas d'alliance, en Allemagne, entre socialistes et communistes.

Il est des enseignements à retirer, à présent, de cette traversée tragique de l'histoire qui laissa 50 millions de morts sur tous les sols de l'Europe et de la Russie, là où se déchainèrent les combats.

La première leçon, qu'on se garde bien d'examiner, est celle-ci : la démocratie ne protège pas de la dictature. Hitler finit par être élu ! L'élection n'est pas la source mais la conclusion d'un processus politique.

La seconde leçon est celle-ci : seul, Hitler n'était rien. On peut dresser un peuple entier contre le reste du monde, pour peu qu'on excite à l'infini sa fierté nationale, qu'on lui propose une espérance de remplacement quand il a perdu tout courage, et qu'on lui fournisse des explications et des boucs émissaires pouvant laver, fut-ce dans le sang, les humiliations qu'il a subies.

La troisième leçon s'ensuit : dans un période de trouble, d'instabilité et d'incertitude économiques "tout devient possible", y compris le pire ! Sans "la crise de 1929", Hitler et les siens n'auraient pas pu entrainer les Allemands, désespérés, dans leur sillage.

Craignons, alors, que "la crise" de 2008-2011 ne réinstalle, progressivement mais irréversiblement, des rancœurs tellement violentes qu'elles ravagent plusieurs pays d'Europe ! Vouloir faire payer d'urgence, aux pauvres, des erreurs accumulées par les riches, pendant des décennies, peut coûter très cher ! À ne vouloir jamais tenir compte des "indignations" populaires, on va conduire les populations fragilisées vers des extrémismes d'autant plus inévitables qu'il n'y a pas de solution de rechange proposées en dehors des différentes variétés du libéralisme moribond.


Plus tu es pauvre plus tu dois emprunter à un taux cher !

Une fois encore, répétons que "la crise" n'en est pas une mais, bel et bien, une mutation de civilisation qu'on cherche à masquer par des explications techniques et monétaires, afin de ne pas toucher aux causes de ces bouleversements constatés qui sont sans rapport avec un simple prurit économique et social accompagnant une maladie guérissable ! Cette mutation n'est ni une crise, ni une maladie de société. C'est un dépassement historique géant, un agrandissement planétaire du champ d'action des peuples qui font craquer toutes les vieilles chrysalides sociales, lesquelles, en se métamorphosant, nous montrent qu'elles n'ont été ni des armures ni des bastions.

Le système capitaliste implose sous nos yeux comme avait implosé le système soviétique, mais rien n'y fait : nous voulons demeurer dans cette impasse d'où il n'est pas possible de sortir ! Allons-nous donc nous y entasser et nous y entretuer pour survivre ? Jusqu'alors, la guerre semblait appartenir, en Europe, à un passé totalement révolu. Ses causes éventuelles sont d'autant moins impossibles qu'elles ne relèvent pas de la pensée politique mais de l'effondrement matériel de peuples entiers.

Dans un pareil contexte, les élections de 2012 apparaissent bien dérisoires et quiconque y verrait l'issue à la situation que nous vivons risque d'énormes déconvenues ! Mieux vaudrait que s'assemblent tout ce que le monde compte de penseurs, et pas seulement d'intellectuels, (à défaut, tentons le en France) pour aider à ouvrir, aux sept milliards d'humains que nous sommes désormais, des espaces de vie publique nouveaux, où l'on puisse respirer, aspirer, et espérer !

Rester dans des schémas de pensée obsolètes ne changera rien quel que soit le futur Président de la république française.


Qui sauve qui ? Les banques sauvent les États ou les États les banques ?

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

mardi 25 octobre 2011

Nécessaire et pas suffisant

Comment ne pas se féliciter de l'initiative prise par les cosignataires du texte ci-dessous, paru dans le journal Le Monde, et qui contient un appel à ceux qui vont solliciter nos suffrages, dans un contexte politico-économique particulièrement dur aux citoyens modestes ?

Nous approuvons et soutenons. Il faut que cela soit dit. Et pourtant, nous savons que cela ne peut suffire ! Une doxa s'est emparé de nos cerveaux et nous tolérons l'intolérable.

Quelle est cette doxa ? Ce sont les discours sur l'obligation de faire payer aux pauvres les dettes contractées par les riches. Ce sont les affirmations selon lesquelles une croissance faible ne peut que conduire à la misère. Ce sont les leçons de démocratie données au monde entier par ceux-là même qui trompent les électeurs pour conserver le pouvoir qui leur reste et qui pourtant leur fuit entre les doigts. Ce sont les oublis constants, volontaires, scandaleux, qui font passer aux oubliettes les questions majeures relatives aux menaces écologiques pesant sur les habitants de notre planète. Ce sont les torrents de boue qui salissent chacun de nous en débordant des officines de luxe pour remplir nos gazettes. Ce sont les envahissements publicitaires qui, loin de régresser en période de moindre consommation, nous sont imposés et nous font vivre dans une société que nous ne voulons pas. C'est, enfin, l'extrême prudence avec laquelle on désigne les causes de la situation dans laquelle nous voici plongés et qui sont tout entières contenues dans le système économico-financier qui paralyse la démocratie politique : le capitalisme puisqu'il faut l'appeler par son nom.

Non, parler ainsi ne relève pas de l'on ne sait quel gauchisme. C'est ce que l'on veut nous faire croire, à gauche comme à droite ! Nous sommes bien au-delà de clivages d'un autre temps. ce dont il est question c'est du droit des citoyens à s'occuper de leurs propres affaires car il n'y a pas de démocratie politique sans démocratie é
conomique. Sans société de partage l'avenir est bouché, sombre et l'orage y menace.

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran.

"La peste puisqu'il faut l'appeler par son nom
Faisait aux animaux la guerre"
Jean de La Fontaine

"... On le lui fit bien voir"
Serions-nous des ânes ?

Face aux crises, nous proposons un Pacte pour les droits et la citoyenneté

Rêvons. Après tout, nous sommes en période électorale. Rêvons donc d'une France où les droits sociaux, les valeurs du travail ne soient pas en permanence mis en balance avec les valeurs du Cac 40. D'une France où les services publics soient modernisés et résolument mis au service des populations. D'une France où la population respecte sa police, qui la respecte, au lieu de la craindre, et fasse confiance à une justice enfin dégagée du poids de l'exécutif. D'une France où pour les femmes s'ouvre la voie des responsabilités électives par une application combinée de la parité et l'interdiction du cumul des mandats. D'une France, dans laquelle un ministre qui "déraperait" du côté du racisme serait immédiatement démissionnaire et sujet à poursuites. D'une France où tout résident étranger aurait le droit de vote aux élections locales. D'une France où chacun et chacune aurait au-dessus de lui un toit, puisque c'est un droit. D'une France enfin qui croit en l'éducation et porte au plus haut l'intérêt supérieur de l'enfant.

Cette France-là ne vivrait pas au rythme des affaires et sous le poids d'une règle d'or, dont l'or est la seule règle. Cette France-là serait solide de ses solidarités, entre territoires comme entre générations ; elle serait forte de l'implication civique de ses habitants, de ses outils de solidarité dans les domaines de l'éducation, de la santé, de la famille… Le logement n'y serait pas à la rue et les salariés y bénéficieraient d'un statut et de droits attachés à leurs personnes et non à leur poste de travail…

Le pays des Bisounours ? Non, simplement une société ayant choisi de rompre avec la fragmentation sociale et les inégalités, la mise en concurrence de tous avec tous, la xénophobie d'Etat, le mépris de l'intérêt général… Toutes choses qui, si nous laissions faire, seraient appelées à s'amplifier, avec leurs corollaires obligés que sont la surveillance et le sécuritaire.

Alors que la planète menace d'exploser pour cause de toxicité financière, notre gouvernement n'affiche que deux priorités : remporter les prochaines élections, pousser le plus loin possible sa politique d'austérité. Epineuse équation ! D'où la désignation de boucs émissaires, d'où la promesse de toujours plus de places de prisons, d'où la concentration des pouvoirs et la leçon de morale aux démunis, d'autant moins bienvenue que l'actualité ne bruit que "d'affaires" aux relents de corruption.

Dans ce contexte délétère, et alors que sont devant nous d'importants rendez-vous électoraux, l'ampleur même des crises en cours impose de réhabiliter les fondements mêmes de la République, de refonder l'égalité des citoyens entre eux, de faire vivre la liberté, la fraternité.

C'est pourquoi nous proposons un Pacte pour les droits et la citoyenneté. Il est temps de penser autrement, de faire autrement, d'ouvrir des perspectives nouvelles. Contre les règles d'or de la finance souveraine, nous choisissons l'espoir ; face aux défis posés par les crises financières, économiques, sociales et écologiques, nous misons sur la démocratie.

Le Pacte pour les droits et la citoyenneté résulte de ce choix. Signé par cinquante organisations syndicales et associatives, il porte ces valeurs et les illustre par nombre de propositions concrètes, que nous inscrivons au débat public. Elles concernent la démocratie, la protection de la vie privée et des données personnelles, les droits et libertés face à la justice, à la police et au système pénitentiaire ; la lutte contre la xénophobie, le racisme, le sexisme et les discriminations, toutes tendent à rendre effectives l'égalité sociale et les solidarités.

Certaines de ces propositions sont immédiatement applicables, comme par exemple l'interdiction du cumul des mandats, ou l'obligation faite aux policiers de délivrer un récépissé à chaque contrôle d'identité. D'autres sont à plus long terme. Toutes nécessitent un engagement clair et fort, car leur mise en œuvre supposera ténacité et détermination.

C'est pourquoi nous entendons interpeller les responsables politiques et les candidats et que nous nous inscrivons dans le débat électoral. Il y va de notre vivre ensemble. Demain se discute aujourd'hui.


Pour les cinquante organisations signataires du Pacte pour les droits et la citoyenneté :

Francine Blanche, responsable nationale de la CGT ;
Victor Colombani, président de l'UNL ;
Annick Coupé, porte-parole de l'Union syndicale Solidaires ;
Jean-Michel Ducomte, président de la Ligue de l'Enseignement ;
Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU ;
Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE ;
Aminata Koné, secrétaire générale de la CSF Stéphane Maugendre, président du Gisti ;
Patrick Peugeot, président de la Cimade ;
Maya Surduts et Suzy Rojtman, animatrices du CNDF ;
Pascale Taelman, présidente du Syndicat des avocats de France ;
Clarisse Taron, présidente du Syndicat de la magistrature ;
Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l'Homme ;
Aurélie Trouvé, co-présidente d'Attac ;
Emmanuel Zemmour, président de l'Unef.



mercredi 19 octobre 2011

Pour en finir avec toute politique qui oublie ses fins !


Au lendemain de la Journée mondiale du refus la misère, la présentation du film de Caroline Glorion, sur France 3, Joseph l'insoumis, le 18 octobre 2011, (magnifiquement interprété par Jacques Weber, Anouk Grinberg et de nombreux admirables anonymes) a donné lieu, ensuite, à une relance du débat sur charité et politique.
(http://www.atd-quartmonde.fr/?+-Wresinski-+)


Anouk Grinberg dans le camp reconstitué de Noisy le Grand

Joseph Wresinski
[en polonais Józef Wrzesiński], (Angers 12 février 1917 - Méry-sur-Oise 14 février 1988), est un prètre diocésain français, fondateur du Mouvement des droits de l'Homme ATD Quart Monde. Il peut irriter par le culte que certains lui portent. Il n'en est pas moins porteur d'une exigence absolue, reprise, à présent, sur tous les continents : " Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les Droits de l’Homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré. "
http://www.atd-quartmonde.org/17-octobre-Journee-mondiale-du.html



Au cours du débat, animé par Dominique Taddéi, dans le cadre de l'émission Ce soir ou jamais, à la suite du film, trois attitudes sont apparues. L'une, incarnée par Martin Hirsch, qui consiste à dire que ce n'est pas parce que la lutte contre la misère est politique qu'il faut s'abstenir d'ouvrir son porte-monnaie, surtout quand il est plein. L'autre, représentée par Anouk Grinberg, soulignant que, sans les intéressés eux-mêmes, qui ont des motivations qu'on ne veut pas voir, il n'est pas possible de faire reculer la misère. L'autre enfin, plus classique, défendue par l'ethnologue de l'Université Paris 8, Daniel Terrolle, dénonçait le marché de la pauvreté et le profit qu'on retire y compris de la misère elle-même.
http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/?page=emission&id_rubrique=1487

Plusieurs intervenants ont établi la comparaison entre la situation des bidonvilles de 1960 et celle des bidonvilles de Rroms dans les années 2010. Il n'en ont pas moins établi que la grande pauvreté n'atteint pas que des étrangers, en France, et en Europe, mais qu'elle s'étend de nouveau, en même temps que la précarité et l'austérité se redéploie !

Le mot charité (que Joseph Wresinski écartait pour qu'on ne l'associe pas à la simple compassion) n'est pas resté longtemps au cœur du débat. C'est un vocable à restaurer. La question est ailleurs.



La vie vaut-elle d'être vécue si c'est au prix de l'exploitation d'une partie de l'humanité ? L'un des plus violents mensonges n'est-il pas que la misère serait inévitable dans toute société secrétant des déséquilibres économiques ? En a-t-on fini avec cette conviction selon laquelle le partage des richesses conduit à un communisme nivelant les valeurs et écrasant les libertés ?

Les Droits de l'Homme sont les droits de tous. Pas des droits théoriques et fictifs, des droits effectifs. Un droit inapplicable n'existe pas. Pire : il donne l'illusion qu'on peut y prétendre alors que la misère l'interdit ! Toute politique se mesure à la façon dont on permet à chaque humain d'accéder à une vie respectable.

Celui qui affirmerait que ce sont là de belles paroles mais que la réalité est toute autre, rendant impossible l'égalité entre les hommes et donc la fraternité elle-même, sous peine de cesser de vivre dans la liberté, celui-là est un criminel qui s'ignore tel !

La philosophie et la politique ne sauraient se coucher devant des contraintes qui justifient l'injustice radicale, celle qui renonce à considérer qu'un homme vaut un homme. Nous estimons - et que nous le rappelle quiconque nous verrait en porte à faux, sur cet essentiel - qu'il n'est aucune autre cause, il n'est aucune autre lutte, il n'est aucune autre politique plus urgentes, plus utiles et plus justes que celle qui vise l'éradication de la misère en prenant appui sur ceux-là même qui en souffrent !



Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran