Les élections européennes ont démontré, à qui savait en lire les résultats, que les électeurs sont aussi des citoyens, des citoyens qui peuvent, y compris, faire la grève des urnes. Aucun parti ne sort indemne de cette consultation. Au-delà des apparences, un mouvement a ébranlé le fonctionnement de l'organisation politique. Les "grosses formations" ont nettement marqué le pas ou plongé : de l'UMP au PS.
Extraits : "La semaine dernière, la question à la mode c’était : le PS va-t-il disparaître ? Est-il mort ? Le sens de la question était de savoir s’il allait être remplacé par un autre parti. Mais l’exemple d’Europe écologie nous amène à reposer la question non seulement pour le PS mais pour tous les partis. Et là, il ne s’agit plus de se demander si un parti sera remplacé par un autre, mais si LE parti, la forme d’organisation partisane classique, est morte ou du moins est en train de mourir. Europe écologie, est-il du côté des écologistes - l’exemple précurseur de ce que seront les organisations politiques de demain ? En analysant de près les évolutions de la vie partisane de ces dernières années, on s’aperçoit que la question est pertinente. Europe Ecologie n’est pas un parti. Ce n’est pas une fédération de partis, comme a pu l’être l’UDF, ce n’est pas un rassemblement comme l’est l’UMP. Ses concepteurs expliquent que c’est un mouvement. Ils revendiquent le fait de s’inscrire dans une démarche dite « mouvementiste ». C’est une formulation volontairement très large, qui n’implique pas de forme précise et, surtout, qui intègre le côté possiblement éphémère. Un mouvement suggère aussi que son objet est d’obtenir des résultats politiques mais pas forcément - ou pas uniquement - par l’accession au pouvoir (voir l’action de Nicolas Hulot, par exemple). Le parti vert a accepté, aux vues des résultats inespérés d’Europe écologie, et parce que Cécile Duflot, la patronne des verts n’est pas rongée par l’ambition personnelle, de se laisser ingérer par ce mouvement. Ce mouvement n’a pas de structure pyramidale, il n’a pas de militants encartés, pas de parlement, pas d’exécutif. Et pourtant, il va falloir qu’il s’organise pour les régionales. /.../
Internet joue un grand rôle dans cette nouvelle façon de faire de la politique. L’internaute engagé devient plus important que le militant encarté. /.../ En réalité, la nouvelle façon de faire de la politique, de mettre au point un programme, de sélectionner des candidats, est à inventer. Internet permet une participation, large et à géométrie variable des citoyens, un brassage d’idées et une grande ouverture, mais c’est aussi une masse informe, pas quantifiable et surtout qui ne permet pas (ou pas encore) d’établir de véritable système de représentativité, qui ne génère pas de légitimité interne au mouvement politique, donc de démocratie. Alors oui, le PS va mourir un jour, mais sans doute aussi, à moyen terme, tous les grands partis. Le seul problème c’est que l'on s'oriente, pour les remplacer, vers des structures à la fois assez séduisantes mais encore très incomplètes et toujours nébuleuses".
Voilà le débat lancé, dès lors que les médias le reprennent. Non seulement nous ne sommes pas surpris, mais nous sommes satisfaits de voir la politique libérée du contrôle exclusif des partis pour devenir une circulation de pensée innervant tout le corps social. Même ce qui se déroule en Iran, à cet égard, vaut d'être regardé attentivement. La démocratie n'est pas dans les urnes (qu'on peut fermer ou bourrer ou n'ouvrir qu'a des citoyens conditionnés); elle est l'intervention du peuple dans les grands choix de société avec ou sans recours aux élections. Ce qui va se passer, au cours des mois à venir, illustrera sans doute ce propos en maintes circonstances. La part d'imprévisible dans ces évènements inéluctables trouble évidemment les esprits et notamment ceux des élites habituées à fixer, elles-mêmes, les règles du jeu. Sous cette incertitude remonte un peu l'espoir. Sachons le nourrir de nos propres contributions.