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vendredi 19 juin 2009

Le mouvement qui tue les partis


Quoi de neuf en Europe après les élections?


Tout a changé et rien ne change! Chaque jour les médias nous assomment avec de fausses évidences économiques. La Bourse ne se porte pas si mal que ça. Merci. La France souffre de la « crise », mais moins que ses voisins, paraît-il. Elle est forte ! On sortira du marasme à la fin de l’année, ou en 2010 ; au pire en 2011. Patience! Le chômage enfle dangereusement. Mais ça ne fait pas de mal à l’économie. Alors… Le capitalisme est mort. Vive le capitalisme. Chaque jour, il nous est insufflé que plus rien ne sera jamais comme avant, mais chaque jour, il nous est prouvé que le retour de la croissance est une question de temps. Mensonges et contradictions pleuvent. Les citoyens en prennent conscience.

Nous n'en appelons pas au grand soir, mais cette stagnation fait peur! Alors, il est inévitable que le peuple bouge : c'est cela le mouvement qui s'annonce. Les partis ne l'ont ni prévu, ni voulu, ni organisé. Ils se sont déconsidérés. Il suffisait, hier, de dire son mépris de la politique et des politiciens. C'est fini : le temps est compté. Nul ne sait quand cela se produira, mais cela se produira. Le politique ne peut plus être étouffé par les professionnels de la politique.

Les élections européennes ont démontré, à qui savait en lire les résultats, que les électeurs sont aussi des citoyens, des citoyens qui peuvent, y compris, faire la grève des urnes. Aucun parti ne sort indemne de cette consultation. Au-delà des apparences, un mouvement a ébranlé le fonctionnement de l'organisation politique. Les "grosses formations" ont nettement marqué le pas ou plongé : de l'UMP au PS.


Un échec renversant!

Les formations moyennes ont fondu : à commencer par le MODEM et le FN. Les petites formations sont restées... petites : de LO au NPA. Les regroupements informels seuls tirent leur épingle du jeu : le Front de gauche, qui sauve les derniers meubles du PCF allié au nouveau Parti de gauche, mais surtout Europe-Écologie qui obtient des résultats qui en font, souvent, la seconde formation politique, à égalité, d'un coup avec le PS.


Un grand soir flétri par le soleil.

Il y a lieu d'analyser ce que recouvre ce succès modeste mais très significatif de la part des écologistes. Un éditorial de Thomas Legrand, sur France-Inter, ce jour, demande : Est-ce bientôt la fin des partis politiques ?

Extraits :
"La semaine dernière, la question à la mode c’était : le PS va-t-il disparaître ? Est-il mort ? Le sens de la question était de savoir s’il allait être remplacé par un autre parti. Mais l’exemple d’Europe écologie nous amène à reposer la question non seulement pour le PS mais pour tous les partis. Et là, il ne s’agit plus de se demander si un parti sera remplacé par un autre, mais si LE parti, la forme d’organisation partisane classique, est morte ou du moins est en train de mourir. Europe écologie, est-il du côté des écologistes - l’exemple précurseur de ce que seront les organisations politiques de demain ? En analysant de près les évolutions de la vie partisane de ces dernières années, on s’aperçoit que la question est pertinente. Europe Ecologie n’est pas un parti. Ce n’est pas une fédération de partis, comme a pu l’être l’UDF, ce n’est pas un rassemblement comme l’est l’UMP. Ses concepteurs expliquent que c’est un mouvement. Ils revendiquent le fait de s’inscrire dans une démarche dite « mouvementiste ». C’est une formulation volontairement très large, qui n’implique pas de forme précise et, surtout, qui intègre le côté possiblement éphémère. Un mouvement suggère aussi que son objet est d’obtenir des résultats politiques mais pas forcément - ou pas uniquement - par l’accession au pouvoir (voir l’action de Nicolas Hulot, par exemple). Le parti vert a accepté, aux vues des résultats inespérés d’Europe écologie, et parce que Cécile Duflot, la patronne des verts n’est pas rongée par l’ambition personnelle, de se laisser ingérer par ce mouvement. Ce mouvement n’a pas de structure pyramidale, il n’a pas de militants encartés, pas de parlement, pas d’exécutif. Et pourtant, il va falloir qu’il s’organise pour les régionales. /.../

Internet joue un grand rôle dans cette nouvelle façon de faire de la politique. L’internaute engagé devient plus important que le militant encarté. /.../ En réalité, la nouvelle façon de faire de la politique, de mettre au point un programme, de sélectionner des candidats, est à inventer. Internet permet une participation, large et à géométrie variable des citoyens, un brassage d’idées et une grande ouverture, mais c’est aussi une masse informe, pas quantifiable et surtout qui ne permet pas (ou pas encore) d’établir de véritable système de représentativité, qui ne génère pas de légitimité interne au mouvement politique, donc de démocratie. Alors oui, le PS va mourir un jour, mais sans doute aussi, à moyen terme, tous les grands partis. Le seul problème c’est que l'on s'oriente, pour les remplacer, vers des structures à la fois assez séduisantes mais encore très incomplètes et toujours nébuleuses".



Le Cohn-Bendit nouveau est-il arrivé?

Voilà le débat lancé, dès lors que les médias le reprennent. Non seulement nous ne sommes pas surpris, mais nous sommes satisfaits de voir la politique libérée du contrôle exclusif des partis pour devenir une circulation de pensée innervant tout le corps social. Même ce qui se déroule en Iran, à cet égard, vaut d'être regardé attentivement. La démocratie n'est pas dans les urnes (qu'on peut fermer ou bourrer ou n'ouvrir qu'a des citoyens conditionnés); elle est l'intervention du peuple dans les grands choix de société avec ou sans recours aux élections. Ce qui va se passer, au cours des mois à venir, illustrera sans doute ce propos en maintes circonstances. La part d'imprévisible dans ces évènements inéluctables trouble évidemment les esprits et notamment ceux des élites habituées à fixer, elles-mêmes, les règles du jeu. Sous cette incertitude remonte un peu l'espoir. Sachons le nourrir de nos propres contributions.


http://fanfanlaboiteamalices.unblog.fr/files/2008/03/espoir.jpg

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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