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mardi 11 décembre 2018

L'incomplétude des droits de l'homme.


Il y a exactement 70 ans, le 10 décembre 1948, 58 États Membres qui constituaient l’Assemblée générale de l'ONU adoptaient la Déclaration universelle des droits de l’homme à Paris au Palais de Chaillot.

Dans son article premier, cette déclaration énonce : « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »

Les 28 articles qui suivent sont l'énumération et le développement des différents droits qui découlent de l'article premier.

L’article 29 verrouille la déclaration en insistant sur la notion des devoirs.

    - L'individu a des devoirs envers la communauté dans laquelle seule le libre et plein développement de sa personnalité est possible.

    - Dans l'exercice de ses droits et dans la jouissance de ses libertés, chacun n'est soumis qu'aux limitations établies par la loi exclusivement en vue d'assurer la reconnaissance et le respect des droits et libertés d'autrui et afin de satisfaire aux justes exigences de la morale, de l'ordre public et du bien-être général dans une société démocratique.

    - Ces droits et libertés ne pourront, en aucun cas, s'exercer contrairement aux buts et aux principes des Nations Unies.

Chaque droit défini par la déclaration de 1948 a son corollaire qui est un devoir et c'est ce point que je désire développer.

Le Littré nous apprend les sens du mot devoir : « Ce qu'on doit faire, ce à quoi l'on est obligé par la loi ou par la morale, par son état ou les bienséances. » et aussi «  Faire son devoir, agir comme on doit agir. » Ce mot est ressenti comme une contrainte et a une charge négative. Peut-être vaudrait-il mieux chercher d'autres mots, par exemple : principe ou prescription voire responsabilité.

Pourtant, lorsque l'on veut faire société et vivre ensemble, il n'est pas possible de s'affranchir des devoirs.

Prenons deux exemples que nous vivons quotidiennement : la liberté d'expression1 qui permet de formuler ses opinions sans être inquiété. Encore faut-il ne pas injurier ni diffamer autrui, voilà le pendant qui fait corollaire à cette liberté. Lorsque vous rencontrez un feu tricolore vous vous arrêtez au feu rouge – un devoir – et vous repartez au feu vert – un droit.

L'image du feu tricolore est emblématique du propos et la preuve du vivre ensemble dans le respect de chacun. Dans ce cas particulier, sans respect du droit et/ou du devoir, impossible de circuler sans danger.

Cette vision des droits de l'homme peut déplaire à un certain nombre de militants. Il est le fruit d'une longue réflexion et surtout d'interventions mensuelles sur le sujet des droits auprès de mineurs délinquants auxquels il est bien difficile de ne pas parler de devoirs.

Il n'est, bien sûr, pas question de remettre en cause les droits de l'homme et iI est capital de les promouvoir car ils sont la pierre fondamentale nécessaire à l'établissement d'une société plus harmonieuse et moins inhumaine.

Cependant, les associations qui défendent les droits de l'homme devraient réfléchir sur ce point car en faisant le prosélytisme des droits sans évoquer les devoirs, trop de nos contemporains s'imaginent n'avoir que des droits et s'affranchissent des devoirs qui en sont les corollaires.

Jean-Claude Vitran




1 Article 19 de la DUDH

dimanche 11 novembre 2018

11 novembre 1918 - 11 novembre 2018


Nous sommes un jour exceptionnel.1

En effet, il y a juste 100 ans se terminait ce que d'aucuns appellent la « Grande Guerre » ce que je nomme une abominable boucherie.

Il faut, en effet, se rappeler :

Que la moitié des jeunes Français âgés de 20 ans en 1914 ont disparu à l'issue du conflit.

Il faut se rappeler :

Qu'il y a à déplorer 9,5 millions de morts ou disparus dont 1,4 million Français. A ces chiffres, selon les historiens, il manquerait 1 million de morts non comptabilisés par les différentes armées.


Il faut se rappeler :


Qu'il y a eu, chiffres effarants, 73 millions d'hommes mobilisés et 1 milliard d'obus tirés pendant les quatre années du conflit.


Il faut se rappeler :


Qu'en raison de la présence dans le sol d'obus, de balles, de cadavres humains ou d'animaux, 3 millions d'hectares sont déclarés toujours impropres à l'agriculture.


Il ne faut pas, bien entendu, passé sous silence les 639 fusillés pour exemple dont de nombreuses associations demandent, depuis longtemps, sans succès, la réhabilitation. A part un comportement ultra moraliste et conservateur ou peut être un patriotisme archaïque on ne comprend pas ce qui empêche à ces chefs d'Etats de prendre la décision que nous attendons tous

Mais je voudrais cette année, insister sur un point dont nous n'avons pas beaucoup entendu parler, pas d'inquiétude je ne parlerai pas des Maréchaux, non, je veux saluer le rôle exemplaire des femmes, de nos mères et grands mères, dans ce conflit.

Sans leur engagement, la victoire n’aurait pas été possible. Il faut en rappeler les circonstances mais en même temps il faut malheureusement modérer les jugements hâtifs sur leur émancipation après ces faits glorieux.

Elles ont connu une mobilisation sans précédent. La plupart d'entre elles ont remplacé les hommes enrôlés dans l'armée en occupant des emplois civils ou dans les usines de fabrication de munitions. Dans les campagnes les femmes ont assumé les travaux des champs à partir de l’été 1914. Des milliers ont servi dans l'armée dans des fonctions de soutien, par exemple en tant qu'infirmières.

Marie Curie en fût un brillant exemple.

Cette mobilisation féminine a atteint son apogée fin 1917.

Malgré la loi du 3 juin 1915 qui leur a transféré la puissance paternelle pour la durée du conflit, la sortie de guerre se traduit par un renvoi massif des femmes des secteurs de l'économie auxquels le conflit leur avait donné accès.

Au moment de l'armistice, ingrat, le gouvernement les incite à retourner à leurs activités antérieures. On a plus besoin de vous, retournez donc à vos casseroles ! C'est tout dire.

Le ministre Loucheur propose un mois de salaire aux ouvrières des usines d'armement si elles quittent leur travail avant le 5 décembre.

On considère souvent que la Grande Guerre a marqué un tournant dans l’émancipation féminine. C'est faux, car s’il est vrai qu’elles obtiennent un nouveau statut durant la guerre, au moment de l’armistice, beaucoup de choses retournent comme avant.

Dès qu’on n’a plus réellement besoin d’elles dans l’industrie, leur salaire baisse.
Les avantages acquis n’ont donc pas été très durables. Le changement est superficiel et provisoire.

Du point de vue de la politique, on ne peut pas parler d'émancipation, seules les femmes allemandes obtiennent le droit de vote en 1919.

En France, celui-ci avait été approuvé par l’Assemblée nationale mais il a été finalement rejeté par le sénat en 1922. Pour les sénateurs, de gauche, Oui, vous avez bien entendu, de gauche, les femmes, celles qui avaient concouru à la victoire, sont considérées comme d’éternelles mineures forcément influençables et soumises au bon vouloir et à la domination des hommes, incapables d’apporter « la modération de langage et la netteté des conceptions, qui sont indispensables dans les usages parlementaires ». Une autre vieille barbe s'exclame : « Séduire et être mère, c’est pour cela qu’est faite la femme » pas pour voter, etc ...

Il faudra attendre 1945 pour qu'elles obtiennent ce droit de vote et 1965 pour qu'enfin, elles puissent ouvrir un compte bancaire ou conclure un contrat de travail sans l'autorisation de leurs pères ou de leurs maris.

La seule avancée est dans la mode : abandon du corset, des vêtements longs et ajustés, des chapeaux encombrants, des chignons et, tout de même, d’une indéniable libération des moeurs qui se déploie cependant nuancé par la codification du deuil, par l’ordre moral et par la répression des pratiques contraceptives qui sont condamnées par la loi.

C'était il y a 100 ans. Avons nous vraiment évolué ?



 Jean-Claude VITRAN



1 Allocution prononcée le 11 novembre 2018 devant le monument de la Paix du cimetière de Pontoise

samedi 22 septembre 2018

Jean-Pierre Dacheux nous a quitté.


La maladie a eu raison de la résistance de Jean-Pierre.

Entouré de son extraordinaire famille, il s'est, comme il le pressentait, « effacé doucement » dans la soirée du 8 septembre.

Ce sont les Rroms1 qui nous avaient fait nous rencontrer il y a une quinzaine d'années. A l'époque, pour la Ligue des Droits de l'Homme, je m'intéressais à l'histoire et la culture de ce peuple et l'on m'avait indiqué Jean-Pierre, un presque voisin, comme étant l'un des spécialistes de ce peuple méconnu.

Depuis ce jour, nous ne nous sommes plus quittés. Nous échangions, de vive voix ou par téléphone, quasiment chaque jour sur les sujets les plus variés - politiques, sociétaux, philosophiques … - Puis à partir de 2008, nous avons décidé de tenir, à quatre mains, ce blog « Résistances et Changements ».

" Quand un ancien meurt, c'est une bibliothèque qui brûle." Ce proverbe, chinois ou africain, peu importe, s'applique particulièrement à Jean-Pierre tant sa culture et son inextinguible soif de savoir et de transmission étaient vastes. Lorsque nous échangions, j'avais l'impression qu'il avait déjà vécu plusieurs vies, tellement, les sujets et les occupations dont il me parlait étaient différents et multiples.

Jeune, il choisit la profession de maître puis directeur d'école et se consacra, en fin de carrière, aux enfants en difficulté. C'est ce qui lui fit rencontrer les enfants des Gens du voyage et des Rroms.

Ces rencontres orienterons définitivement les choix de Jean-Pierre qui à sa retraite reprend, lui aussi, le chemin de l'école, ou plutôt de l'Université, et obtient plusieurs licences et un doctorat de philosophie couronné par une thèse : « Les interpellations tsiganes de la philosophie des lumières. »

A partir de là, il consacre une grande partie de son temps à la défense de la population Rroms, il écrit plusieurs livres et de nombreux articles sur le sujet.

Jean-Pierre, boulimique de l'écriture, qui passait chaque jour plus de 10 heures à réfléchir, à écrire, à travailler à son bureau avait par ailleurs beaucoup d'autres pôles d’intérêt.

Il fut un temps, Conseiller Régional et Conseiller Municipal d'Eragny en charge de l'éducation et de la culture. Farouchement opposé au nucléaire, il animait la Maison de la vigilance face à la base nucléaire de Taverny et militait dans le Réseau Sortir du Nucléaire. Il s'opposait à toutes les formes de violence dans le Mouvement pour une Alternative Non violente (MAN).

Il était aussi Président d'une association internationale de philosophes « Ici et Ailleurs2 ».

Cette liste n'est pas exhaustive, car Jean-pierre répondait toujours présent quand il s'agissait de prendre la défense des autres.

Infatigable défenseur des Droits de l'Homme, humaniste et homme de valeurs, durant toute son existence, toutes ses actions militantes qui furent innombrables, étaient dirigées vers l'Homme et la transmission du savoir ; il avait ce sens aigu de la pédagogie qu'il utilisait pour nous amener à nous interroger sur les grands problèmes que traversent nos sociétés.

Mais, cette trop rapide énumération des activités de Jean-Pierre serait incomplète si j'omettais son engagement viscéral pour l'écologie.

Une écologie raisonnée dégagée de la politique.

Jean-Pierre, comme beaucoup d'entre-nous, était très inquiet des conséquences du dérèglement climatique, de l'anarchie liée à la croissance et au système économique.

Il s’inquiétait du monde que nous laissons à nos descendants.

Pour la mémoire de Jean-Pierre, je continuerai à tenir ce blog. Il ne sera, bien entendu, plus tout à fait le même car il y manquera sa patte ... mais je continuerai !

Jean-Claude VITRAN


1.   J'écris Rrom avec deux R car, contre de nombreux détracteurs, Jean-Pierre Dacheux défendait cette orthographe. Les deux orthographes sont admises.

2.   https://ici-et-ailleurs.org/l-association/

mardi 11 septembre 2018

Histoire de nénuphar ... histoire du monde.

Ce texte date du 21 août 2016, il est toujours d'actualité ; peut-être d'ailleurs que le point de bascule est dépassé. 
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Vous creusez un étang.

Vous y plantez un nénuphar qui possède 1 feuille.

Chaque jour le nombre de feuilles doubles.

Si vous savez que l'étang sera complètement recouvert en trente jours, quand sera-t-il recouvert seulement à moitié1 ?

Ce petit problème résume l'histoire de notre monde.

Les scientifiques appellent « point de bascule2 » le jour où l'étang ne sera recouvert qu'à moitié.

Aujourd'hui, malgré toutes les promesses le système économique mondialisé, ne prend pas en compte ces bouleversements alors que les mutations s'accélèrent : changement climatique, évolution de la population, perte et transformation des écosystèmes, extinctions des espèces, pollution, épuisement des énergies fossiles … et que le point de bascule est peut-être pour demain.

Nous devrions être tous effrayés par cette pensée.


Jean-Claude VITRAN

1 Le 29ème jour.


2 Voir le film "Demain" et le livre tiré du film : "Demain, un monde nouveau en marche" de Cyril Dion – Editions Actes Sud

vendredi 3 août 2018

Les démocraties illibérales.


Le titre de ce blog « les démocraties illibérales1 » est repris d'un entretien donné au journal le monde par Mme Monique Canto-Sperber sous le titre est « nous assistons à la fin des libertés. »

Je ne peux que souscrire à ce jugement que je partage depuis de nombreuses années auquel j'ajouterai qu'il me semble que nous nous enfonçons, jour après jour, dans un « totalitarisme mou » abordé par Hans Jonas dans son livre le « Principe responsabilité2 » mais aussi par Hannah Arendt dans « Les origines du totalitarisme3 »

Chacun en est témoin, comme dans les régimes autoritaires, à un moindre degré cependant, les libertés individuelles sont remises en question dans nos démocraties dites libérales par des lois liberticides qui portent atteintes à notre vie privée.

Les événements récents que connait notre pays, et sur lesquels nous reviendrons, devraient nous rappeler, entre autres, que le parlement représente tous les électeurs et pas seulement ceux qui ont voté pour la majorité présidentielle.

Depuis quelques décennies, on constate que la démocratie n'est pas toujours synonyme de défense des libertés et du droit des minorités. L'Etat libéral confronté aux problèmes de la croissance économique intervient de plus en plus dans la sphère sociale et le peuple, anesthésié, attend passivement la résolution de TOUS ses problèmes.

En laissant les gouvernants régler leurs comportements et agir à leur guise, les individus abandonnent, progressivement, des parcelles de leurs libertés.

Sans revenir sur le versant lamentable de l'affaire Alexandre Benalla, un point, entre autres, pose un problème de respect de nos libertés individuelles. Cette personne se serait vue remettre des vidéos des caméras de vidéo-surveillance de la place de la Contrescarpe tournée le 1er mai. La loi est précise : sauf à la demande d'un juge, ce qui n'est pas le cas, les vidéos ne peuvent être conservées plus de 30 jours et ne doivent pas être visionnées par un tiers. D'ailleurs, la Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL) s'est émue de cette « dérive » et a diligenté une enquête. Il est à noter que quelques responsables de la Préfecture de Police ont, selon le Canard Enchaîné, reconnu ne pas être au courant de l'interdiction de conservation des images vidéos … un comble !

Pas plus que le citoyen, l'Etat n'a pas à s'affranchir des règles du droit et des lois.

Ce point précis, qui concerne, directement, nos libertés individuelles et nos droits fondamentaux confirme qu'il est légitime de se questionner sur la confiance en l'Etat que l'on peut avoir au regard du respect du droit et sur son glissement vers une démocratie illibérale.


Jean-Claude VITRAN

1 https://fr.wikipedia.org/wiki/Illib%C3%A9ralisme
2 Hans Jonas, Le principe responsabilité, Champs Flammarion, 1990
3 Les Origines du totalitarisme - Hannah Arendt
Éditeur : Le Seuil - Série : Essais - Collection : Points
Vol. 1. Sur l’antisémitisme - Vol. 2. L’Impérialisme - Vol. 3. Le Système totalitaire

jeudi 12 juillet 2018

« Salauds de pauvres ! » - L’éditorial de Malik SALEMKOUR, président de la LDH


Je suis souvent critique de l'attitude de la Ligue des Droits de l'Homme française, dont je suis pourtant membre depuis une quinzaine d'année, la trouvant trop timorée, et insuffisamment vindicative à l'égard de la politique du gouvernement Macron depuis 2017.
Le dernier éditorial du Président de la LDH nous donne un bouffée d'air pur. Il est dommage qu'il ne soit destiné qu'aux militants de l'association.
Essayons de lui donner un peu d'ouverture en le reprenant sur le blog « Résistances et Changements ».

Jean-Claude VITRAN

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Le 12 juin 2018, une vidéo diffusée par l'Elysée montrait le président de la République Emmanuel Macron, en réunion de travail, s’exprimer sans retenue sur la pauvreté en France. 

La citation complète est utile pour apprécier la perception présidentielle du sujet :

« On met trop de pognon, on déresponsabilise et on est dans le curatif. C’est qu’on doit mieux prévenir, ça nous coûtera moins, et on doit mieux responsabiliser tous les acteurs. On met un pognon de dingue dans des minima sociaux, les gens sont quand même pauvres. On n’en sort pas. Les gens qui naissent pauvres, ils restent pauvres. Ceux qui tombent pauvres, ils restent pauvres. On doit avoir un truc qui permette aux gens de s’en sortir, par l’éducation. C’est comme ça qu’il faut faire, il faut prévenir la pauvreté. Et responsabiliser les gens pour qu’ils sortent de la pauvreté. »

L’intention est volontairement de faire passer un message officiel après les déclarations du 29 mai de Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics, qui distinguait deux types d’aides sociales, celles « pour les gens qui sont cassés par la vie parlant des allocations aux adultes handicapés et du minimum vieillesse, des autres attribuées entre deux périodes d'activité, qui seraient des trappes à inactivité.

Sont ainsi mis en cause le RSA (revenu de solidarité active), qui pesait en 2016 11,1 milliards d’euros, pour 1,8 million de foyers bénéficiaires (selon la Cnaf), et l’allocation de solidarité spécifique, accordée à près de 500 000 bénéficiaires, pour un total de 2,7 milliards d’euros.

Cette distinction faite parmi les bénéficiaires des minima sociaux rappelle l’expression « salauds de pauvres ! », rendue célèbre par Coluche dans les années 1980, reprenant la réplique de Jean Gabin dans le film La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara, en 1956. Il y dénonçait la perception des bourgeois qui n’y voyaient que des fainéants, des profiteurs du système.

Dans les termes populaires choisis par le Président, il faudrait les « responsabiliser», pour qu’ils s’en sortent.

Voilà donc le retour de l’antienne des assistés, des pauvres responsables de leur situation et qui s’y complaisent. Il reprend le programme de Laurent Wauquiez à la tête des Républicains, qui martèle à l’encan la nécessaire lutte contre l’assistanat, comme le faisait avant lui Nicolas Sarkozy, alors président.

Or ces minima sociaux sont un devoir de solidarité de la nation envers ses membres les plus fragiles. Les aides versées par l’Etat le sont pour assurer un revenu minimal à une personne, ou à sa famille, vivant en situation de précarité, au nom d’une dignité universelle. Il s’agit concrètement des chômeurs, de ceux en fin de droit, des salariés précaires très mal payés ou à temps partiel, avec, parmi eux, majoritairement des femmes seules avec enfants. Ces aides sont au maximum, pour le RSA, de 550,93 euros par mois pour une personne seule, 826,39 euros par mois pour une personne seule avec un enfant, ou de 494,40 euros pour l'allocation desolidarité spécifique. Comment considérer que ce serait trop, pour vivre ? Que ce serait un luxe que la France ne pourrait plus s’offrir ?

Le gouvernement doit recevoir prochainement un rapport du Comité action publique 2022 sur les pistes de réductions possibles de l’intervention publique. Ces aides représentent 0,6 % du PIB. D’autres choix budgétaires sont possibles. La priorité est-elle là ? Peut-on ainsi précariser plus et sanctionner la misère ? En posant au cœur du débat ces minima sociaux en termes de charges financières, le gouvernement s’inscrit dans une approche purement gestionnaire de la dépense sociale, comme cela a été fait avec la coupe de cinq euros des aides personnalisées au logement.

La prévention de la pauvreté est cependant un enjeu majeur qui doit, tous, nous mobiliser. Il y a en effet « un truc à faire », qui s’appelle une politique de progrès social. Non en culpabilisant les victimes de la casse sociale et en précarisant l’emploi, mais en responsabilisant tous les acteurs économiques, pour que chacun puisse vivre des fruits de son travail avec un accès à l’emploi sans discrimination, sociale, de sexe ou d’origine. Il est aussi urgent de repenser la nécessaire redistribution des richesses qui est loin d’être optimale, la vision ultralibérale actuelle de l’économie laissant de trop nombreuses personnes au bord de la route.

Cela passe par l’écoute des partenaires sociaux et des associations dans un dialogue social et civil fort, par l’affirmation des droits fondamentaux sans les réduire à leurs coûts budgétaires, et par une justice sociale qui assure à chacune et chacun une égalité de traitement et une capacité effective de progrès.


dimanche 24 juin 2018

Fraternité : un message lumineux d'Henri Leclerc.


Voici, enfin, … un message de fraternité et d'espoir dans cette cacophonie hypocrite, dans cette comédie permanente et ignoble de toutes les classes dirigeantes.

Une de nos amies s'exclame : « Que ça fait du bien d'entendre cet homme. On se dit que tout n'est pas perdu … » Comme elle a raison ...

Inutile d'en dire plus, il suffit d'écouter Henri Leclerc, le dernier grand Président de la Ligue des Droits de l'Homme, interviewé par Jean-Jacques Bourdin.



Jean-Claude VITRAN

jeudi 14 juin 2018

Stratégie de communication du Président Macron, ça marche encore, mais la ficelle devient un peu grosse.


Avec ses déclarations provocantes, jamais faites inopinément et sans raisons, Emanuel Macron frappe juste.

Sa dernière sortie : « on met un pognon de dingue dans les minima sociaux et les gens ne s’en sortent pas » ajoutant « on doit avoir un truc qui permet aux gens de s'en sortir ».

Bien entendu, les nigauds, en s’engouffrant tête baissée dans le piège tendu, se sont laissés prendre : indignation à gauche et embarras à droite.

C'est bien joué car en agissant ainsi, il brouille les cartes et on parle beaucoup plus de la forme que du fond.

On peut, d'ailleurs, se demander s'il y a du fond derrière tous ses effets de communication et d'occupation de la sphère politico-médiatique.

Cela fonctionne ... pour le moment, mais, prudence, cette fois la ficelle était un peu grosse.


Jean-Claude VITRAN

samedi 9 juin 2018

Pour l'abolition du titre de séjour - Par Leoluca ORLANDO - Maire de Palerme


Leoluca Orlando, élu à cinq reprises maire de Palerme, ancien député européen, est l'une des rares personnalités politiques à tenir une parole claire concernant la situation migratoire : la mobilité internationale des hommes est un droit inaliénable.
A ce qu'écrit Leoluca Orlando, on peut ajouter l'article 13 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, pourtant ratifié par quasiment l'ensemble des nations mondiales, qui précise que « toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat. »


Jean-Claude VITRAN


Pour l'abolition du titre de séjour - Par Leoluca ORLANDO - Maire de Palerme


Le cours de ma vie a changé plusieurs fois. L'une d'entre elles fut le jour où j'allai voir une adolescente congolaise, très belle, qui devait avoir 13 ou 14 ans. Elle avait fui par les côtes libyennes sur une embarcation de fortune avec beaucoup d'autres migrants.

Elle portait une jolie robe pour l'occasion et son attitude montrait qu'elle savait l'importance de ce qu'elle faisait. Elle lut une poésie en français et à plusieurs reprises sa voix fut étranglée par la tristesse et par les larmes. La poésie racontait le drame et la culpabilité de n'être pas parvenue à aider sa mère au moment de passer de leur embarcation au bateau des secours. Sa mère était morte dans ces circonstances et les mots de la poésie transmettaient toute la douleur et le désespoir de cet événement terrible qu'elle avait vécu.

Au moment précis où la jeune fille a lu ces mots, j'ai eu le sentiment qu'ils cachaient quelque chose d'autre. Très probablement, cette jeune fille avait tué sa mère pour pouvoir survivre. J'eus alors devant moi l'image de ma petite-fille tuant sa mère, ma fille, pour sa propre survie. Et être traversé par cette pensée, ne serait-ce qu'un court instant, fut déjà terrible.

À une autre occasion, je me trouvais sur le port comme je le fais chaque fois qu'arrive à Palerme un navire qui porte secours à des migrants. Je le fais pour leur faire sentir, tout comme aux professionnels qui s'en occupent, le respect que l'on porte aux migrants, qui sont des personnes humaines, et pour leur faire sentir que les institutions sont à leurs côtés. Dans ces situations-là, j'essaie de trouver des paroles de réconfort : « le pire est passé », « l'important est que vous soyez vivant », « à présent, vous êtes en Europe ». Tandis que je parlais avec un groupe de jeunes sur le quai, l'un d'eux était assis en silence, les yeux baissés et perdus dans le vide. Après avoir parlé avec eux un certain temps, je me suis tourné vers ce garçon et je lui ai demandé pourquoi il ne me parlait pas et ne me regardait pas. Il a levé sur moi ses yeux noirs et dans un anglais impeccable, il m'a dit : « Monsieur le maire, que voulez-vous que je vous dise ? J'ai tué deux frères pour arriver ici vivant ». J'ai pensé à ce qu'il se serait passé si mon frère avait été contraint de nous tuer, mon autre frère et moi, pour survivre.

On croirait des récits de Dachau et d'Auschwitz : nous poussons des personnes comme nous à risquer leur vie et celle de leurs proches à cause d'absurdes réglementations sur les migrations.

Les migrants nous poussent à nous interroger sur les droits, pas seulement sur notre respect des droits de l'homme mais sur les droits qui sont les nôtres, les droits de tout être humain.

Palerme est devenue, à travers ce genre d'expériences, une référence dans le monde entier en matière de culture de l'accueil. Je suis fier d'être maire d'une ville qui adresse un message au monde et le met en demeure face aux égoïsmes européens, et pas seulement européens. Je crois qu'au nombre des droits inviolables de l'homme, il y a le droit de choisir où vivre et où mourir. Personne ne peut être contraint à vivre et à mourir, et souvent à se faire tuer, là où l'ont choisi ses parents, sans avoir été consulté sur l'endroit où il allait naître.

Telles sont les raisons pour lesquelles, à Palerme, a vu le jour la « Charte de Palerme », présentée en 2015 lors du congrès « Io sono persona » (Je suis personne), qui propose et soutient l'abolition du titre de séjour, et promeut la mobilité internationale comme un droit inaliénable de l'homme. Nous ne pouvons pas permettre que des êtres humains soient torturés au nom d'un permis de séjour qui constitue, j'en suis convaincu, une nouvelle peine de mort et un nouvel esclavage. Le système de lois et d'accords internationaux au niveau européen est aujourd'hui un système qui engendre le crime, un système criminogène qui remplit les poches d'organisations criminelles et de trafiquants d'êtres humains. Il ne sera pas facile de se libérer du permis de séjour, comme il n'a pas été facile de se libérer de la peine de mort et de l'esclavage.

La mondialisation, code culturel et économique de notre époque, a consacré le principe de liberté de circulation pour les informations, la communication, l'économie, l'argent, les moyens de transports. Mais pas pour les personnes. À l'âge de la mondialisation, un grand nombre de mots voient leur sens changer et certains le perdent tout à fait. Pensons aux mots État, patrie, identité.

Un jeune reconnaît-il à l'État le même sens que celui que lui a donné ma génération ?

Aujourd'hui, un jeune connaît son « village » et le monde, qu'il vit également à travers Internet. L'État est perçu comme lointain et souvent comme une limite à nos aspirations, une entrave au bonheur.

Qu'est-ce que la patrie ? La condamnation par l'état civil à vivre là où mes parents ont décidé que j'allais naître ? Non, la patrie c'est moi qui la choisis. Ma patrie est l'Italie parce que j'ai choisi de rester et de vivre ma vie à Palerme, pas parce que ma mère et mon père m'ont fait naître en Sicile.

Qu'est-ce que l'identité ? Est-ce une condamnation décidée par le sang de nos parents ? L'identité est tout au contraire un acte suprême de liberté. Je suis chrétien et italien, et je pourrais choisir de devenir marocain et hindou ou allemand et musulman. Maudite loi du sang, qui a provoqué des génocides terribles tout au long de l'histoire de l'humanité.

Publié en partenariat avec l'Ambassade de France en Italie et l'Institut français d'Italie, dans le cadre du cycle de débat d'idées « Dialoghi del Farnese ».



mardi 5 juin 2018

Décidément, la macronie a des problèmes avec la solidarité !


Le projet de loi sur le logement dans son article 18 voté vendredi dernier prévoit de faire passer à 10 % (au lieu de 100 %) le nombre de logements neufs accessibles aux personnes en situation de handicap.

Pour se dédouaner de ce recul dans la prise en charge du handicap, le gouvernement affirme qu’en cas de besoin, les 90 % logements restants, par un tour de passe-passe digne de la magie, seront facilement rendus accessibles.

L’idée est de construire des logements adaptables, pour un coût modique, en enlevant une ou deux cloisons par exemple.

« Que fera un propriétaire quand il aura le choix entre deux locataires  : le premier, qui pourra entrer dans l’appartement sans rien changer et le second, en situation de handicap, qui lui demandera de faire des travaux d’aménagement... », s’inquiète Arnaud de Broca ( président de la Fédération Nationale des Accidentés du Travail et des Handicapés – Fnath ).

Comme pour le glyphosate et bien d'autres sujets, les lobbies, dans le cas présents ceux des promoteurs immobiliers, ont réussi à influencer le gouvernement face aux personnes en situation de handicap.

C'est une reculade par rapport à la loi du 11 février 2005 qui imposait de rendre accessibles tous les logements dans les constructions neuves. Ce qui n'était déjà pas une réalité car les ascenseurs ne sont obligatoires qu'à partir des immeubles de quatre étages, or sans ascenseur pas d’accessibilité.

Comme pour la politique de santé, pour celle des EHPAD et pour des raisons bassement économiques, le gouvernement tourne le dos au principe de solidarité nationale et ne veut pas regarder la réalité en face.

Du fait du vieillissement - plus de 300 000 personnes deviennent handicapées chaque année - les gouvernements seront rattrapés par les conséquences de l'allongement de la durée de vie qui touchent tous les citoyens.

Le réveil sera tragique et fort couteux.

Au lieu de discréditer les personnes en situation de handicap, le gouvernement devrait plutôt s'attaquer à la spéculation foncière, cela permettrait de construire moins cher et de meilleure qualité, mais cela ce n'est pas dans les gènes du libéralisme macronien.

Jean-Claude VITRAN

samedi 19 mai 2018

Il n'y a pas d'étrangers sur cette terre ...


Il n'y a pas d'étrangers sur cette terre, il n'y a que des gens qui ne sont pas encore rencontrés.

Cette maxime a été échangée entre une journaliste et une dame âgée qui se sont rencontrées, fortuitement, dans le TGV entre Lyon et Paris.

Selon les exégètes, elle est tirée du Talmud, l’un des textes fondamentaux du judaïsme.

On peut toujours rêver, imaginer qu'elle va traverser la Méditerranée et revenir dans les mémoires afin de rendre raison à ceux qui s'affrontent dans un combat asymétrique et barbare à la frontière de Gaza.


Jean-Claude VITRAN

lundi 30 avril 2018

Au Col de l’Échelle, impunité pour les identitaires d’un côté, prison ou tabassage pour les soutiens pacifiques des migrants de l’autre…


Notre société française est très malade.
Les responsables gouvernementaux pratiquent le double langage et oublient la devise de la République : LIBERTE – EGALITE – FRATERNITE.
C'est pour dénoncer ces pratiques autoritaires que nous relayons le communiqué ci-dessous :
Jean-Claude VITRAN
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Communiqué du collectif Délinquants solidaires



Alors que des citoyen-ne-s, associations et collectifs locaux se mobilisent depuis de longs mois pour organiser l’accueil de personnes exilées sur leur territoire face aux pratiques irrégulières des forces de l’ordre, les évènements de ce week-end à Briançon montrent bien que le délit de solidarité a encore de beaux jours devant lui.

Dans le cadre d’une mise en scène médiatique au col de l’Échelle à la frontière franco-italienne, le groupe d’extrême-droite Génération Identitaire a bloqué la frontière entre le 21 et 22 avril, étalant des messages haineux en pleine montagne, barrant la route à des personnes épuisées par un trajet en montagne, les mettant ainsi potentiellement en danger, puis relayant les photographies de leurs faits d’armes sur les réseaux sociaux à grand renfort de commentaires xénophobes. Ainsi, à l’instar de ce qui s’est passé lors de l’action organisée en Méditerranée à l’été 2017 pour saborder les sauvetages de personnes migrantes, des militant-e-s d’extrême droite de plusieurs pays européens sont venues bloquer symboliquement la frontière sans que les forces de l’ordre interviennent ou que les autorités condamnent clairement cette action, se bornant à évoquer des « gesticulations ».

Le dimanche 22 avril, une manifestation pacifique composée de plus de 150 personnes exilées et de leurs soutiens est partie de Clavière en Italie pour rejoindre Briançon à pieds et ainsi protester contre la militarisation de la frontière et la non prise en charge des personnes mineures ou en demande d’asile par les autorités françaises. Les organisations locales et régionales alertent depuis 2015 sur les atteintes systématiques aux droits des personnes migrantes à la frontière franco-italienne, de Menton à Briançon sans qu’elles soient entendues par les responsables politiques.

A l’issue de cette manifestation spontanée, six personnes ont été interpellées par les forces de l’ordre. Trois ont finalement été relâchées mais trois autres sont toujours en détention provisoire, enfermées à Gap et à Marseille. Poursuivies pour « avoir par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée irrégulière en France de plus d’une vingtaine d’étrangers, avec cette circonstance que les faits ont été commis en bande organisée », elles risquent selon la loi française jusqu’à 10 ans de prison assortie de 750 000 euros d’amende. Le jugement ayant été renvoyé au 31 mai 2018, ces trois personnes originaires de Suisse et d’Italie resteront donc potentiellement enfermées jusqu’à cette date.

En marge de la manifestation, cinq participant-e-s attablé-e-s à la terrasse de l’Hôtel de la Gare à Briançon vont faire l’objet d’un contrôle d’identité. Les policiers demandent à l’une des personnes de les suivre, refusant d’en donner la raison. « On va pas te le répéter deux fois » lance un policier. La personne sort son téléphone pour prévenir un avocat, les policiers le lui arrachent et la projettent au sol, lui sautent dessus. Face contre terre, coups de matraque, clef de bras, coup de genoux, pouces enfoncés dans les yeux, étranglement, la personne est finalement traînée par les pieds dans les escaliers, toujours face contre terre, puis jetée sur le goudron deux mètres plus loin. Alertés par les cris, des gens arrivent, les policiers gazent tout le monde, y compris la personne gisant au sol, visage tuméfié, en sang, la mâchoire gonflée, respirant difficilement et aveuglée par les gaz lacrymogènes. Souffrant de multiples contusions, d’un énorme hématome à la mâchoire, d’une entorse aux cervicales, et de douleur au niveau de la trachée, cette victime de la violence policière est amenée aux urgences. Résultat : 10 jours d’interdiction totale de travail.

Il est inadmissible que ces personnes soient actuellement privées de liberté ou violentées alors qu’elles ont été interpellées dans le cadre d’une manifestation pacifique. En outre, ces militant-e-s de la solidarité ont participé à de nombreuses opérations de sauvetage en montagne, se rendant juste « coupables » d’assistance à personne en danger. Un cas de plus de dissuasion de la solidarité.

Le collectif Délinquants solidaires s’inquiète du peu de cas qui est fait par les pouvoirs publics de l’expression sans complexes d’une xénophobie et du blocage des frontières par des militant-e-s d’extrême-droite, qui a pour conséquences immédiates la mise en danger des personnes migrantes parmi lesquels des mineur-e-s, ainsi que le déni pur et simple du droit d’asile, qui est encore une obligation conventionnelle de la France.

Le collectif Délinquants solidaires condamne fermement la détention de soutiens des exilé-e-s et appelle à leur libération immédiate. Par ailleurs, il répète que la solidarité et l’accueil sur nos territoires manifestés par des milliers de citoyens et citoyennes doivent être encouragés au lieu d’être systématiquement dénigrés ou réprimés. Si les député-e-s ont raté l’occasion d’abroger le délit de solidarité, nous restons mobilisé-e-s et solidaires des personnes exilées pour réclamer un accès aux droits effectifs pour toutes et tous et le droit de s’organiser collectivement.

vendredi 27 avril 2018

Tueurs d'abeilles : enfin, la raison semble toucher l'Union Européenne !


En effet, aujourd'hui, le Comité permanent sur les plantes, les animaux, les denrées alimentaires et les aliments pour animaux a voté à la majorité qualifiée (55 % des Etats membres représentant 65 % de la population totale de l’UE) l'interdiction de trois produits de la famille des néonicotinoïdes, insecticides dangereux pour les abeilles sur toutes les cultures de plein air.

La France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont voté en faveur de l’interdiction. Quatre pays ont voté contre : Danemark, Hongrie, République tchèque et Roumanie et neuf pays se sont abstenus, dont la Belgique et la Pologne.

Ces produits - clothianidine, imidaclopride, thiaméthoxame - sont considérés comme les principaux responsables de l’effondrement des populations d’insectes pollinisateurs.

Une étude récente affirme que les populations d’insectes ont chuté de près de 80 % en moins de trente ans en Europe à cause des  nouvelles méthodes de protection des cultures dont les néonicotinoïdes.

L'utilisation de ces produits dangereux a aussi pour conséquence la disparition d’un tiers des populations d’oiseaux en quinze ans en France. Une disparition qualifiée par les chercheurs du CNRS et du Muséum national d’histoire naturelle de « proche de la catastrophe écologique ».

Comme pour le secteur industrio-financier le profit est plus important que les insectes, les oiseaux et au delà pour l'existence humaine, ce vote, a été combattu par un lobbying intensif du secteur des pesticides et des industriels de la betterave à sucre, et il reste, aussi, à attendre le jugement de la Cour européenne de justice saisie par les deux fabricants de néonicotinoïdes - Bayer et Syngenta - qui devrait intervenir avant la fin de l’année.


Jean-Claude VITRAN 

A voir :  http://resistancesetchangements.blogspot.fr/2017/11/cop-23-il-ny-plus-doiseaux-dans-mon.html



mardi 10 avril 2018

COMMUNIQUE DE LA LIGUE DES DROITS DE L'HOMME

Voici le communiqué de la Ligue des Droits de l'Homme au sujet des propos tenus par M. Macron, Président de la République, lors de son discours du 9 avril à la Conférence des Évêques de France.
Je souscris totalement à ce communiqué.
Jean-Claude VITRAN


Le Président de la République a été reçu le 9 avril 2018 par la Conférence des Evêques de France.

Aucun Président, avant lui, n'avait répondu favorablement à cette invitation.

Les paroles prononcées, à cette occasion, par Emmanuel Macron, à l'attention des catholiques sont particulièrement inquiétantes : « Le lien entre l'Église et l'État s'est abîmé, et qu'il nous importe à vous comme à moi de le réparer (...) Un Président de la République prétendant se désintéresser de l'Église et des catholiques manquerait à son devoir. »

Ces propos constituent une grave violation de la loi du 9 décembre 1905 de séparation des Eglises et de l'État dont le Président de la République doit être le garant.

La suite de son discours est encore plus préoccupante car Emmanuel Macron semble convaincu que l'Histoire de notre pays se résume à l'histoire de l'Eglise catholique : « Je suis convaincu que les liens les plus indestructibles entre la nation française et le catholicisme se sont forgés dans ces moments où est vérifié la valeur réelle des hommes et des femmes. Il n'est pas besoin de remonter aux bâtisseurs de cathédrales et à Jeanne d'Arc: l'histoire récente nous offre mille exemples, depuis l'Union Sacrée de 1914 jusqu'aux résistants de 40, des Justes aux refondateurs de la République, des Pères de l'Europe aux inventeurs du syndicalisme moderne .... »

Ces assertions nous paraissent spécieuses.

Nos Républiques successives ont été édifiées autour du concept de séparation des Eglises, de toutes les Eglises et de l'Etat : la LAICITE.

L'article premier de la Constitution du 4 octobre 1958, dispose que La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale.

La Ligue des Droits de l'Homme ne laissera pas le premier des « républicains » et son gouvernement remettre en question l'un des concepts fondamentaux de notre démocratie et de notre conception de la République.

Ligue des Droits de l'Homme
Section d'Ermont - Eaubonne - Sannois - Saint-Gratien