vendredi 26 janvier 2024

Nous ne sommes plus qu’à 90 secondes de la fin du monde ...

L'horloge de la fin du monde ou horloge de l'Apocalypse est une horloge virtuelle créée en 1947 au début de la guerre froide pour dénoncer le danger qui pèse sur l'humanité du fait des menaces nucléaires, écologiques et technologiques.

L'horloge utilise l'analogie du décompte vers minuit qui serait l'instant de la fin du monde. Chaque année, le nombre de minutes restant est mis à jour par des scientifiques. 

A l'origine, l'horloge évaluait la possibilité d'une guerre nucléaire mondiale, mais depuis 2007, elle prend aussi en compte la reprise à la course à l'armement nucléaire par de nouveaux acteurs (Iran, Corée du Nord) et aussi les conséquences des actes terroristes, les problèmes liés au changement climatique, aux pandémies et aux nouvelles technologies (nanotechnologie, biotechnologie, intelligence artificielle, ...)

Ce début d'année, face aux menaces imminentes d'une guerre nucléaire et du changement climatique : la guerre en Ukraine s'enlise, l'impact sur les réacteurs nucléaires de Tchernobyl et de Zaporijjia inquiète et le changement climatique s'accélère, elle est positionnée 90 secondes avant minuit (23h 58min 20s), c'est à dire qu'il semble que l'humanité n'a jamais été aussi proche de sa fin !

Jean-Claude Vitran



mardi 16 janvier 2024

POPULATION CARCERALE FRANCAISE

Une de mes amies, visiteuse de prison, m'a fait prendre conscience d'un fait particulièrement troublant dont on ne parle jamais, pas même la Ligue des Droits de l'Homme.

Saviez-vous qu'au 1 décembre 2023, dernier chiffre connu, il y avait 75677 personnes sous écrous et seulement 2543 femmes soit 3,4% de la population carcérale. (Voir les chiffres dans le tableau ci-dessous)

Cette différence révélatrice, voire sidérante, qui n'est vraiment pas glorieuse pour le genre masculin explique certainement pourquoi celui-ci préfère oublier la statistique et mettre un couvercle sur le chiffre.

D'autant que la démographie penche du coté féminin puisque à fin 2023 on recensait 35.255.688 femmes et 33.117.745 hommes dans notre pays.

Alors que, Emmanuel Macron a voulu faire de l’égalité entre les femmes et les hommes la grande cause de son quinquennat, il serait, peut-être judicieux de réunir une convention pour réfléchir au moyen de civiliser le mâle français.




jeudi 11 janvier 2024

LA POLITIQUE DE LA PEUR

 Chacun sait que plus on renforce la sécurité, moins on a de liberté !

Pourtant, aujourd'hui, nombreuses sont les organisations politiques qui font commerce de la sécurité en surfant sur les peurs de nos concitoyens et la dernière « loi immigration », 29 lois depuis 1980, en est une des conséquences.

En effet, les peurs se multiplient, ... peurs des émigrés, de l'inconnu, du futur, du monde, des gens, de l'autre, de la différence, de son voisin, de décevoir, de la mort, du terrorisme, des enlèvements, etc … et pour certains politiques professionnels de la peur, celle absurde, du grand remplacement.

Nos contemporains pensent que des risques sociaux, économiques, industriels et écologiques, nous guettent en permanence, qu'ils sont multiformes et incontrôlables.

Bien que nos sociétés démocratiques occidentales soient parmi les moins dangereuses, nous nous sentons menacés, plus soucieux de notre sécurité que dans la plupart des autres sociétés. Notre vie est organisée autour d’une recherche perpétuelle de protection et de sécurité dans un environnement peureux, angoissé et faible. La force de la peur, vecteur émotionnel contagieux, est telle qu'elle est exploitée par des politiques, des financiers, des médias peu scrupuleux, spécialistes de la manipulation de masse. Dans un monde qui semble ne plus avoir de sens, la peur donne des repères. Comme le suggère Freud : la peur rassure.

De plus, dans le système économique libéral, la peur est un facteur de croissance. C'est un marché qui ne connaît pas la crise, un commerce florissant dans nos sociétés marchandes. Dans notre pays, combattre les risques représente environ 20 à 30% des ressources et le marché de la peur pèse, au niveau mondial, plus de 100 milliards d'euros, c'est une nouvelle ruée vers l'or pour les entreprises spécialisées qui génèrent une croissance en expansion continue à faire rêver tous les dirigeants avec une prévision de progression annuelle de l'ordre de 5%.

L’expression « politique de la peur » sous-entend que des politicien(e)s manipulent volontairement les craintes des populations pour réaliser leurs objectifs : Inquiéter les électeurs, jouer sur leurs émotions. Lors des campagnes électorales, c'est l'exercice favori d'hommes ou de femmes politiques qui stigmatisent le Musulman, le Rom, l'étranger, le délinquant, l'Europe … 

L'utilisation politique de la peur est un moyen de pression sur tous les citoyens quisont des suspects, des ennemis potentiels et tous les gouvernants finissent pars'intéresser de trop près à leur vie privée et à leurs données personnelles au point d'aliéner leurs libertés.

Bien entendu, chacun d'entre nous se considère inoffensif et ne se croit pas concerné ; pourtant, ceux qui nous côtoient ne le savent pas ; si nous avons peur des autres, les autres ont peur de nous.

Ce principe de réciprocité de la peur de l'autre ne saurait rassembler la communauté, il est sans issue et conduit inéluctablement à la violence. La peur de l’autre, c’est le refus de sa différence mais c'est aussi la peur de soi-même.

Quand comprendrons nous que ces discours de peur sont seulement des manipulations destinés à prendre le pouvoir et à accroître la domination sur les citoyens !

Ni les démocraties, ni les individus ne résisteront à cet avilissement, on doit vaincre la peur dans son rapport avec l’autre, en luttant contre les préjugés et les habitudes, en envisageant l’autre non comme une agression mais comme une chance d’ouverture.

C’est une des questions fondamentales du moment et il y va de la survie de la démocratie.

Jean-Claude Vitran



jeudi 4 janvier 2024

LA DICTATURE DU RISQUE ZERO

L'une des origines étymologiques du mot "risque" renvoie à l'italien risco ou à l'espagnol riesgo ce qui signifie l'écueil qui menace les navires, puis plus largement tout danger auquel sont exposées les marchandises en mer. 

Ce mot apparaît au XIVème siècle, avec l'avènement de l'assurance maritime en Italie (en particulier à Gênes), qui accompagne alors le développement du commerce par voie maritime. 

La recherche de nouveaux débouchés constitue bien une innovation au sens de Schumpeter : le risque est ainsi d'emblée associé à une volonté d'innover, d'entreprendre, qui a le souci de prévenir les coups du sort, en les maîtrisant par l'assurance, chaque armateur versant une prime qui permettra de sauver de la banqueroute les quelques malchanceux qui verront leur navire sombrer. 

A condition bien sûr que la cause du naufrage soit bien fortuite : une ordonnance de Colbert rappelle que la notion de risque est exclusive de celle de la faute. Ainsi, si la cargaison est perdue suite à une mutinerie plutôt qu'à une tempête, l'assurance ne fonctionne pas. 

Apparaît alors une différence essentielle entre risque et danger : le second terme vient du latin dominarium, le pouvoir de dominer, qui implique la présence d'une volonté adverse qui contraint l'individu, se rend maître de lui. 

Au contraire, le risque est un danger sans cause, accidentel. 

Cette notion de risque sans cause a beaucoup évolué au cours des siècles, aujourd’hui pas de risques, sans cause, ni responsabilité.

Pour beaucoup, le risque zéro et son corollaire le principe de précaution sont une philosophie du catastrophisme qui voudrait que l’on considère le scénario le plus alarmiste comme le plus probable. 

Si cette vision triomphait nous entrerions dans un nouvel âge obscurantiste.

Dans notre société moderne, l’angoisse existentielle de notre fin programmée exacerbe le besoin de sécurité. 

Nous ne voulons pas que nous même et nos proches courent des risques ; de notre conception jusqu’à notre dernier souffle, nous demandons à l’Etat de nous garantir notre intégrité, voire de nous garantir l’immortalité. 

Cette tentation du risque zéro est une absurdité.

L’apprentissage du métier d’Homme, l’éducation, vivre tout simplement obligent à des prises de risque permanentes.

Comme le dit Martin Heidegger : « Ne sommes nous pas en sursis dès notre naissance ? »

Toute action humaine a sa part de risque et vivre est un risque.

Le risque zéro correspond aussi au développement de la société de consommation : consommez, consommez, tout est sous contrôle. 

Cette gestion des risques vise le bien-être des individus, or ceux-ci ne considèrent pas que le pire est toujours sûr : sinon il y a longtemps que les marchands de tabac auraient fait faillite ; en 1996, les scientifiques ont affirmé la possibilité d’une forme humaine de la vache folle (ESB), pourtant la consommation de bœuf n’a baissé que de 10 %.

Sans doute, le public a considéré que le bénéfice de la consommation excédait le coût du risque qu’elle induisait.

Qu’il y ait des accidents technologiques lourds - centrales nucléaires, usines chimiques - aux impacts internationaux, si nous ne sommes pas concernée directement, ces accidents dangereux pour l’humanité, laissent la majorité du public indifférent. Mais que des menaces plus diffuses surviennent sur l’environnement, la santé, la sécurité - sang contaminé, ESB, pollution, OGM, Covid 19 - et la crainte ronge alors la tranquillité des citoyens des pays développés.

La multiplication de ces menaces mal identifiées entretiennent les angoisses. Aidé par une presse catastrophiste qui verse dans le sensationnel et les morts accidentelles en tout genre, le public succombe à la dictature du risque zéro.

A force de vouloir le risque zéro, il glisse vers une déresponsabilisation générale face aux exigences de la démocratie.

Les hommes politiques se transforment en gestionnaires des risques et en réactifs compassionnels.

Lors de ses vœux aux Français, alors qu’il était président, Jacques Chirac évoqua un « monde incertain et dangereux » et Il faut noter que depuis le tournant du siècle, à gauche comme à droite, la sécurité est devenue la « première des libertés » - la notion de risque constitue une ressource politiquement très intéressante. Le bon politique est le bon gestionnaire des risques. 

Avec la gestion des risques, un parti politique se projette dans l'avenir sans avoir à imposer une volonté particulière aux citoyens. Il se met à leur service. 

Avec la gestion des risques, les pouvoirs publics ont moins à craindre d'affronter les mouvements sociaux ; ils auront plutôt à canaliser les bonnes volontés.

Ainsi, le pouvoir instrumentalise la demande sécuritaire au point d’en faire un outil politique, et pour garantir le besoin de sécurité il développe des systèmes de coercition et de surveillance de plus en plus sophistiqués et généralisés.

Evidement, le risque zéro n’a jamais existé dans la réalité, et, trop de sécurité tue la sécurité.

Un exemple parmi d'autres de dérives sécuritaires : 

On entend dans certains discours l'idée de vouloir évaluer le potentiel de dangerosité des individus.

La dangerosité est une notion difficile, voire impossible, à cerner. On peut en distinguer deux types - la dangerosité psychiatrique et la dangerosité criminologique.

La première ne devrait pas poser de problème, mais si on veut la prévenir, on doit s’en donner les moyens, ce qui n’a jamais été historiquement le cas. A titre indicatif, il n’existe que quatre unités de soins pour malades difficiles en France et 30 % des détenus des prisons françaises sont des malades psychiatriques.

Si l’on veut diminuer la dangerosité psychiatrique, il faut SOIGNER NON ENFERMER ET PUNIR.

La dangerosité criminologique est plus problématique à évaluer. Définie comme un phénomène psychosocial d’une présomption de commettre un délit contre les personnes ou les biens, elle est une probabilité subjective que l’on mesure difficilement.

Pour répondre à ce potentiel de dangerosité, le pouvoir a promulgué sans réaction du public, sauf des militants des droits humains, une loi nommée « rétention de sûreté »

Des mesures de rétention de sûreté s’appliqueront après expertise médicale et sur avis d’une commission chargée de constater que ces criminels "restent particulièrement dangereux et présentent un risque très élevé de récidive à l’issue de leur peine de prison". 

La rétention de sûreté pourra, alors, être prononcée pour une durée d'un an renouvelable. Seront concernés les pédophiles condamnés à plus de 15 ans de réclusion. Ce dispositif s’appliquera également aux personnes placées sous surveillance judiciaire (notamment sous bracelet électronique mobile) qui ne respectent pas leurs obligations. 

Robert Badinter a souligné un changement radical de société : « La prévention par la détention au regard d’une infraction virtuelle est le fait des sociétés totalitaires, dans lesquelles on peut considérer l’individu comme dangereux du point de vue social, criminologique ou politique. »

D'autant plus, que chacun d'entre-nous peut, un jour, pour des raisons pathologiques devenir dangereux pour la société.

Ni prison, ni hôpital, ces centres ne sont pas définis par une fonction interne : ils ne soignent pas, ils ne punissent pas, ils ne réinsèrent pas. Les individus qui y sont placés sont en retrait de la société qui s’en protège. Ils sont des non-sujets dans des non-lieux. 

C’est une régression de 180 ans.

Pour mémoire :

1838 : les aliénés deviennent des malades à soigner et non plus des asociaux à enfermer. Mais beaucoup d'entre eux, qui ne sont pas criminels, restent internés à vie. 

1960 : les soins se poursuivent hors de l'hôpital. 

1990 : la liberté du malade est protégée ... 

Sous couvert du risque zéro, on veut chambouler un système patiemment construit et qui soigne plutôt bien, notamment les quelques 250 000 schizophrènes dont 99 % vivent au dehors et sont dangereux surtout pour eux.

Jean-Claude Vitran