jeudi 11 janvier 2024

LA POLITIQUE DE LA PEUR

 Chacun sait que plus on renforce la sécurité, moins on a de liberté !

Pourtant, aujourd'hui, nombreuses sont les organisations politiques qui font commerce de la sécurité en surfant sur les peurs de nos concitoyens et la dernière « loi immigration », 29 lois depuis 1980, en est une des conséquences.

En effet, les peurs se multiplient, ... peurs des émigrés, de l'inconnu, du futur, du monde, des gens, de l'autre, de la différence, de son voisin, de décevoir, de la mort, du terrorisme, des enlèvements, etc … et pour certains politiques professionnels de la peur, celle absurde, du grand remplacement.

Nos contemporains pensent que des risques sociaux, économiques, industriels et écologiques, nous guettent en permanence, qu'ils sont multiformes et incontrôlables.

Bien que nos sociétés démocratiques occidentales soient parmi les moins dangereuses, nous nous sentons menacés, plus soucieux de notre sécurité que dans la plupart des autres sociétés. Notre vie est organisée autour d’une recherche perpétuelle de protection et de sécurité dans un environnement peureux, angoissé et faible. La force de la peur, vecteur émotionnel contagieux, est telle qu'elle est exploitée par des politiques, des financiers, des médias peu scrupuleux, spécialistes de la manipulation de masse. Dans un monde qui semble ne plus avoir de sens, la peur donne des repères. Comme le suggère Freud : la peur rassure.

De plus, dans le système économique libéral, la peur est un facteur de croissance. C'est un marché qui ne connaît pas la crise, un commerce florissant dans nos sociétés marchandes. Dans notre pays, combattre les risques représente environ 20 à 30% des ressources et le marché de la peur pèse, au niveau mondial, plus de 100 milliards d'euros, c'est une nouvelle ruée vers l'or pour les entreprises spécialisées qui génèrent une croissance en expansion continue à faire rêver tous les dirigeants avec une prévision de progression annuelle de l'ordre de 5%.

L’expression « politique de la peur » sous-entend que des politicien(e)s manipulent volontairement les craintes des populations pour réaliser leurs objectifs : Inquiéter les électeurs, jouer sur leurs émotions. Lors des campagnes électorales, c'est l'exercice favori d'hommes ou de femmes politiques qui stigmatisent le Musulman, le Rom, l'étranger, le délinquant, l'Europe … 

L'utilisation politique de la peur est un moyen de pression sur tous les citoyens quisont des suspects, des ennemis potentiels et tous les gouvernants finissent pars'intéresser de trop près à leur vie privée et à leurs données personnelles au point d'aliéner leurs libertés.

Bien entendu, chacun d'entre nous se considère inoffensif et ne se croit pas concerné ; pourtant, ceux qui nous côtoient ne le savent pas ; si nous avons peur des autres, les autres ont peur de nous.

Ce principe de réciprocité de la peur de l'autre ne saurait rassembler la communauté, il est sans issue et conduit inéluctablement à la violence. La peur de l’autre, c’est le refus de sa différence mais c'est aussi la peur de soi-même.

Quand comprendrons nous que ces discours de peur sont seulement des manipulations destinés à prendre le pouvoir et à accroître la domination sur les citoyens !

Ni les démocraties, ni les individus ne résisteront à cet avilissement, on doit vaincre la peur dans son rapport avec l’autre, en luttant contre les préjugés et les habitudes, en envisageant l’autre non comme une agression mais comme une chance d’ouverture.

C’est une des questions fondamentales du moment et il y va de la survie de la démocratie.

Jean-Claude Vitran



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

N'hésitez pas à poster un commentaire.