mercredi 26 juin 2024

Racisme : la leçon inaugurale de Marine Le Pen


« Va à la niche », « Bonobo », « on est chez nous » ne sont donc pas, absolument pas, des insultes racistes, quand bien même elles visent une femme à la peau noire. 

Voilà la posture de combat tranquillement développée par Marine Le Pen dans l’entretien qu’elle a accordé au quotidien La Voix du Nord le 24 juin dernier.

Celles et ceux qui ont pu suivre la séquence d’« Envoyé Spécial » dans laquelle on voit un couple de sympathisants du Rassemblement national (RN) en pleine action peuvent donc se rassurer. Ce « racisme ordinaire » n’en est pas un, juste la manifestation banale d’une querelle de voisinage. Avec, de surcroît une voisine difficile, à l’identité suspecte… Si le parquet s’est souvenu, une fois n’est pas coutume, que le racisme est un délit, si le garde des Sceaux a cru bon de demander un rapport en vue de la suspension de l’auteure de ces insultes, fonctionnaire du tribunal de Montargis, c’est qu’on veut impliquer le RN afin de lui nuire. Tout bref qu’il soit, cet entretien en dit long sur la vision de la cheffe du RN sur l’identité, sur le racisme et sur les responsabilités propres de son mouvement. Loin de s’en tenir à un événement passé, il parle de l’avenir. Car forte d’une dédiabolisation désormais acquise, Marine Le Pen se livre à une véritable leçon inaugurale du racisme et de la bonne façon de le pratiquer.

D’abord, aménager un espace à une vérité alternative. Marine Le Pen s’offusque, non pas de ce qu’elle a pu voir et entendre, mais du rôle de celles et ceux qui ont rapporté les faits, le sont mis en lumière. Elle ne revient pas sur les mots, ne crie pas à la manipulation du montage, n’invoque aucun mensonge, ne condamne rien ni ne formule aucun regret. Elle dénonce ! L’« émission ultra-politisée à l’extrême gauche » ment, ne cherche qu’à nuire au RN. Cette condamnation des médias n’est pas très originale. Elle implique néanmoins qu’il ne saurait y avoir de racisme là où sa dénonciation est politique. Ensuite, passer à l’offensive. Marine Le Pen retourne la charge de racisme contre ses accusateurs : « C’est vous qui tirez la conclusion que c’est raciste du fait de la couleur de peau de la victime. Ça, c’est scandaleux ». Déjà délégitimé du seul fait que sa dénonciation serait « politique », le raciste se voit désormais absous par l’existence même d’un facteur « racial ». Car ce ne sont pas les insultes qui sont racistes, mais ceux qui les dénoncent au prétexte de l’origine de leur victime. Ce retournement qui nie à la victime son identité propre et singulière est imparable. Il rejoint la vieille plainte antisémite selon laquelle « on devrait pouvoir dire d’un juif qu’il chante faux ». Sous-entendu : sans être accusé d’antisémitisme. Ne reste plus alors à Marine Le Pen qu’à situer sa responsabilité et celle de son parti au regard de telles « querelles de voisinage », enjeu qu’elle balaye d’un soupir appuyé : « Ces gens ne sont pas des cadres, des candidats. Des électeurs ? Et encore… Suis-je responsable ? » Plus crûment avoué : si ces insultes supposées non-racistes avaient été tenues par un candidat ou un élu RN, le parti se serait empressé de sévir, image oblige. Mais ce sont « des gens »… En quelques phrases anodines, Marine Le Pen nous livre là un mode d’emploi à destination des racistes de tous poils, absolution à la clé. C’est bien un véritable programme politique. Personne ne pourra dire qu’il n’était pas prévenu.

Pierre Tartakowsky

Président d’honneur de la LDH (Ligue des droits de l’Homme)

Vice-président de la Commission nationale consultatives des droits de l’Homme (CNCDH)


mardi 18 juin 2024

LEGISLATIVES


Une nouvelle fois, comme depuis plusieurs décennies, je vais avoir des états d'âme avant de glisser mon bulletin de vote dans l'enveloppe, puis dans l'urne.

En effet, en ce qui me concerne, la question est simple, elle se résume à : « tout sauf le RN ».

Depuis tout ce temps, je suis contraint de voter contre, pas de voter pour. 

Au premier tour, on peut éventuellement avoir le choix entre les 8 listes qui quémandent les suffrages des électeurs, mais au second tour, le choix est plus restreint même s'il porte sur trois listes comme cela est vraisemblable dans notre circonscription. 

J'ai lu et écouté leurs promesses de campagne, et il n'y a que les sourds ou les naïfs pour croire les ténors de ces trois listes qui se livrent à un match mortifère pour savoir qui sera le plus démagogue.

Demain, on rase gratis est la phrase à la mode.

A les croire : plus de problèmes de fin de mois, bientôt la retraite à 60 ans, un SMIC à 1600 €, de l'énergie moins chère pour tous, etc ...

On ne peut qu'adhérer à ces propositions. 

Mais, où vont ils chercher le pognon leur permettant de tenir ces promesses plus folles les unes que les autres ? 

Mais, savent-ils que l'ensemble des Français doit 3.000 milliards d'euros soit environ 45.000 € par citoyen ?

Mais, savent-t'ils que tous les démagogues qui se sont succédés à la tête de l'Etat depuis 20 ans ont fait passer la dette de 1.000 milliards à 3.000 milliards ? (1.000 milliards pour Macron)

Mais, savent-ils que le déficit public s'élève en 2023 à 5,5 % du produit intérieur brut (PIB) ?

Mais, savent-ils que le gouvernement actuel s'est engagé à revenir sous la barre des 3 % du PIB en 2027 sinon la troïka qui a mis la Grèce à genoux débarquera à Paris pour gérer la France ?

Enfin, parce qu'on pourrait encore multiplier les exemples, il faut dire à nos compatriotes que notre pays est, désolé du mot mais il n'y en a pas d'autres, dans la merde, d'autant que de sombres nuages s’accumulent dans notre avenir collectif : géopolitique internationale dangereuse, dérèglement climatique, etc …

Bien sûr que ceux qui se présentent savent tout cela et bien d'autres choses, mais ils s'en moquent, aveuglés par leur mégalomanie, leur narcissisme et leur soif de pouvoir.

Alors, une nouvelle fois, comme depuis plusieurs décennies, je vais avoir des états d'âme avant de glisser mon bulletin de vote dans l'enveloppe, puis dans l'urne.

Il reste bien sûr l'abstention, mais je ne peux m'y résoudre ?

Alors, bon courage !


Jean-Claude Vitran

mercredi 12 juin 2024

LOI SUR LA FIN DE VIE ET FAILLITE MACRONIENNE.


 Je suis très en colère quand je vois aujourd'hui que la décision d'un seul individu, fut-il Président de la République, a des conséquences considérables et dramatiques sur la vie de nos concitoyens.

La décision autoritaire d'Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée Nationale entraîne une situation tragique pour certains d'entre eux.

En effet, après des débats difficiles mais de qualité, ce qui aurait pu être la grande loi sociétale de la décennie sur la dépénalisation de l’aide à mourir pour les malades incurables en grande souffrance, était en voie d'être adoptée par l'Assemblée Nationale par un vote le 18 juin.

La décision présidentielle met fin à tous les travaux concernant ce projet qui devra faire l'objet d'une nouvelle proposition de loi et de nouveaux débats à l'Assemblée Nationale et au Sénat.

Cette loi sur la fin de vie était très attendue par de nombreux malades qui vont encore souffrir pendant de nombreux mois et décéder dans des conditions qui ne sont pas humaines.

Car, malgré qu'une majorité importante de Français soit pour l'adoption de cette loi, elle serait repoussée aux calendes grecques si le Rassemblement National gouverne, c'est une évidence, les débats l'ont montré.

Ce problème, comme beaucoup d'autres, ne sont, malheureusement, que le reflet de la faillite de 7 ans de politique d'Emmanuel Macron. 

Enfermé dans sa philosophie néolibérale, il a toujours considéré et dirigé la France comme une entreprise sans tenir compte des aspirations des français. 

L'alerte des gilets jaunes n'a servi à rien.

Même sur le plan économique, il a échoué en creusant le trou de la dette de plus de 1000 milliard d'euros.

Il ne nous reste plus que l'espérance d'un sursaut républicain de nos compatriotes pour nous éviter le chaos.


Jean-Claude Vitran



lundi 10 juin 2024

Pour un front commun des forces progressistes face à l’extrême droite

 


Le résultat des élections européennes correspond à ce que les sondages laissaient présager. L’annonce immédiate d’une dissolution de l’Assemblée nationale par le Président de la République ouvre l’éventualité d’une majorité d’extrême droite. 

Cette perspective serait évidemment un désastre pour la République française et pour les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité que nous portons, qui n’ont jamais été aussi menacées depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

La LDH (Ligue des droits de l’Homme) appelle dès à présent l’ensemble des forces politiques progressistes à dialoguer, à mettre l’ensemble de leurs divergences de côté, à se mobiliser afin de proposer un front commun dans le champ électoral face à l’adversité

Elle va chercher sans tarder à travailler à cela avec toutes les forces syndicales et associatives qui partagent cet objectif avec elle.

dimanche 2 juin 2024

QUELQUES REFLEXIONS SUR L'EUROPE

 

Dans quelques jours, nous devrions voter pour élire des députés européens.

Je n'ai pas envie de faire de la propagande politique et de vous dire pour qui voter, cependant je voudrais vous faire part de ma sidération en entendant les prises de position de candidats représentant des listes politiques appelant nos concitoyens à voter pour sortir de l'Union Européenne, le « FREXIT ».

Ces candidats sont-ils sincères dans leurs convictions ?

Savent-ils que depuis quelques dizaines d'années, sans que l'on y prenne garde - pourtant nous étions prévenu par les propos des économistes et des gouvernants néolibéraux1 - nous sommes entrés dans une phase économique que l'on qualifie de globalisation mondiale et que les destins de nos pays se sont enchevêtrés, comme les mailles d'un tissu, à tel point que sortir de ce système ferai sombrer notre pays dans un appauvrissement généralisé avec un niveau de vie proche de celui des habitants de la Corée du nord. 

( Voir à ce sujet le blog Humanisme, capitalisme et croissance du 22.12.2023 )

De plus pour des raisons liées à la recherche des coûts de production les plus bas et du profit maximum, les financiers et les industriels ont délocalisé des pans entiers de l'industrie française que, malgré ce que le gouvernement annonce, nous ne sommes pas prêt à retrouver sur notre sol.

Effectivement, chacun a le droit de critiquer l'Union Européenne, de la trouver trop technocratique, pas suffisamment démocratique, de faire la part belle à la finance, etc ... et d'avoir pour objectif de changer son fonctionnement de l'intérieur, c'est tout à fait respectable, mais nous sommes interdépendants et se refermer sur nos frontières est une utopie qui nous conduirait au suicide.

Cependant, ne croyez pas que je sois un supporter du néolibéralisme, au contraire,  je pense que moins de capitalisme sauvage et plus de justice sociale seraient les bienvenues, mais la guerre au libéralisme ne peut pas se faire seul, il faut une rébellion universelle.

Un dernier point, d'ailleurs dans le même esprit que l'interdépendance : l'immigration.

Il est certain que l'Europe doit prendre des mesures pour normaliser l'immigration et surtout supprimer ces couloirs mortifères où des malheureux en recherche de paradis trouvent la mort.

Mais, si, comme certains le veulent, on empêche l'immigration sur notre continent, nous deviendrons rapidement la « plus grande maison de retraite mondiale ». En effet, avec un taux de reproduction en dessous de 2, la population autochtone régressera et à moins de travailler jusqu'à la dernière extrémité et d'accepter de ramasser les ordures ménagères, elle ne sera plus en capacité de faire fonctionner l'économie.

Certains diront qu'en écrivant cela, je lance un message politique, ils ont certainement raison, mais je tiens seulement à mettre un peu de rationalité dans l'inepte idéologie ambiante.


Jean-Claude Vitran


1https://fr.wikipedia.org/wiki/Néolibéralisme