Il y a 219 ans, à Versailles, le 26 août 1789, l'Assemblée nationale constituante votait le texte de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Trois semaines auparavant, le 4 août, avaient été abolis les droits et privilèges féodaux. Impossible de dissocier ces deux votes : si certains hommes disposent de pouvoirs interdits à d'autres, le citoyen n'a aucun droit
Le nombrilisme français conduit à nous vanter que notre beau pays est celui des Droits de l’Homme. C’est vrai, mais l'affirmation est aussi exagérée.
En effet, bien plus tôt, en 1215, un texte, la Magna Carta, fut rédigé par les barons anglais pour réduire les pouvoirs royaux de Jean sans Terre.
En 1222, l’Empereur du Mali, Soundjata Keita, en Afrique de l’Ouest, énonçait des principes de vie en famille et en communauté; il édictait des lois régissant les rapports entre les villages et l’intégration des Etats (1). Cette constitution est connue sous les noms de Charte du Kurakanfuga ou Charte du Manden.
Le 26 mai 1679, les Anglais, encore eux, proclamaient le Bill d’Habeas Corpus qui réglait, avec précision, le droit de l’inculpé et du détenu (2).
En 1688, les Anglais, toujours eux, mettaient à la porte Jacques II et proclamaient le Bill of Right qui marquait le passage d’une monarchie de droit divin à une monarchie constitutionnelle basée sur un contrat.
Le 4 juillet 1776, les « Américains » ont, par une belle Déclaration, écrite par Thomas Jefferson, proclamé leur indépendance.
Enfin le 26 août 1789, les députés de l'Assemblée nationale constituante établissaient la synthèse des textes anglo-saxons et des idéaux politiques et philosophiques du Siècle des Lumières et rédigeaient la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.
Elle s'applique à l'ensemble des êtres humains, femmes et hommes réunis.
Dès 1790, des philosophes et des politiques dénonçaient la Déclaration. En 1791, le pape Pie VI condamnait la Déclaration des droits de l’Homme dans son encyclique Adeo Nota parce qu’elle n’était que philosophique et se substituait au droit naturel comme au droit de l’église.
Il fallut attendre le 10 décembre 1948, et la volonté des Nations Unies pour que les Droits de l’Homme soient reconnus universels par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, à l’initiative d’un Français, René Cassin, prix Nobel de la Paix.
L'Article premier de la Déclaration de 1948 : «Les hommes naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité» pourrait se suffire à lui-même.
C’est sur ce socle que se fonde l’universalité des Droits de l’Homme.
Aujourd’hui encore, de par le monde, même en France, de nombreux intellectuels, des théologiens de toutes religions, des hommes politiques avides de pouvoir, des sectes d’un autre âge tentent de nier l’universalité de ces Droits.
Pourtant, je suis certain que rien, aucune religion, aucune culture, aucune philosophie ne peut contester la portée universelle et la véracité de ce postulat, premier verset de la bible de l’humanité. Penser le contraire est une mystification et une insulte à l’humanité toute entière.
1) C’est un point particulièrement étonnant, mais pourtant véridique.
2) Ce droit n’est pas formellement reconnu en France actuellement.
Jean-Claude Vitran