Le premier des droits humains est le droit de vivre en sécurité. Quand les risques qu'entraine une entreprise humaine dépassent ses avantages, il faut sortir de l'engrenage mortel.
Voici donc le moment de lire ou relire Georges Charpak, prix Nobel de physique 1992 et membre de l'Académie des sciences. Dans un livre, encore récent (2005), De Tchernobyl en tchernobyls, déjà, il sonnait l’alarme.
Dans la présentation de ce livre, en quatrième de couverture, nous étions avertis par ses co-auteurs, pourtant partisans de l’énergie nucléaire : « Nous ne sommes pas à l’abri de nouveaux tchernobyls. L’humanité, disaient-ils, va s’enrichir de milliards d’individus dans les décennies à venir. L’énergie nucléaire est donc plus que jamais indispensable, mais l’accident de Tchernobyl aura fait des dizaines de milliers de morts. Ce livre permet de comprendre les enjeux du nucléaire civil, mais aussi militaire, qui sont nécessairement imbriqués. À l’heure des menaces terroristes, la prolifération des armes nucléaires et des matériaux qui servent à fabriquer des bombes, séquelle de la guerre froide, constitue une menace pour notre survie. Des décisions courageuses de la part des responsables politiques, militaires et industriels s’imposent pour la sécurité internationale et la paix. »
Sur France-Inter, le samedi 28 juin 2008, dans l'émission Parenthèses, Georges Charpak nous alerte de nouveau sur les dangers des armes nucléaires et plaide pour un désarmement nucléaire mondial. Au moment où un rapport interne de l'armée de l'air américaine stigmatise les mauvaises conditions de sécurité dans lesquelles sont stockées des bombes nucléaires américaines stationnées dans six pays, en Europe, un monde sans arme nucléaire devient-il possible? C'est un des nombreux défis que les hommes ont à relever, et pour Georges Charpak, c'est le plus urgent.
Que n'en tire-t-il, alors, toutes les conséquences! Même si l'énergie nucléaire était parfaitement maîtrisable, ce qui n'est nullement avéré, de tels avertissements devraient suffire à nous interdire de relancer le nucléaire, comme on s’y prépare, actuellement. Tel n’est néanmoins pas l’avis de Georges Charpak qui s’en tient à promouvoir une agence mondiale et indépendante de contrôle des matières fissiles.
Il n’y a pourtant pire péril pour l’humanité que le nucléaire. À preuve les informations qui suivent. Mais que croyez-vous qu’en déduisent les savants et les hommes politiques en responsabilité? Rien, sinon ceci : « Continuons… ».
Le culte de la croissance, inséparable du culte d’une énergie toujours plus abondante et bon marché, a définitivement formaté les grands de ce monde ! L’énergie pétrolière va vers sa fin, soit, c'est (depuis peu!) admis ; l’énergie solaire dominera, certes, un jour, on le sait (mais au rythme de nos recherches et moyens engagés elle mettra du temps à être maîtrisée et généralisée); alors, l’énergie nucléaire, fut-elle très dangereuse, reste, actuellement, dans toute logique intellectuelle de domination sur le monde, strictement indispensable. Encore faudra-t-il en convaincre les populations et relever les défis technologiques, au plus vite. On s'y emploie. Mais ce pari n’est pas gagné.
Dans la présentation de ce livre, en quatrième de couverture, nous étions avertis par ses co-auteurs, pourtant partisans de l’énergie nucléaire : « Nous ne sommes pas à l’abri de nouveaux tchernobyls. L’humanité, disaient-ils, va s’enrichir de milliards d’individus dans les décennies à venir. L’énergie nucléaire est donc plus que jamais indispensable, mais l’accident de Tchernobyl aura fait des dizaines de milliers de morts. Ce livre permet de comprendre les enjeux du nucléaire civil, mais aussi militaire, qui sont nécessairement imbriqués. À l’heure des menaces terroristes, la prolifération des armes nucléaires et des matériaux qui servent à fabriquer des bombes, séquelle de la guerre froide, constitue une menace pour notre survie. Des décisions courageuses de la part des responsables politiques, militaires et industriels s’imposent pour la sécurité internationale et la paix. »
Sur France-Inter, le samedi 28 juin 2008, dans l'émission Parenthèses, Georges Charpak nous alerte de nouveau sur les dangers des armes nucléaires et plaide pour un désarmement nucléaire mondial. Au moment où un rapport interne de l'armée de l'air américaine stigmatise les mauvaises conditions de sécurité dans lesquelles sont stockées des bombes nucléaires américaines stationnées dans six pays, en Europe, un monde sans arme nucléaire devient-il possible? C'est un des nombreux défis que les hommes ont à relever, et pour Georges Charpak, c'est le plus urgent.
Que n'en tire-t-il, alors, toutes les conséquences! Même si l'énergie nucléaire était parfaitement maîtrisable, ce qui n'est nullement avéré, de tels avertissements devraient suffire à nous interdire de relancer le nucléaire, comme on s’y prépare, actuellement. Tel n’est néanmoins pas l’avis de Georges Charpak qui s’en tient à promouvoir une agence mondiale et indépendante de contrôle des matières fissiles.
Il n’y a pourtant pire péril pour l’humanité que le nucléaire. À preuve les informations qui suivent. Mais que croyez-vous qu’en déduisent les savants et les hommes politiques en responsabilité? Rien, sinon ceci : « Continuons… ».
Le culte de la croissance, inséparable du culte d’une énergie toujours plus abondante et bon marché, a définitivement formaté les grands de ce monde ! L’énergie pétrolière va vers sa fin, soit, c'est (depuis peu!) admis ; l’énergie solaire dominera, certes, un jour, on le sait (mais au rythme de nos recherches et moyens engagés elle mettra du temps à être maîtrisée et généralisée); alors, l’énergie nucléaire, fut-elle très dangereuse, reste, actuellement, dans toute logique intellectuelle de domination sur le monde, strictement indispensable. Encore faudra-t-il en convaincre les populations et relever les défis technologiques, au plus vite. On s'y emploie. Mais ce pari n’est pas gagné.
Et qu’apprenons-nous, aujourd’hui sur l’état des lieux ?
« Le nombre de réacteurs nucléaires dans le monde devrait augmenter de 60% d'ici 2030, a annoncé, le 19 juin, Yury Sokolov, le Directeur du département d'énergie nucléaire et Directeur général adjoint de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Actuellement, selon les statistiques de la World Nuclear Association, il y aurait dans le monde 435 réacteurs nucléaires commerciaux dans 30 pays, d'une capacité totale de 370 000 MW. Ces centrales fournissent 16% de l'électricité dans le monde. Fin 2007, 25 réacteurs étaient en construction sur la Planète (dont les 3⁄4 sur le continent asiatique), tandis que 284 projets sont actuellement à l'étude dans 56 pays.
La consommation d’énergie doit considérablement augmenter dans les années à venir (+ 60 % d’ici 2030, selon les prévisions de l’Agence Internationale de l’Energie - AIE), afin de répondre aux besoins de la croissance mondiale et des 8 milliards d’habitants de la planète estimés en 2020. La croissance de la demande d’électricité sera encore plus forte, puisque la consommation mondiale devrait doubler pendant cette même période. Les capacités installées pour la production d’électricité devraient ainsi passer de 15 000 TW à 30 000 TW. »
« À l'occasion d'une cérémonie marquant le 30ème anniversaire de l'industrie nucléaire en République de Corée, Yury Sokolov a remarqué que l'expérience acquise, au cours des dernières décennies, en matière de développement durable, de construction, de mise en service, de fonctionnement et d'entretien des centrales nucléaires sera déterminante pour les nouveaux venus dans ce domaine ».
Vous avez bien lu : pour ces « spécialistes », le nucléaire fait bel et bien partie du développement durable.
« Yury Sokolov a cependant signalé que le secteur de l'énergie nucléaire devra présenter des solutions convaincantes aux défis qui surviendront à l'avenir, afin de pouvoir avoir un impact à long terme sur la question des stocks en énergie de la planète. Il a notamment mentionné, entre autres, la durabilité des ressources en uranium, la sécurité et les coûts financiers, la gestion des déchets, l'acceptation du public et la non-prolifération. »
Oui, vous avez encore bien lu : et rien ne semble plus simple à réaliser pour ces doctes spécialistes…!
« Un certain nombre de pays veulent se doter de la technologie nucléaire, notamment au Moyen-Orient (Egypte, Turquie, Bahreïn). Et un pays comme la Chine commandera chaque année, et ce jusqu’en 2020, de 2 à 6 réacteurs de « deuxième génération améliorée » (G2+), basée sur la technologie française déjà employée à Ling Ao, en Chine, selon EDF. Rappelons qu'en France, 58 réacteurs sont en fonctionnement dont 34 réacteurs de 900 MW, 20 de 1300 MW et 4 de 1500 MW. »
Vous avez finalement tout lu : la France est pionnière et entend bien le rester?
Irons-nous, alors, de Tchernobyl en tchernobyls ? Ou Vers un Tchernobyl français ?, comme l'annonce un responsable d’EDF qui vient, incognito, de briser la loi du silence dans un livre fracassant bien entendu privé de toute publicité. Ce personnage inconnu (et sans doute reconnu par ses pairs) n’est pas non plus antinucléaire. Mais il reconnaît qu’à l’approche de la pivatisation d’EDF, et compte-tenu de la vétusté de nombreuses centrales, l’état des lieux du parc nucléaire est alarmant. Or, un seul accident grave peut avoir des conséquences inimaginables ! La vigilance sur le parc nucléaire baisse de jour en jour. La peur gagne le personnel des centrales.
Qu’elle soit civile ou militaire, accidentelle ou terroriste, la menace sur les installations s’est accrue. L’humanité ne pourra plus longtemps vivre sous l’épée de Damoclès nucléaire !
De toute façon, l’uranium, dont le coût s’envole comme celui de toutes les matières premières, est aussi un minerai fossile qui déjà s’épuise. Le stockage des déchets reste sans solution pérenne. Les Allemands, qui s’apprêtaient à revenir sur leur politique de démantèlement nucléaire, viennent de découvrir des fuites dans l'ex mine de sel de Asse, en Basse Saxe, où sont enfouis leurs déchets radioactifs.
La politique nucléaire de la France que Nicolas Sarkozy veut rendre européenne est plus que jamais remise en question. De toute façon, l’uranium, dont le coût s’envole comme celui de toutes les matières premières, est aussi un minerai fossile qui déjà s’épuise. Les Français ont, plus encore que tous les autres Européens, une responsabilité historique : empêcher la catastrophe irréversible et l'impasse économique. L'énergie nucléaire nous menace plus qu'elle ne peut nous servir. L'uranium aussi : c'est fini.
Sources :
http://www.notre-planete.info/actualites/lireactus.php?id=1705
Georges Charpak, Richard L. Garwin, Venance Journé, De Tchernobyl en tchernobyls, Paris, éditions Odile Jacob, octobre 2005.
Éric Ouzounian, Vers un Tchernobyl français, Un responsable d’EDF brise la Loi du silence, Nouveau monde éditions, mai 2008.
http://www.edicom.ch/fr/news/environnement/dechets-nucleaires-la-contamination-d-une-mine-de-sel-empoisonne-berlin_1187-5510890
Jean-Pierre Dacheux