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samedi 13 mai 2017

Dissiper l'obscurité : les scenarii possibles


Les législatives, inséparables des présidentielles

Le point au 13 mai 2017. Note 61. À J-36.
par Jean-Pierre Dacheux

Nous continuerons d'analyser l'évolution de la situation politique. Aux notes antérieures, datées, numérotées et modifiables, s'ajouteront les suivantes jusqu'au 18 juin. La lecture complète du résultat des présidentielles ne s'effectuera qu'après les législatives. Fin juin 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique.


1 - On parle beaucoup, on commente, on écrit et l'on disserte, tant sur les radios, à la télé, que sur internet, mais rien n'est totalement prévisible : il est plusieurs scenarii possibles et rien n'est encore figé. S'agira-t-il, les 11 et 18 juin :

D'un scrutin massif de légitimation ?
Dans ce cas, comme cela est déjà arrivé plusieurs fois, les électeurs donneront au Président élu une majorité parlementaire lui permettant d'agir.

D'un scrutin de dispersion suite à la quadri-polarité du premier tour des Présidentielles ?
Dans ce cas, ce sera vraiment un « troisième tour » et les quatre partis ou mouvements qui s'étaient retrouvés autour des 20 à 25% des suffrages exprimés vont continuer à s'affronter, mais avec des rapports de force modifiés : La République en marche est le parti du vainqueur ; le Front National a échoué trop lourdement et aura perdu du poids ; Les Républicains veulent une cohabitation ou une coexistence qui reste trop ambigüe pour mobiliser toute la droite traditionnelle qui ne se remet pas de l'échec de Fillon ; La France insoumise a les mains libres car elle est l'opposition indiscutable de la gauche résiliente, mais elle est isolée. Quant au Parti socialiste, marginalisé et hors de ce carré politique, il ne peut se rétablir avant de s'être reconstitué, (si jamais il y parvient un jour, et les quelques personnalités qui seront élues, souvent en désaccord entre elles, ne suffiront pas à sauver le parti de la déroute).

D'un scrutin de contestation ?
Dans cette hypothèse, s'exprimeraient diverses oppositions irréductibles contestant l'élection même d'Emmanuel Macron. Il en est parmi les votants et les non-votants. On les retrouve parmi les votants qui ont choisi un bulletin blanc, comme parmi les votants qui n'ont voté Macron que pour être sûrs d'éliminer Marine Le Pen, parmi les électeurs de la droite la plus dure qui ne voient en Macron que la créature de Hollande, parmi les anti-capitalistes qui considèrent que La république en marche n'est que l'alliance de tous les libéraux « relookés »...etc. Serait-elle majoritaire, cette opposition constituée de forces juxtaposées et non coordonnées ne peut l'emporter.

Voire d'un scrutin de revanche ?
Il n'est en réalité que deux sensibilités qui espèrent encore prendre leur revanche : Les Républicains qui ont perdu l'élection qu'ils ne pouvaient pas perdre et ne le supportent pas, d'une part, et La France insoumise qui a soulevé des foules, qui s'est préparée à gouverner et qui n'y renonce pas, d'autre part. Cela peut conduire à une absence de majorité présidentielle mais pas à la paralysie de l'État (sans compter que le Président dispose de l'arme de la dissolution, si besoin était.

2 – La vie politique n'est plus déterminée totalement par des élections, mais il faut s'en servir.
Depuis que le pouvoir échappe largement aux élus, au bénéfice des grandes entreprises ou des banques, bref de ce que François Hollande ou même François Bayrou appelaient « les puissances d'argent », c'est entre deux élections que se passent les événements qui pèsent sur la vie des citoyens. Il n'y a pas de démocratie politique s'il n'y a pas de démocratie économique. Le partage des biens fait partie des exigences de l'égalité, non pour installer un égalitarisme factice mais bien pour éviter fermement de multiplier et d'élargir les inégalités.

Nous en sommes là : tout tenter pour ruiner les projets inégalitaires. À force de présenter Emmanuel Macron comme un moindre mal, on nous a fait oublier qu'il est l'homme qualifié, compte tenu de ses compétences, pour conduire la France vers un néo-libéralisme sophistiqué. Il est de ceux qui pensent et font penser que plus les riches sont riches moins les pauvres sont pauvres ! La croissance des uns ne fait pourtant pas le bonheur des autres. Le capitalisme ne peut organiser le partage des richesses ; il les accumule et les conserve. Avant et après les élections ceux qui pâtissent le plus de la froide logique des marchés, n'ont point d'autre choix que de lutter contre ceux qui éliminent, sans vergogne et sans hésitation, les emplois devenus inadaptés. Que ce soit chez Tati, GM&S ou ailleurs, c'est partout pareil : ce qui ne rapporte pas assez doit être abandonné et, si nécessaire, les employés avec ! Ce qui n'est pas rentable doit disparaître. Cette logique brutale conduisant à une guerre sans merci faite aux sous qualifiés, aux « trop cher payés », aux trop vieux, aux indociles, n'a jamais vraiment cessé depuis deux siècles.

Nous nous dirigeons donc vers des conflits durs qui seront impitoyablement réprimés. Le bras armé est du côté des nantis et la police obéit aux ordres plus qu'à la conscience des esprits éveillés. Pourrons-nous éviter cette épreuve ? La raison nous en fait douter ... La retarder, alors ? Peut-être, si nous installons un contre-pouvoir plus que symbolique au Parlement. C'est tout l'enjeu des législatives. La « petite fenêtre », entr'ouverte durant la courte période électorale de l'élection prochaine, ne laissera passer que les plus déterminés, les plus courageux et ceux qui n'ont plus rien à perdre. Je vois mal qu'on puisse trouver ces lutteurs en assez grand nombre ailleurs qu'au sein de La France insoumise, quels que soient les défauts et les insuffisances de ce mouvement. J'estime donc que le soutenir est, actuellement, la seule solution qui reste à ceux qui veulent résister et changer ?

3- Les partis en déshérence (en tout ou...partie !) en appellent à l'unité. C'est un peu tard !
Il n'est pas niable qu'unis on est plus fort, mais vouloir monter dans le seul esquif qui n'a pas coulé, avec armes et bagages, et en revendiquant de faire partie de l'équipage aux postes de direction me semble un peu … irréaliste. Ce qui vit encore au sein du PS, les écologistes toujours encartés d'EELV, les communistes qui ne cherchent pas que leur réélection, doivent être accueillis, certes, mais sur la base d'un projet politique qu'il n'est plus temps de rediscuter. La sagesse exige l'union mais sans conditions préalables et dans le respect d'une orientation social-écologique telle que celle que Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon l'avaient exposée. Il y a pire que la désunion : c'est la confusion qui altèrerait toutes les chances qui subsistent.

Que, d'ici le 11 juin, les rapprochements se fassent dans ce qui fut la gauche, qui aura à se renommer un jour et à se régénérer au plus tôt, ce serait une grande joie pour ceux qui espèrent en un sursaut politique d'urgence. Soit ! Mais à une condition : ne perdre ni son énergie ni sa dignité dans des tractations qui ne peuvent plus que déconsidérer ceux qui s'y lanceraient.


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