Vers
le deuxième tour des présidentielles
Le
point au 1er mai 2017. Note 53.
par
Jean-Pierre Dacheux
Nous
continuerons d'analyser l'évolution de la situation politique. Aux
notes antérieures, datées, numérotées et modifiables,
s'ajouteront les suivantes jusqu'au 6 mai et sans doute au-delà car
la lecture complète des présidentielles ne s'effectuera qu'après
les législatives. Fin juin 2017, nous regrouperons, en un seul et
même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour
effectuer cette activité politique chronologique.
Que
d'enseignements cette campagne électorale hors normes nous aura
apportés ! Chaque jour qui passe amène ou sa surprise ou un
apport inattendu qui donne à penser.
1
- Edwy Plenel nous alerte à son tour.
Après
Nicolas Hulot, c'est le tour d'Edwy Plenel. Les deux hommes nous
rappellent que nous n'allons pas sortir d'une conjoncture politique
difficile mais y entrer. L'un, Hulot, souligne cette évidence qui
nous est cachée : les deux questions universelles et majeures
qui vont s'imposer, c'est l'extrême urgence écologique et l'ampleur
insupportable des inégalités. L'autre, Plenel, démontre que le
désastre pour la France est proche et qu'il est grand temps d'écarter le péril nationaliste qui conduit à la guerre
(civile et externe.)
Nous
voici d'accord avec leurs diagnostics. Faut-il, pour autant, comme
eux, nous en remettre à Macron pour échapper à ces périls ?
Il nous est rabâché : il n'y a pas d'autre choix ; il
faut d'abord écarter Le Pen et le FN et donc voter
Macron. Nous voici tellement dépendants d'un système électoral
majoritaire et bipolaire qu'il n'y aurait plus de voie autre que
celle qui nous impose de passer par où nous ne voulions pas aller !
2 - Y a-t-il un risque réel d'élection de Marine Le Pen ?
Tout
repose sur une appréciation des rapports de force au doigt mouillé :
ou il y a un danger d'élection de Marine Le Pen ou il n'y en a pas.
Ceux qui ont peur sont prêts à tout pour éviter l'arrivée du FN à
l'Élysée. Ceux qui veulent davantage (détruire les causes mêmes
du succès du FN) pensent que les 65% de Français qui n'ont voté ni
le Pen ni Macron au premier tour auraient quelque chose à dire si on
leur laissait la possibilité de le dire. Mais le fait est que cette
possibilité n'existe pas : les institutions de la Vème République et surtout son organisation électorale l'interdisent !
C'est
là que la mise en cause politique de Mélenchon qui voulait, comme
Hamon, en finir cette fausse République, commence à faire question.
Le leader de la France insoumise, qui n'est pas un novice en
politique et à qui l'on peut adresser des reproches du fait de sa
personnalité solitaire, n'en est pas moins clair et lucide. Il ne
croit pas une seconde au danger actuel du FN mais il est
convaincu que, sans éradication des politiques qui l'entretiennent,
nous nous retrouverons confrontés, encore et encore à ce
nationalisme outrancier.
« Une
règle s’imposera, Mesdames et Messieurs : le nationalisme, c’est
la guerre »
avertissait Mitterrand, lors de son
dernier discours de Président en exercice, devant le parlement
européen, le 17 janvier 1995, un an avant sa mort ! Or cet
avertissement nous ne l'avons pas entendu car le nationalisme, la
France le porte en elle depuis bien longtemps et l'entretient. Le
Front « National »
s'en est saisi et s'en nourrit. Y mettre fin ne se fera pas sans un
bouleversement politique institutionnel que Macron est incapable
d'accomplir ne fut-ce qu'à cause de tous ceux dont il s'est
progressivement laissé entourer afin de triompher.
Quand
on se fie à sa propre analyse, on n'est pas sûr d'avoir raison,
mais mieux vaut suivre son chemin que celui qui apparaît tout tracé.
À la réflexion, j'estime qu'il n'y a pas de risque réel d'élection
de Marine Le Pen. Il sera déjà assez douloureux de la voir
atteindre peut-être, voire dépasser, les 40% !
3
- Peut-on encore sortir du blocage institutionnel de la Vème République ?
Cette
question, dont tout dépend, sera-t-elle enfin posée à l'occasion
des législatives ? On voudrait le croire. Toujours est-il que
Mélenchon, qu'il réussisse ou échoue, est le seul à pouvoir
réunir les forces capables de rendre le sujet incontournable.
Pourquoi alors est-il tellement discrédité ? Parce qu'il
aurait failli en ne s'alignant pas sur la longue liste des partisans
de Macron ou bien plutôt parce qu'on craint qu'il ne réussisse
en juin, à changer la règle du jeu ?
La
difficulté tient toujours, en politique, à cette contrainte : ce
n'est pas avec celui qui est sans reproches qu'on doit avancer. Je le
dis donc sans détour : il importe de fixer sa priorité avant
de s'associer avec l'organisation qui peut la faire progresser.
Mélenchon est apparu faible, le soir du 23 avril, tant sans doute
était grande sa déception. Il porte ce moment de défaillance comme
un fardeau. Faut-il lui en vouloir au point de se détacher de lui en
tant que porte-parole de ce qui reste de la gauche présentable ?
Ma réponse est non. Nous avons besoin de lui avec ses qualités et
ses défauts. On peut suivre (un moment) Mélenchon sans être
« mélenchonniste » !
Il
veut et toute La France insoumise avec lui, changer la
Constitution, débloquer la République que beaucoup savent parvenue
au terme de sa cinquième phase historique. Le besoin d'un tel
renouveau est si grand, si urgent qu'il faut jusqu'au bout en
rechercher la possibilité même si les obstacles restent très
élevés. Ce n'est pas la priorité de Macron qui devra son élection
à cette opportunité électorale qui a additionné les avantages de
la loi majoritaire et les déconvenues récentes des
personnalités-phares de cette période bouleversante : de
Sarkozy à Hollande, en y ajoutant Fillon, Valls et quelques
autres... En voulant renverser le chaudron, Mélenchon a-t-il joué
les apprentis sorciers ? Eh bien, je ne le pense pas. Il a eu le
courage d'oser et tant que restera ne fut-ce qu'entr'ouverte la porte
qui donne sur une France sociale et écologique, je ne lui enlèverai
pas mon soutien, fut-il faible et lointain.
Ce
n'est pas un premier Mai qu'on se résigne et qu'on se trahit
soi-même. Cet anniversaire commémore les luttes historiques et
parfois ensanglantées des travailleurs victimes de l'empire des
puissants et des riches. À quelques jours du verdict électoral
présidentiel, il faut continuer à suivre la voie du changement
effectif qui reste visible à condition de porter loin le regard et
de ne pas s'incliner devant les fausses évidences. Nous
n'abandonnerons pas cette quête le 7 mai au soir, quoi qu'il arrive.
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