À
l'approche du deuxième tour des présidentielles
Le
point au 2 mai 2017. Note 54. À J-5.
par
Jean-Pierre Dacheux
Nous
continuerons d'analyser l'évolution de la situation politique. Aux
notes antérieures, datées, numérotées et modifiables,
s'ajouteront les suivantes jusqu'au 6 mai et sans doute au-delà car
la lecture complète des présidentielles ne s'effectuera qu'après
les législatives. Fin juin 2017, nous regrouperons, en un seul et
même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour
effectuer cette activité politique chronologique.
Au
cours de cette campagne électorale, nombre de personnalités
politiques parmi les plus connues, se sont trouvées, dès les
primaires organisées par les partis, éliminées, écartées, ou se
sont mises en retrait. Le premier tour des élections a élargi ce
processus si bien que les partis traditionnels, piliers jusqu'alors
des institutions de la Ve République, ont été brisés,
aucun de leurs candidats n'ayant accédé au second tour. Ce
« lessivage » doit être observé avec soin.
1
- Les primaires n'ont pas pesé sur l'issue du scrutin. Pire, elles
ont créé des illusions. Cependant, elles ont révélé des
contradictions et des faiblesses dont il va, à présent falloir
tenir compte.
•
La
primaire ouverte de la droite et du centre,
organisée les 20 et 27 novembre 2016, principalement par le parti
« Les Républicains », a abouti à l'élimination, au
premier tour, d'Alain Juppé, et de Nicolas Sarkozy puis,
à l’issue du second tour, à la nette victoire de François
Fillon.
Le
candidat Fillon, à qui la présidence de la République semblait
alors promise, n'en a pas moins été disqualifié, le 23 avril et la
droite « officielle » s'est retrouvée écartée de la
compétition finale.
• La
primaire citoyenne ouverte aux acteurs de « la Belle Alliance
populaire », organisée les 22 et 29 janvier
2017, afin de désigner le candidat du PS et de ses alliés a abouti
à l'élimination, au
premier tour, de Manuel Valls, de Vincent
Peillon et d'Arnaud Montebourg puis,
à l’issue du second tour, à la nette victoire de Benoît Hamon.
Le
candidat Hamon, abandonné et trahi par les siens, n'en a pas moins
été disqualifié, le 23 avril et la « gauche « officielle »
s'est retrouvée écartée de la compétition finale.
• La primaire
de l'écologie
s'est déroulée en octobre et novembre 2016 pour désigner le
candidat
d'Europe
Écologie les Verts (EELV).
Organisée
par internet elle a abouti à l'élimination, au premier tour, de la
favorite, Cécile Duflot, puis, à l’issue du second tour, à la
victoire deYannick Jadot qui, ayant lié son
sort à celui de Benoît Hamon a été, de fait, exclu de la
compétition, lui-même et son parti.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Primaire_fran%C3%A7aise_de_l%27%C3%A9cologie_de_2016
• Les
candidats sans parti, qui se sont exonérés du passage par les
primaires ont atteint leur objectif : Emmanuel Macron, en
situation très favorable sera, sans doute, Président de la
République. Jean-Luc Mélenchon a réalisé un score qui a permis à
la gauche rénovée d'exister encore et de préparer l'avenir. Les
« petits candidats » ayant obtenu moins de 2% des
suffrages n'ont pas pesé sur le résultat final mais leur apport ne
fut pas totalement négligeable.
• En
fait de lavage ou de lessivage de l'espace électoral, ce fut un
véritable essorage ! Le mode de scrutin retenu pour les
primaires était la copie du mode de scrutin en usage, depuis 1965
pour désigner le Chef de l'État. Les primaires, inefficaces, ont
entamé un processus imprévu : nombre de candidats ont été
purement et simplement « sortis » de la vie politique.
Les prochaines législatives verront disparaître aussi des députés
qui ne se représenteront pas, et non seulement à cause de la mise
en œuvre de la loi sur le non-cumul des mandats mais parce qu'ils
auront perdu les références partidaires qui leur permettaient de se
faire réélire. Quoi qu'il arrive, dans les semaines et mois à
venir, le paysage politique, totalement nettoyé, ne sera plus jamais
le même.
2
– Peut-on, sans changer la République et ses institutions changer
d'univers politique ?
Voilà
qui ressemble à une quadrature du cercle ! Suffit-il de ne changer
que le personnel ? Ceux qui se sont rangés derrière Macron
vont-ils se contenter de le suivre sans mot dire, sans rien demander,
sans exiger le prix de leur ralliement ? Après « la
trouille des électeurs », affolés par la montée de Marine Le
Pen, va-t-on assister à un énorme « ouf » de
soulagement et à une retombée des exigences démocratiques ou, au
contraire, va-t-on voir apparaître, notamment dans les jeunes
générations, une volonté plus forte de participation à la
décision publique ? À quoi s'ajoute l'exigence de ne pas
rechuter dans les mêmes ornières, au risque de se retrouver, en
2022, avec une nouvelle progression du Front National et une
candidature Le Pen-ter ?
Les
élections législatives vont nous réserver de nouvelles
surprises quand vont se chercher :
• Une
majorité présidentielle complexe avec :
-
Un nouveau « parti du Président » mais composé de qui
et de quoi en termes d'actions ?
-
Le retour du parti « les Républicains » mais sous quelle
égide avec quels leaders ?
-
La relance d'un parti ex-socialiste franchement social-libéral ?
• De
nouvelles oppositions, avec :
-
L'entrée du FN au Parlement, à droite de la droite, mais à quel
niveau ?
-
Un mouvement de gauche écolo-social autour de la France insoumise,
incluant ou non le PCF et EELV, voire une partie de l'ex PS ?
-
Des opposants non identifiés encore qui ont voté Macron seulement
pour éviter le FN ?
Si
la logique présidentialiste ancienne l'emporte, le nouveau Président
aura une majorité pour gouverner. Mais, dans le même cadre
institutionnel, est-ce si sûr, cette fois, ?
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