Les
législatives, inséparables des présidentielles
Le
point au 26 mai 2017. Note 71 à J-15 et J-22.
par
Jean-Pierre Dacheux
Nous
continuons d'analyser l'évolution de la situation politique. Aux
notes antérieures, datées, numérotées et modifiables,
s'ajouteront les suivantes jusqu'au 18 juin. La lecture complète du
résultat des présidentielles ne s'effectuera qu'après les
législatives. Fin juin 2017, nous regrouperons, en un seul et même
document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer
cette activité politique chronologique.
Elle
est bien discrète cette campagne des législatives, en tout cas sur
les grands médias pour qui « la messe est dite »... Et
si nous allions fouiller dans les troncs de l'édifice électoral
pour voir ce qui s'y trouve ?
1
– Perdre les élections, pour les grands partis traditionnels qui
« tenaient » ou « détenaient » le pouvoir
(et les sous... !), c'est courir à la ruine.
Au-delà
du recul des idées dont ils s'étaient fait, hier, les défenseurs,
et dont ils ne se pré-occupent plus, le PS et les « Républicains »
se débattent dans une contradiction : comment régresser,
puisque c'est inévitable, sans trop y perdre ? Y perdre quoi ?
Des ressources d'abord. Dans l'écurie politique « macronienne »,
il n'y a pas d'avoine pour tous les chevaux (jeunes étalons et
chevaux de retour). Cela s'est passé en quelques semaines, en ce
début 2017 mais avait été préparé depuis longtemps, depuis des
mois et de mois : il n'y a pas de place pour tous les caïmans mâles
dans le même marigot. Les libéraux de toutes obédiences devront
s'entendre sur les clefs de financement : beaucoup pour les
vainqueurs, un peu pour les vaincus, fusent-ils des ralliés
d'aujourd'hui ou de demain.
2
- Depuis 1988, un financement public des partis et groupements
politiques est prévu, en fonction des résultats aux élections
législatives et du nombre de parlementaires. C'est dire l'importance
pratique de la prochaine élection des 11 et 18 juin.
Une
information détaillée, avec un tableau comparatif très
révélateur, est fournie par Wikipedia. :
Les
citoyens ne connaissent pas, le plus souvent, les règles du
financement public des partis et groupements politiques ainsi que
leurs effets sur la vie politique et donc sur la campagne électorale.
Nous croyons devoir en rappeler l'essentiel :
Le
montant des crédits inscrits dans le projet de loi de finances de
l’année pour être affecté au financement des partis et
groupements politiques est divisé en deux
fractions égales.
- une première fraction est destinée au financement des partis et groupements en fonction de leurs résultats aux seules élections législatives (pour les candidats ayant obtenu chacun au moins 1 % des suffrages exprimés dans au moins cinquante circonscriptions).
- une seconde fraction est spécifiquement destinée au financement des partis et groupements représentés au Parlement, ( proportionnellement au nombre de membres du Parlement qui ont déclaré au bureau de leur assemblée, auquel ils sont inscrits ou rattachés.
Principaux
partis au Parlement, entre 2012 et 2017, le Parti socialiste et
« Les Républicains » (LR) étaient les destinataires les
plus importants des aides d’Etat. « Ainsi, en 2013, le
montant global versé aux partis et formations politiques de
métropole et d’outre-mer s’est élevé à 70 083 332,15 €
dont notamment : 28 480 742,50 € pour le PS ;
19 870 309,79 € pour l’UMP devenue « Les
républicains » ; 5 543 646,41 € pour le
FN ; 3 521 792,11 € pour Europe Écologie-Les
Verts ; 3 222 320,99 € pour le PCF (décret
n°2013-430 du 27 mai 2013).
Voir
l' utile complément d'informations, actualisées, consultable sur le
site du quotidien Le Monde :
3
- Les législatives servent-elles de pompe à finances !
Une
voix aux élections législatives peut entraîner un
financement pendant cinq ans d'à peu près 1,40 euro par an. On a
compté, selon la Commission nationale des Comptes de campagne,
jusqu'à 451 partis politiques, ramenés à 338 depuis 2015. La
plupart ne servent, s'ils remplissent les conditions, qu'à récupérer
un financement public au prorata du nombre de suffrages obtenus !
Ainsi un « Parti de défense de la culture du poireau »,
par exemple, s'il est dûment déclaré, s'est doté d'un mandataire
financier et tient à jour ses comptes, s'il obtient ne fut-ce que
1000 voix, pourrait toucher, théoriquement, au terme de la
législature :1,40€ X 1000 X5 = 7000€ ! En 2012, 53 partis
avaient ainsi réussi à décrocher le jackpot.
Le
député René Dosière, qui suit ce dossier depuis des années,
propose, pour obtenir le statut de parti politique, de relever la
barre à 100 candidats et 2,5% des voix politique. Dans le projet du
gouvernement préparé par François Bayrou, et relatif à la
moralisation de le vie publique, il n’en est, pour l’instant, pas
question.
4
– Il y a pire que les « magouilles » des micro-partis
trop facilement désignés comme partis : les « grands
partis », jusqu'ici riches, maîtrisaient tous les processus
électifs par leur seule domination financière. Qu'est-ce qui va
changer ?
Voici
encore une manipulation de l'opinion à laquelle les médias
apportent leur concours ! Il ne suffit pas de changer de
dominants pour changer de domination ! L'effondrement (probable) du
PS et le recul (sensible) des Républicains, changera la forme du
pouvoir libéral mais pas son fond. Dépossédés mais impuissants,
les partis traditionnels constatent qu'est sorti, de l'œuf de coucou
qu'ils ont couvé, un « drôle d'oiseau, plus gros qu'eux qui a
entrepris de les jeter hors du nid. Il n'auront plus qu'à implorer
la clémence du Jupiter préidentiel et devront même boire le calice
jusqu'à la lie, puisqu'il leur faudra exprimer leur soutien à celui
qui les ruine politiquement et financièrement.
Résumons,
sans détailler : fini, en 2017, pour le PS, les quelques 28,5
millions d'€ d'aide publique, ou pour « les Républicains (
ex-UMP), les presque 20 millions d'€ d'aide publique. Pour les
autres formations, il n'y aura pas le choix : elles aussi
menacées de recul, elles devront se compter pour tenter de sauver ce
qui peut l'être ; les ententes électorales qui ne sont pas
organisées pour assurer la survie des plus menacés ne pouvaient se
conclure. Il en est du reste de même pour les mouvements, comme La
République en Marche et La France insoumise, qui
doivent présenter le plus de candidats possible puisqu'ils aspirent
à passer de rien à une forte représentation au Parlement. Le
gâteau électoral ne pouvant ni se réduire ni augmenter, il faut
bien en priver certains convives et voilà bien pourquoi la question
politique est devenu une question d'argent. Ne cherchons pas ailleurs
la source de conflits médiatisés. Ceux qui vont perdre une grande
partie de leurs ressources, donc leurs moyens d'agir, ne peuvent que
se durcir et nous en ferons le constat avant la fin juin.
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