Les
législatives, inséparables des présidentielles
Le
point au 15 mai 2017. Note 63. À J-34.
par
Jean-Pierre Dacheux
Nous
continuerons d'analyser l'évolution de la situation politique. Aux
notes antérieures, datées, numérotées et modifiables,
s'ajouteront les suivantes jusqu'au 18 juin. La lecture complète du
résultat des présidentielles ne s'effectuera qu'après les
législatives. Fin juin 2017, nous regrouperons, en un seul et même
document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer
cette activité politique chronologique.
1
– Un secret de Polichinelle.
12h.30.
Qu'il s'agisse ou pas d'Édouard Philippe, maire LR du Havre, de
toute façon, Emmanuel Macron va désigner un Premier Ministre de
droite. À qui veut-on faire croire que ce serait pour mettre en
difficulté, voire pour faire exploser, « les Républicains » ?
La
vérité est bien plus crue : ceux qui se ressemblent
s'assemblent et les Républicains n'ont plus qu'un choix : se
soumettre ou se laisser démettre les 11 et 18 juin prochains,
puisqu'ils n'ont rien à opposer au Président de la République prêt
à faire, pour l'essentiel, leur politique. Les acharnés, plus à
droite que la droite, et qui furent souvent proches du FN, de même
que ceux qui rêvaient d'être au pouvoir sans l'avoir, en
cohabitant, vont vite comprendre que Macron joue à quelques notes
près, leur partition. Ils s'inclineront devant leur monarque.
Casser
non la droite mais son ancienne représentation et achever de casser
« la gauche » prétendument socialiste, à la dérive,
en accueillant les déviants du parti qui, soit au sein d'En
marche, soit, pour les rescapés, au sein du Parlement, pour peu
qu'ils restent sages et ne frondent plus, vont soutenir sa politique,
tel est le projet d'Emmanuel Macron, connu depuis longtemps. Ceux qui
font semblant de le découvrir sont bien hypocrites. Toutes les
nuances du spectre libéralo- économique vont pouvoir s'exprimer
mais, de ces côtés, (chez les Républicains et parmi nombre de
candidats PS privés de perspectives), il n'y aura pas d'opposition
véritable. N'ayons pas la naïveté de l'ignorer !
2
- « Et la droite et la gauche... » passé au banc de la
politique réelle.
17h.
On en saura plus demain quand sera connue la composition du
gouvernement qu'on nous annonçait restreint, paritaire, équilibré
et ouvert à la société civile. Pour le moment et avant que ne soit
résolue cette quadrature gouvernementale du cercle ministériel, on
peut constater que « la ligne Juppé » l'emporte, mais
aussi que la droite et la gauche macronienne font partie, à la
satisfaction de François Bayrou, d'une centralité, celle de
l'alliance du centre droit et du centre gauche.
Cela
ne peut satisfaire la droite de droite et la gauche de gauche, encore
moins l'extrême droite et l'extrême gauche qui ne sont pas, faut-il
le rappeler, l'ultra droite crypto-fasciste ou l'ultra gauche
trotskyste ou violente ramenées à des places qui resteront réduites
au Parlement mais pas dans zones du pays en souffrance. Autrement dit
les calculs politiciens les plus savants ne suffiront pas à assurer
au Président la maîtrise du pays. La France n'est plus gérable
comme peut l'être une entreprise. Sera-t-elle, pour autant,
insoumise ? Dans la vie sociale, oui. Dans les urnes, voire !
3
– Cette fois, c'est vrai : les élections en cours – nous
ont fait entrer dans un nouveau monde.
Nous
étions en retard de plusieurs années : repenser « la
gauche », celle que Jean-Luc Mélenchon dit être celle « des
gens », ou encore « le peuple », bute sur plusieurs
obstacles sémantiques. Depuis bien longtemps, la gauche signifiait :
le monde des petits, des exploités, des prolétaires, des
travailleurs, dont la force résidait dans leur nombre. Quand a été
perdu ce référent principal, la gauche a progressivement cessé
d'être la gauche, du moins sa capacité de réaliser des
transformations fondamentales, comme en 1936, 1945 ou 1968. Plus
encore, « La sociale », en passant de la rue (tellement
crainte !) au seul Parlement a sombré dans des compromis qui lui on
fait perdre son âme et peut-être sa raison d'être. Nous en sommes
là.
Découvrons
le nouveau paradigme, - il existe ! - permettant de parler, de
façon compréhensible par tous, des objectifs politiques
indissociables alliant la lutte contre les inégalités et la
préservation de notre cadre de vie de plus en plus menacé. Des
priorités incontestables surgissent devant tous les peuples du
monde. Elles impliquent partage et égalité entre Terriens non égaux
mais semblables, respect vigilant des sources planétaires de la vie
humaine animale et végétale, protection de l'avenir de nos enfants
et petits-enfants dépendant des bouleversements climatiques en cours
et en aggravation, choix irréversible des énergies renouvelables et
donc abandon des énergies carbonées et nucléaires... Nous savons
dans quelle direction diriger nos politiques. Le social et
l'écologique ne font plus qu'un. La gauche, quel que soit son nom
futur, c'est cela. La droite, c'est ce qui ne le veut pas, pour faire
perdurer ce qui assure profits et privilèges aux propriétaires, aux
possédants. La voie est tracée : la lutte pour la vie est
engagée. Tout le reste est subalterne et notamment les magouilles
politiciennes du moment.
C'est
sous cet éclairage qu'il faut regarder le paysage politique, à
l'approche des législatives. Le vote n'est qu'un moyen. Même
victorieux celui qui l'emporte ne peut s'assurer un avantage décisif.
Trop de paramètres, trop d'événements imprévisibles, trop
d'incertitudes donc, interdisent de déclarer la fin d'une partie
dont nous ne pouvons rester les spectateurs. Nous ne serons jamais
plus des petits soldats, citoyens d'un État dont les chefs
voudraient nous emmener ailleurs que là où nous ne voulons pas
aller. La résistance est engagée. Et pour longtemps. Sans doute
jusqu'au terme de nos vies.
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